LAS VEGAS – Rien ne va plus à Las Vegas où les Golden Knights ont perdu 5-4 aux mains des Sénateurs d’Ottawa vendredi encaissant du coup un troisième revers consécutif.

 

Lancer que rien ne va plus avec les Golden Knights est certainement un brin exagéré : des trois revers encaissés cette semaine, un l’a été en prolongation. C’est également la troisième fois seulement cette saison, la première depuis le 1er décembre dernier, que les Golden Knights perdent trois fois de suite. Sans oublier qu’en dépit ces trois revers, Vegas occupe toujours le premier rang de la division Pacifique avec 87 points, 8 de plus que leurs plus proches rivaux les Sharks de San Jose qui ont disputé un match de plus, deuxième dans l’Association Ouest derrière les Predators de Nashville et troisième au classement général.

 

Et comme si ces statistiques n’étaient pas assez rassurantes, il est impératif de souligner que c’était une fois encore le party dans les gradins du T-Mobile Arena vendredi soir. En troisième période, alors que leurs favoris tiraient de l’arrière par un but, les fans ont fait quoi vous pensez? Ils ont chahuté leurs favoris pour signifier leur impatience de les voir tirer de la patte contre un adversaire qui ne devait pas faire le poids? Jamais de la vie! Ils ont fait la vague. Rien de moins.

 

Croisés à l’extérieur de l’amphithéâtre une petite heure après la fin du match, des fans des Knights échangeaient des politesses avec quelques-uns des nombreux fans des Sénateurs – ils devaient être entre 1 000 et 1 500, comme quoi Las Vegas semble moins loin que Kanata du centre-ville d’Ottawa lorsque vient le temps d’aller encourager les Sénateurs – qui avaient fait le voyage dans la capitale du jeu pour l’occasion. « Bravo pour la victoire. Vous êtes vraiment venus d’Ottawa pour le match. Amusez-vous et profitez de Vegas », que les fans aux chandails vert et or lançaient aux fans de rouge vêtus.

 

Disons que cela faisait changement de Boston ou Philadelphie où les partisans des équipes qui viennent affronter les Bruins ou les Flyers courent après les insultes et les taloches à l’intérieur et aussi à l’extérieur du TD Garden et du Wells Fargo Arena s’ils osent célébrer une victoire de leurs favoris en terrain hostile. Pas convaincu que les fans des Sens qui chantaient des « Pageau! Pageau! Pageau! » en rentrant vers l’hôtel quelques bières à la main – oui oui, à Vegas vous avez le droit de boire dans les rues – auraient eu les célébrations aussi faciles à Boston ou Philadelphie. Une autre bonne raison de faire le voyage vers Vegas pour épauler son club sur la route…

 

En dépit des statistiques rassurantes et de l’attitude bon-enfant de leurs partisans, Gerard Gallant et les joueurs croisés après la défaite affichaient des mines détruites. Et il ne fallait surtout pas leur rappeler l’année sensationnelle qu’ils connaissent jusqu’ici pour tenter d’apaiser le poids de cette séquence « difficile ».

 

« Ne cherchez pas à trop analyser ce revers. On a perdu parce que nous avons été complètement dominés au chapitre du travail. Ce ne sont pas nos erreurs d’exécution ou notre niveau de talent qui est affecté par l’absence de quatre réguliers – James Neal ratait un deuxième match de suite, Pierre-Édouard Bellemare n’a pas joué depuis la commotion subie lors de la visite du Canadien (six matchs) alors que les défenseurs Luca Sbisa et Nate Schmidt ont aussi déclaré forfait vendredi – qui sont en cause. C’est l’effort. Nous sommes une équipe qui a connu du succès depuis le début de l’année en travaillant plus fort que nos adversaires à chacune des présences sur la glace. Ce soir, nous avons un trio qui a joué. Un seul qui a travaillé. Le reste de l’équipe a regardé l’autre club patiner et c’est l’équipe qui le méritait le plus qui a gagné », a indiqué Gerard Gallant.

 

Un bon moment pour s’ajuster

 

Quant au fait qu’il vaut mieux pour son équipe de traverser une passe difficile à ce moment-ci du calendrier régulier au lieu de le faire à l’aube des séries où un passage à vide sera fatal, l’entraîneur-chef des Knights n’y voyait pas une grande source de consolation.

 

« Les messages des coachs sont peut-être écoutés davantage après un rappel à l’ordre comme celui de ce soir. Mais honnêtement, je ne devrais même pas avoir à parler avant le prochain match. Si nous avons le leadership suffisant dans le vestiaire, les correctifs viendront des joueurs. Car je le répète, ce n’est pas une question de plan de match ou d’exécution, c’est simplement une question d’effort. Pas de notre premier trio. Mais du reste de l’équipe », a ajouté Gallant qui profitera d’un allier pour relancer son équipe : le calendrier.

 

« Je déteste les excuses. Surtout que rien ne peut excuser notre performance de ce soir. Mais je déteste les longues séquences à domicile. On est ici depuis plus de deux semaines – les Knights viennent de disputer neuf de leurs 10 derniers matchs au T-Mobile Arena dans le cadre d’une séquence amorcée le 11 février – et je suis très heureux de reprendre la route», a réagi Gallant.

 

Les Golden Knights seront au New Jersey dimanche avant de faire des escales à Columbus, Detroit, Buffalo et Philadelphie. Seul ennui pour Gerard Gallant, son équipe reviendra ensuite à Vegas pour une autre longue séquence de huit matchs sur dix à domicile.

 

Fleury déçu

 

En quête de sa 22e victoire de la saison et de sa 397e en carrière, Marc-André Fleury était déçu après la rencontre. « Nous n’avons pas joué notre hockey habituel, mais j’ai quand même donné cinq buts. Ça n’a pas d’allure », a réagi le gardien québécois.

 

En dépit des cinq buts accordés – c’était la deuxième fois seulement cette saison alors qu’il n’a accordé plus de trois buts dans un même match qu’à trois reprises en 32 parties – Marc-André Fleury a réalisé plusieurs arrêts difficiles aux dépens des Sens qui ont cadré 38 des 60 tirs décochés.

 

« J’ai fait quelques bons arrêts, mais je me suis fait prendre sur l’échappée de Ryan qui m’a passé la rondelle entre les jambes alors que j’étais certain qu’il allait dans la lucarne. Je me suis aussi fait avoir par un tir qui m’a touché au bras – but de Matt Duchene – en avantage numérique. On a montré du caractère en revenant de l’arrière avec deux buts en troisième, mais quand tu accordes cinq buts tu ne peux pas être content de ta performance », a poursuivi Fleury.

 

Jonathan Marchessault était loin de blâmer son gardien pour la défaite. Très loin. « C’est indécent d’avoir abandonné Flower comme on l’a fait ce soir. On avait trois tirs après la première période. Trois! On a marqué deux fois sur ces trois tirs, mais ça n’a pas de sens de se contenter de jouer aussi mollement qu’on l’a fait. C’est inexcusable. On vient d’en perdre trois de suite. Il faut réagir et vite », a poursuivi le Québécois.

 

Smith : une vraie étoile

 

En colère après la défaite de vendredi, Jonathan Marchessault était beaucoup plus élogieux et loquace à l’entraînement de jeudi lorsque je lui ai demandé de commenter la sélection de son compagnon de trio Reilly Smith à titre de troisième étoile du dernier mois dans la LNH.

 

Fort d’une récolte de 20 points (huit buts) en 14 matchs, Smith a marqué le premier but du match vendredi en plus d’ajouter une passe, ce qui lui donne 22 buts et 60 points cette saison.

 

« Reilly est à sa place parmi les étoiles de la LNH. C’est une très bonne chose qu’il reçoive un tel honneur parce qu’il passe beaucoup trop sous le radar à mes yeux. C’est lui notre meilleur joueur. C’est lui notre leader. C’est lui qui donne le ton. Je savais qu’il était bon pour avoir vu ce qu’il faisait lorsqu’on s’est retrouvé ensuite en Floride, mais il est vraiment dans une classe à part », défilait Marchessault.

 

S’ils ont été coéquipiers avec les Panthers, Marchessault et Smith n’ont toutefois pas joué ensemble. Depuis qu’ils ont été réunis à Vegas, Marchessault (22 buts, 65 points), William Karlsson (35 buts, 59 points) et Reilly Smith forment l’un des meilleurs trios de la LNH jusqu’ici cette année.

 

À l’entraînement jeudi, les trois joueurs multipliaient les exercices en fond de territoire adverse. Ils s’échangeaient la rondelle en mimant des situations de jeu et en élaborant sur les stratégies à prendre pour mieux réagir face à l’opposition défensive de leurs adversaires. Ils faisaient tout ça alors que bon nombre des autres joueurs avaient déjà retraité au vestiaire.

 

Sans surprise, les membres du premier trio ont été les complices de deux des quatre buts des Knights et ils ont terminé leur soirée de travail avec un différentiel de plus-2 en dépit du revers de 5-4. Comme quoi Gerard Gallant avait bien raison de dire qu’il était satisfait du travail de son premier trio, mais pas du tout de l’effort des autres membres de son club.

 

Partis rapidement de Las Vegas après leur huitième victoire seulement sur la route cette saison (8-18-5), les Sénateurs qui ont mis un terme à une séquence de cinq revers consécutifs (0-4-1) affrontent dès samedi les Coyotes en Arizona. Ils compléteront leur virée dans le sud-ouest des États-Unis lundi à Dallas.