Bien qu’ils ont déjà atteint le plateau des 100 points au classement, qu’ils pourraient s’approcher et, qui sait, peut-être dépasser les records de 62 victoires établis par les Red Wings de Detroit en 1995-1996 et de 132 points récoltés par le Canadien de Montréal en 1976-1977 et qu’ils croisent, ce soir, à New York, des Rangers en pleine reconstruction, les joueurs du Lightning de Tampa Bay ont sué un coup au cours de leur entraînement matinal au Madison Square Garden.

« Il y a énormément de talent au sein de ce vestiaire, mais il y a aussi énormément de caractère. Nous savons très bien que toute forme de complaisance pourrait être très dangereuse. On prend donc les moyens pour éviter qu’elle s’installe. Quand on pose les patins sur la patinoire, nous avons une seule chose en tête : la victoire. Et nous savons très bien qu’au-delà tout notre talent, c’est le travail qui nous permettra de réaliser ce que nous voulons réaliser », a lancé le capitaine Steven Stamkos dans un coin du vestiaire du Lightning ce matin.

Devancé par Brayden Point (36 buts) au premier rang des francs-tireurs du Lightning, Stamkos (33 buts) a atteint le plateau des 30 buts pour une sixième fois en carrière. Il est loin de sa saison de 60 buts – une production qui lui a permis de gagner le trophée Maurice-Richard en 2011-2012 –, mais le capitaine du Lightning n’accorde aucune importance à ce manque à gagner.

« Ce n’est pas facile de se rendre à 60 buts. Si un gars peut y arriver cette année ce sera Ovie (Alexander Ovechkin). Mais si tu regardes cette année-là, nous étions hors des séries. Je pouvais accorder plus d’attention à ma production personnelle. En plus, toutes les rondelles que je tirais vers le filet semblaient entrer. Je regarde où nous sommes cette année, ce que nous accomplissons comme équipe et je t’assure que les performances de mon équipe sont bien plus importantes à mes yeux que mon total de buts. Je tiens à contribuer aux succès de mon équipe, pas simplement à mousser une fiche personnelle. Et ce qui est vrai pour moi, l’est pour tous les joueurs de l’équipe », a insisté le capitaine du Lightning.

Entraîneur-chef du Lightning, Jon Cooper impute justement au leadership qui foisonne dans le vestiaire de son équipe l’assurance que toute forme de complaisance ne pourra venir s’y installer.

« La direction de l’équipe, moi et le groupe d’entraîneurs nous avons l’obligation d’établir la meilleure philosophie d’entreprise qui soit et les meilleurs plans de match possible. C’est aux joueurs ensuite de les respecter. Faites le tour du vestiaire : on a Stamkos qui est un capitaine qui a beaucoup appris de Vincent Lecavalier et de Martin St-Louis. On a Ryan McDonagh et Ryan Callahan qui ont été des capitaines. Notre leadership est très fort et ce sont nos leaders, à commencer par notre capitaine, qui s’assurent que le groupe respecte la recette. Si l’équipe dérive, on devra intervenir, mais depuis le début de l’année, ce sont les joueurs qui maintiennent le cap », a assuré Cooper qui en ensuite encensé son capitaine.

« Steven a beaucoup gagné en maturité au fil des ans. Il est un meilleur joueur, il est aussi un meilleur capitaine. Nous avons tous progressé en tant qu’équipe au fil des ans. Je suis un meilleur coach, nos gars ont une meilleure compréhension de qui ils sont de ce qu’ils doivent accomplir. Steven est un grand leader. Et lorsqu’il prendra sa retraite, il aura contribué à former d’autres bons leaders qui le remplaceront », a ajouté Cooper.

Vote de confiance

Perché tout en haut du classement général, le Lightning n’a rien fait pour renforcer son équipe avant que le couperet ne tombe sur la période des transactions.

Cette décision du directeur général Julien Brisebois a d’ailleurs été très bien accueillie dans le vestiaire.

« On n’entendait pas grand-chose du côté des rumeurs. Le nom de Wayne Simmonds a circulé un peu, mais nous sommes contents de voir que la direction nous a fait confiance. On joue du gros hockey. On forme une très bonne équipe, mais on a aussi une belle chimie au sein du groupe. On sait qu’il reste beaucoup à accomplir. On ne veut pas revivre ce qui nous est arrivé l’an dernier – défaite aux mains des Capitals de Washington en finale d’association –, mais en plus d’avoir des vedettes qui jouent très bien et d’avoir un gardien qui est très bon, on a aussi plus de profondeur qu’avant », a indiqué le Québécois Alex Killorn qui évolue au sein d’un des meilleurs troisièmes trios de la LNH à la gauche d’Anthony Cirelli et de Yanni Gourde qui patrouille le flanc droit.

À titre de capitaine, Stamkos tient à préciser que si la direction a décidé de ne pas bouger cette année, c’est en grande partie parce que les acquisitions de l’an dernier nous donnent des résultats concrets encore cette année. « Regardez McDonagh : c’est un véritable mur en défensive pour nous. Il a maintenant une saison complète avec nous. Il connaît mieux l’équipe. Il comprend mieux ses coéquipiers. On retire encore les bénéfices de son acquisition de l’an dernier », a expliqué le capitaine.

En plus de McDonagh, le Lightning a acquis J.T. Miller à la date limite des transactions l’an dernier. Il avait aussi obtenu, au cours de la saison morte, le jeune défenseur Mikhail Sergachev – en retour de Jonathan Drouin qui est passé au Canadien – qui a une saison de plus d’expérience à son actif.

« De toutes les équipes qui ont bougé au cours des dernières semaines ou qui n’ont rien fait, une seule va gagner la coupe Stanley. Ça ne veut pas dire qu’une seule équipe pourra se vanter d’avoir pris les bonnes décisions. Mais quand tu prends des décisions qui auront des impacts importants, tu dois voir ce que ces décisions te donneront à long terme. Ça n’a pas payé l’an dernier, mais ça paye cette saison et ça payera peut-être davantage plus tard. On verra en juin. Mais comme équipe, nous n’avions aucune raison de bouger cette année sur le plan des transactions », a ajouté Cooper.

Pièges du calendrier à éviter

Parce que ses joueurs n’avaient pas patiné hier alors qu’ils ont effectué l’envolée vers New York, parce qu’ils ne patineront sans doute pas demain (jeudi) à Boston où ils croiseront les Bruins dans le cadre d’un deuxième match en deux soirs, l’entraîneur-chef Cooper n’a pas hésité à pousser ses joueurs un peu plus ce matin.

Surtout que Cooper sait qu’en dépit le net avantage apparent qui favorise son équipe aux dépens de l’adversaire de ce soir, les Rangers pourraient causer toute une surprise.

« C’est vrai que les Rangers ont échangé plusieurs bons joueurs. Mais il en reste de très bons aussi avec Zibanejad (Mika), Kreider (Chris), Vesey (Jimmy) et Buchnevich (Pavel) pour ne nommer que ceux-là. Mais nous sommes dans la LNH. Tous les joueurs sont bons. Ceux qui viennent de monter pour remplacer ceux qui sont partis ont des choses à prouver. Ils veulent saisir leur chance. Nous avons encore de gros adversaires à croiser d’ici la fin de la saison, mais les matchs comme ceux de ce soir sont tout aussi importants et dangereux », a mentionné l’entraîneur-chef du Lightning.

Pour garder ses joueurs en alerte, Cooper peut puiser dans leurs souvenirs en leur rappelant la saison 2016-2017. Aux prises avec des blessures et une équipe qui a joué en deçà des attentes, le Lightning affichait un dossier de 22-24-6 après 52 matchs. Il a complété la saison avec six revers seulement en temps réglementaire (20-6-4) lors des 30 derniers matchs.

« On parlait de nous comme d’une équipe assurée de rater les séries. Nos adversaires nous ont peut-être alors moins pris au sérieux. Pourtant, on s’est mis à gagner et à gagner et nous avons raté les séries de très peu. Ce soir contre les Rangers et plusieurs fois encore d’ici la fin de la saison, nous croiserons des clubs qui sont exactement où nous étions il y a deux ans. Nos gars s’en souviennent », a assuré Cooper.

Ses joueurs se souviennent aussi et surtout de leur élimination en finale d’association le printemps dernier.

« On ne veut pas revivre ça cette année. C’est une des raisons pourquoi nous sommes si concentrés encore cette année malgré les succès. Tous les détails sur lesquels on travaille quotidiennement sont reliés à ça. Éviter de revivre ce qu’on a vécu l’an dernier. Avec nos leaders et notre groupe d’entraîneurs, les messages sont clairs. On fait de la vidéo tous les jours. On s’entraîne fort pour améliorer tous les aspects du jeu. Parce qu’en dépit notre fiche, on n’a jamais disputé de match parfait. Cette attention apportée aux détails nous garde humbles face aux succès. C’est important de garder les pieds bien sur terre et de réaliser qu’on n’a encore rien gagné », a poursuivi le Québécois Gourde.

Bien que Cooper respecte les Rangers de New York et les autres formations déjà éliminées qui vont jouer avec l’énergie du désespoir et peut-être surprendre son équipe, il doit aussi porter une attention à des adversaires plus forts, du moins statistiquement, que son équipe croisera souvent d’ici la fin du calendrier.

Le Lightning croisera les Bruins de Boston et les Capitals de Washington trois fois chacun et les Maple Leafs de Toronto à deux reprises au cours des 18 dernières parties de la saison. Les Jets de Winnipeg feront escale à Tampa et le Lightning visitera Saint Louis. Voilà dix parties assez relevées qui attendent le Lightning qui jouera 10 de ses 18 dernières rencontres sur la route.