MONTRÉAL – Elle a déjà mérité l’or à Vancouver et à Sotchi ainsi que l’argent à PyeongChang. À 34 ans, Meaghan Mikkelson, la doyenne de l’équipe canadienne de hockey féminin, aurait pu raccrocher ses patins avec ce palmarès olympique. Bien au contraire, elle vient de les enfiler de nouveau quelques mois après avoir donné naissance à son deuxième enfant.

 

Parmi les 30 joueuses qui participent au troisième mini-camp tenu par Hockey Canada au CEPSUM en vue des Championnats du monde de 2020, Mikkelson représente une inspiration pour une autre façon que la très talentueuse Marie-Philip Poulin.

 

De plus en plus de femmes parviennent à renouer avec leur sport d’élite à la suite d’un accouchement, mais ça prend une conviction encore plus grande avec deux enfants à la maison.

 

« J’ai été chanceuse d’avoir deux grossesses en santé et deux accouchements sans complications. Ça m’a certainement aidé à y parvenir. Je me suis également assurée de demeurer active pendant que j’étais enceinte. C’était important de ne pas arrêter complètement l’entraînement. Évidemment, je dois souligner la grande contribution de mon groupe de support qui m’entoure », a confié Mikkelson en faisant référence notamment à son mari Scott Reid, un ancien gardien dans les rangs professionnels mineurs.

 

Meaghan MikkelsonLe constat peut sembler étonnant sauf que la mère d’un garçon de quatre ans et demi et d’une fillette de dix mois considère que la deuxième expérience a été plus facile.

 

« Je dois admettre que la première expérience en a été une d’apprentissage malgré toutes mes bonnes intentions. Revenir d’un accouchement, ça ne se compare pas au retour après une blessure. La période d’adaptation ne se compte pas en semaines, on parle plutôt d’une année entière pendant laquelle ton corps ne se sent plus le même. Je me sentais nettement mieux préparée la deuxième fois. Je savais ce que j’aurais aimé faire d’une manière différente la première fois. J’ai essayé d’incorporer ces changements et ce fut plus facile », a expliqué celle qui ne néglige rien sur les volets de l’entraînement et de la nutrition.

 

Il fallait tout de même une volonté de fer pour s’astreindre à cette « remise en forme » une autre fois. Même si elle hésite dans sa réponse, elle assure qu’elle a toujours été convaincue qu’elle reviendrait à son poste.

 

« Quand tu passes autant de temps loin de la patinoire et de ton équipe, tu réalises assez facilement si tu souhaites continuer ou non. Quand je regardais les filles jouer à la télévision, je sentais vraiment que je voulais être avec elles. Je ne me suis jamais sentie autant en forme dans ma carrière et je le disais justement à l’une de mes coéquipières lundi. C’est pourquoi je ne me questionne pas trop par rapport à la retraite », a maintenu la droitière avec un constat qui a été refilé à l’entraîneur-chef Perry Pearn.

 

« Elle le sait mieux que quiconque, mais je peux dire que durant nos tests physiques cet automne, elle a réussi d’excellents résultats. De plus, de ce que j’ai vu cet été sur la patinoire, on dirait qu’elle n’avait jamais arrêté de jouer (didn’t miss a beat). Elle est une athlète remarquable qui se soucie grandement de sa condition physique. L’an dernier, elle s’était très bien préparée à avoir un deuxième enfant et elle a repris le boulot rapidement après sa naissance. J’ai énormément de respect pour ce qu’elle a accompli par rapport à sa famille », a souligné Pearn.  

 

Avec le sang de compétitrice qui coule en ses veines, Mikkelson reconnaît que les déceptions vécues lors des derniers Championnats du monde (bronze) et Jeux olympiques (l’argent) ont pesé lourd dans l’équation.

 

« Je ne voulais pas finir ma carrière sur cette note. Je conserve un goût très amer en bouche à l’image de mes coéquipières. Finir avec une médaille d’or, c’est vraiment le but. Que je joue cinq minutes ou que j’obtienne un rôle plus important, ça ne m’importe pas du tout », a convenu celle qui agit comme conférencière.

 

Quand elle doit s’exiler de son domicile albertain pendant quelques jours, comme c’est le cas cette semaine, Mikkelson a le cœur plus serré. Dans sa situation, les voyages deviennent plus éprouvants.

 

« C’est difficile d’être loin d’eux et cette année, ce fut encore plus éprouvant parce qu’on a fini par voyager davantage (avec la disparition de la CWHL). Une chance que FaceTime existe! Ça vient me chercher encore plus quand je vois d’autres enfants à l’aréna. J’essaie de me voir comme des parents qui doivent être éloignés de leurs enfants à l’occasion. Je pense aux femmes militaires qui quittent la maison pendant des mois, ce n’est rien à côté de moi », a soupesé celle dont le père, Bill, a joué dans la LNH.

 

Quand elle en a la chance, elle s’assure donc d’amener ses enfants avec elle à l’aréna ce qui comble de plaisir plusieurs de ses coéquipières.

 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

We had the trip of a lifetime last weekend with our little family thanks to the Alaska Aces Alumni 🙌🏼 . For the first 6 years of our relationship, I spent my winters training and playing hockey at home then travelling to visit Scott wherever he played - Denver, Texas, Alaska, Scotland to name a few spots - I LOVED these trips and going to watch him play the game we both love. I would practice and pre-game skate with his teams and I have to say the Aces were one of the best at helping to keep me on the ice when I visited Scott. . This trip brought back so many memories of these years that now seem like ages ago. Even better, it gave our kids the chance to watch their dad play hockey. Calder was thrilled watching his dadda @scottreid33 & we created some amazing new memories as a family 👨‍👩‍👧‍👦 . It is taking us the entire week to recover (maybe we will get some rest tonight and tomorrow?!?) but it was so worth it ❤️ . To @scottreid33 I am so proud of you and the amazing career you had! What would we do without this amazing game?!? #lifers #memories

Une publication partagée par Meaghan Mikkelson (@mikkelson12) le 16 Nov. 2019 à 4 :24 PST

 

« C’est vraiment merveilleux et remarquable. Tout est plus exigeant après avoir accouché et elle est aussi bonne qu’auparavant ce qui est fascinant. En plus, elle amène parfois ses enfants à l’aréna et ça détend toujours l’atmosphère », a d’ailleurs exposé Victoria Bach, une attaquante qui sera à surveiller prochainement.

 

Sa réalité s’accompagne cependant d’un lot de défis à commencer par les transformations subies par son corps.

 

« Ton corps se sent complètement différent sur la patinoire à ce que tu étais habituée avant, ça exige beaucoup d’ajustements. Une autre chose difficile a été de continuer d’allaiter mes enfants. Si tu continues d’allaiter, avec les hormones dans ton corps, tu es plus sujette à te blesser. Je pense également aux journées de match. Quand tu es une athlète, tu es habituée d’être la priorité, mais c’est fini avec des enfants. Tu dois apprendre à composer avec tout ça sans que ça affecte ton rendement sur la patinoire », a évoqué l’athlète qui patrouille la ligne bleue.  

Mikkelson ne sait guère quoi répondre lorsqu’on lui demande de partager la réaction de ses coéquipières face à son exploit alors on a sondé Lauriane Rougeau qui joue également à la défense pour la formation canadienne.

« Peu de personnes peuvent réussir ça. Vraiment, je lui lève mon chapeau. Elle veut montrer à ses enfants qu’il n’y a pas de limites dans ce qu’on peut accomplir. C’est impressionnant et ça donne de l’espoir aux plus jeunes dans le sens qu’on peut avoir une vie à l’extérieur du hockey. Ça démontre aussi qu’on peut avoir une carrière assez longue si on fait attention, ça nous procure une lueur d’espoir », a cerné Rougeau.

Le plus important, c’est que Mikkelson ne veut pas que sa situation soit une distraction et elle n’insiste surtout pas pour leur raconter les réalités moins amusantes comme les nuits mouvementées.

« J’essaie de garder le côté moins rose à la maison, je parle surtout du positif. Je me sens juste privilégiée de pouvoir accomplir ça », a précisé Mikkelson qui aime s’ouvrir sur le sujet afin d’inspirer les autres. 

Voilà une approche qui épate son entraîneur.

« Je trouve que ça envoie un très beau message à tout le monde dans le vestiaire. D’abord, elle a dû sacrifier beaucoup pour accomplir tout ça. Mais au final, tu n’as pas besoin d’abandonner ta carrière pour fonder une famille. C’est vraiment beau puisque les femmes jouent tellement un grand rôle pour donner la vie », a conclu Pearn.