« Il y a eu un moment où je me suis dit qu’il fallait que je me fasse à l’idée, que c’était terminé. » En janvier dernier, Sarah Vaillancourt ne pensait pas du tout se retrouver sur la glace de la Place Banque Scotia pour le Championnat du monde de hockey à Ottawa.

Après avoir été opérée trois fois en deux ans, l’athlète de 27 ans songeait plus que jamais à la retraite.

« J’y ai pensé très fort. Je n’étais pas capable de patiner plus vite et plus intensément qu’à 60 % de mes capacités. C’était sûr que je ne pouvais pas revenir, ni au niveau international avec le Canada, ni dans la Ligue canadienne féminine avec les Stars de Montréal. »

Résignée, Sarah décide d’appeler ses parents, alors en Floride, pour leur annoncer ses intentions.

« Je leur ai parlé de ce que je pensais. Mon père m’a dit de me donner deux autres semaines pour ne pas avoir de regrets. J’étais plutôt déçue parce que, dans ma tête, j’avais un peu lancé la serviette. »

La Sherbrookoise a malgré tout suivi le conseil de son père.

« J’ai pensé : pourquoi pas un autre deux semaines alors que j’ai fait ça toute ma vie. J’ai poussé, même si ça me faisait mal, et ç’a finalement aidé ma situation. Les choses se sont mises à mieux aller. C’est bizarre ce qui est arrivé pour être honnête. »

Des moments difficiles

Au départ, Sarah ne s’attendait pas du tout à cette traversée du désert. Soignée pour une première hernie à la fin de 2010, elle doit être opérée pour régler son problème à la hanche gauche en janvier 2012.

« Je me disais que quand je pourrais être opérée, je serais peut-être deux mois au repos et que ça irait bien par la suite. Ça m’a donné un méchant coup lorsque je me suis rendue compte que non, ça n’allait vraiment pas après l’opération. »

Les cinq années où l’attaquante a joué malgré des douleurs à la hanche ont compliqué sa réhabilitation.

« L’opération s’était bien déroulée, mais j’avais joué tellement longtemps avec une hanche blessée que j’avais des muscles dont je ne me servais même plus. J’ai dû travailler pas mal plus fort que je pensais, pendant plusieurs mois. »

Le tableau s’est assombri un peu plus à l’automne. Peu de temps après avoir recommencé à patiner, elle a dû être opérée de nouveau, pour une hernie sportive.

« J’ai vécu plusieurs déceptions, une après l’autre. Ç’a été difficile émotivement et psychologiquement. Ç’a été définitivement le plus gros défi de ma vie. »

« Je suis une personne qui ne va jamais abandonner, mais disons que là, j’ai été testée pour vrai. »

Après la pluie, le beau temps

Malgré toutes ces embûches, l’improbable s’est produit le 2 mars dernier, quand Sarah a disputé sa première rencontre en un peu plus d’un an, aidant les Stars de Montréal à l’emporter 6-2 contre les Furies de Toronto dans la Ligue canadienne féminine.

Après maintes déceptions, la Québécoise a finalement vécu de belles émotions en étant choisie par l’entraîneur de la formation canadienne, Dan Church, pour participer au Championnat du monde d’Ottawa.

« J’étais tellement reconnaissante quand les dirigeants de l’équipe me l’ont annoncé. »

Surprise, la double championne olympique n’a cependant pas volé sa sélection. « Si je n’avais pas eu l’éthique de travail que j’ai eue toutes ces années avec l’équipe, je n’aurais peut-être pas été retenue. Ils savent que je vais toujours tout donner. Je pense que ç’a pesé dans la balance. »

« Elle a prouvé sa valeur dans les Jeux olympiques et Championnats du monde précédents », a affirmé Church à la journaliste Donna Spencer de La Presse Canadienne. « Elle peut mettre la rondelle dans le but. Elle peut jouer en avantage et en désavantage numérique. »

Une bonne décision

Son jeu avec la formation nationale confirme d’ailleurs que la décision de l’entraîneur était la bonne, elle qui a marqué deux buts et amassé quatre passes en trois matchs à Ottawa.

Sarah a surtout été à l’origine des deux buts des Canadiennes en troisième période dans la victoire de 3-2 en tirs de barrage face aux Américaines.

« Contre les Américaines, ça m’a pris un petit bout avant de me sentir à l’aise avec le niveau de jeu, mais je pense que mes coéquipières aussi, rigole-t-elle. Après deux périodes, ça allait déjà beaucoup mieux et ça s’est bien terminé. »

Malgré ses années d’expérience, son retour dans l’uniforme aux couleurs de l’unifolié ne s’est pas fait sans quelques papillons dans l’estomac.

« J’essayais de contrôler mon stress. La beauté de notre sport est que c’est un sport d’équipe. La pression ne repose donc pas juste sur les épaules d’une personne. À ma première présence, j’étais nerveuse, mais ça s’est vite replacé. »

Maintenant de retour parmi les meilleures, Sarah tire une leçon des derniers mois : elle ne veut plus regarder trop loin devant.

« J’y vais maintenant une journée à la fois. C’est facile de s’emballer un peu trop vite. »