A 18 ans, Michel Goulet joint les " Baby Bulls " de Birmingham, de l'Association Mondiale de hockey et pense déjà au jour où il jouera pour les Nordiques de Québec. Son avocat à l'époque est Guy Bertrand qui prend bien soin d'inclure dans le contrat de Goulet une clause qui stipule que si les Bulls décident de l'échanger, si l'équipe cesse ses activités ou s'il y a fusion avec la Ligue Nationale, les droits sur Michel Goulet devront alors être çédés aux Nordiques.

"Plus on approchait de la date du repêchage et nous voulions une injonction pour interdire qu'une autre équipe que les Nordiques puisse repêcher Michel Goulet. Il y avait aussi une action en dommages de plusieurs millions de dollars pout toute équipe qui marauderait autour de Michel Goulet.", de dire Guy Bertrand.

"Si vous touchez à ce gars-là il ne jouera pas pour vous... et ils nous ont cru. Goulet devait sortir dans les trois premiers et au 20e rang il était encore là.", se rappelle Marcel Aubut.

Mais le duo Goulet/Bertrand ne s'arrête pas là. Toujours en empruntant la voie des tribunaux, on exige ensuite de signer un contrat en français avec la ligue Nationale ...

"Ils étaient d'accord avec le principe à condition de faire traduire le contrat. Je suis allé rencontrer le ministre de l'Éducation pour lui demander si le gouvernement accepterait de dépenser des sous pour avoir une vraie traduction par des aviseurs légaux. Nous avons obtenu une version française.", souligne Guy Bertrand.

Enfin, quelques mois plus tard, en mai 1980, Goulet s'avance sur un terrain que les athlètes évitent généralement à tout prix... la politique. En pleine campagne référendaire, en compagnie de Pierre Lacroix, Réjean Genois et quelques autres, il va monter sur la scène du Centre Paul-Sauvé, devant une foule de 6,000 personnes, au nom du comité des athlètes pour le Oui...

"Je leur disait c'est votre choix. Si vous penser que le mandat de négocier la souveraineté est bon dites "OUI". Si vous croyez que ce n'est pas bon dites "NON". Mais si vous voulez vous prononcer faites-le. Et Michel Goulet a eu ce courage que la plupart n'avait pas.", d'ajouter Bertrand.

"Je ne sais pas s'il ferait la même chose aujourd'hui. Guy avait influencé ça. Il avait Réal Cloutier et Pierre Lacroix. Il s'agissait de les convaincre et Guy était capable de faire ça. Je ne sais pas s'il pense encore comme ça aujourd'hui après avoir connu Chicago, après avoir connu tout ce qu'il a connu dans la Ligue nationale.", de dire Marcel Aubut.

"Michel a toujours été extrêmement nationaliste. C'est un gars qui aime son pays. Ça n'a pas été difficile de le faire jouer au Québec. C'était vraiment son but Il aime beaucoup son milieu. C'est un peu le Céline Dion de la chanson. Il revient toujours à ses racines...", de conclure Marcel Aubut.