(RDS) - Le fameux plan auquel font souvent référence George Gillett jr., Pierre Boivin et André Savard n'existe plus. « Quand tu perds ton meilleur joueur, c'est certain que le plan que tu avais dressé pour relancer l'équipe doit subir des transformations importantes, souligne le directeur général du Canadien. Mais, il y a un élément incontournable, tu ne peux pas remplacer ton meilleur joueur en faisant claquer tes doigts. »

Par conséquent, à travers un camp d'entraînement qui pourrait justement avoir une influence déterminante sur ce que sera le prochain plan d'attaque de l'organisation, André Savard cherche des solutions.

Des solutions à court terme, on s'entend.

Ce qu'il ne faut pas oublier quand on dirige une entreprise sportive, c'est que le consommateur ne prêche jamais la patience, encore moins quand les résultats des dernières années n'ont qu'entraîné déception et désintéressement. Et Savard ainsi que Pierre Boivin que j'ai croisés, hier matin, au Centre Molson en sont bien conscients.

« Il faut forcément, avec l'absence de Saku, reviser tout le plan directeur que nous avions dressé, il n'y a pourtant pas si longtemps. Il faudra inévitablement se tourner vers nos jeunes joueurs et voir ce qu'on peut faire au niveau du marché de la Ligue nationale. »

Une longue réflexion

Savard et son groupe doivent tout d'abord plonger dans une longue réflexion.

Y a-t-il suffisamment de ressources parmi les effectifs pour combler la perte de Koivu ?

La réponse est non.

« Comment va-t-on colmater les brèches ? J'avoue que nous sommes très limités. »

Limités parce que le Canadien pourrait toujours faire une offre à Vincent Lecavalier ou encore à Jason Allison, mais c'est bien connu que dans le hockey d'aujourd'hui, c'est peine perdue. Tout d'abord, le Lightning de Tampa Bay et les Bruins ont clairement indiqué qu'ils égaleraient tout offre faite à leur joueur.

« Egalement, pourrions-nous, dans le cas échéant, risquer de perdre cinq choix de première ronde ? questionne Savard. N'oublions pas que nous voulons bâtir en fonction de l'avenir. »

Je n'hésiterais pas à céder cinq choix de première ronde pour Lecavalier mais c'est mission impossible.

Place à la jeunesse

Par conséquent, la porte est ouverte pour des jeunes joueurs comme Marcel Hossa, par exemple, Mike Ribeiro, Eric Chouinard de sauter sur une chance inouïe. Les prochaines semaines seront déterminantes pour Savard et son groupe. A chaque jour, chacun des jeunes joueurs sera évalué. Les analyses de multiplieront. « Pendant le calendrier des matches préparatoires, ils seront jetés dans la mêlée et à eux de nous faire voir leur talent et leur détermination. A eux de nous prouver qu'ils peuvent jouer dans un circuit de haut niveau. »

Mais ce ne sera pas suffisant pour convaincre les amateurs et les observateurs que l'éclosion d'un ou de deux jeunes joueurs entraînera l'équipe dans une éreintante bataille pour une place dans les séries éliminatoires. Déjà qu'on entretenait de sérieux doutes avec des effectifs au grand complet donc avec Koivu dans son vrai rôle de leader et de joueur de premier plan.

Savard, le premier, reconnaît qu'il doit regarder ailleurs. Il a passé au peigne fin tous les effectifs des équipes de la Ligue nationale. Y a-t-il un joueur qui pourrait changer les données ?

La réponse est non.

Discussion avec Gilmour

Ca confirme pourquoi il n'a toujours pas lancé la serviette dans le cas de Doug Gilmour, un vétéran rendu au bout de la corde. Hier, après avoir obtenu la permission de l'agent Larry Kelly, il a tenté de parler avec Gilmour. Il veut connaître quels sont les états d'âme de ce joueur de centre de 38 ans. Il veut savoir s'il a toujours le goût de la compétition et à quel prix. Dans le fond, ce qu'il cherche à faire, c'est d'acheter du temps, c'est d'insérer dans sa formation, un patineur capable d'influencer la troupe dans les moments les plus difficiles.

Il y a aussi le vétéran Adam Oates qui demande un transfert, irrité par les décisions de Ron Wilson, l'entraîneur des Capitals de Washington, qui l'a cloué au banc le printemps dernier. Pourtant, Oates n'a rien fait pour faire mentir Wilson. Il a été nul à chacune de ses présences sur la patinoire dans la série contre les Penguins de Pittsburgh.

Revenons au Canadien. André Savard ne devrait-il pas justement profiter de l'occasion pour orienter sa philosophie strictement du côté de la jeunesse. Les amateurs savent très bien qu'une participation aux séries éliminatoires va tirer du miracle sans le capitaine finlandais.

André Savard a passé, il n'y a pas si longtemps, quelques années avec une organisation qui a toujours ouvert toutes grandes les portes aux jeunes patineurs talentueux. Les Sénateurs sont devenus un exemple pour la Ligue nationale au niveau du recrutement et au niveau du développement. Une enviable réputation créée en partie par André Savard.

Pourquoi ne pas appliquer ce plan ?

Je sais. Certains diront que les Sénateurs ne font pas longs feux pendant les séries éliminatoires, qu'il y a encore de la neige sur les trottoirs quand ils rangent leur équipement.

Mais, au moins, ils participent au tournoi du printemps.