Vétéran de huit saisons dans la Ligue de hockey senior majeur du Québec, le cerbère du Prolab de Thetford Mines, Denis Desbiens, n'a pas caché sa satisfaction d'être devenu dimanche soir le gardien de but totalisant le plus de victoires en saison régulière avec 130 gains à son actif.

Contre toute attente, dans la victoire de 5-4 du Prolab en fusillade contre Pont-Rouge, il éclipsait alors la marque de 129 gains qu'il partageait jusque là avec gardien Guy Moore.

En huit saisons, Denis Desbiens a disputé 195 matchs pour 10 749 minutes de travail. Il a signé 130 victoires, 40 revers seulement et perdu 10 matchs en fusillade. Denis Desbiens a réussi 10 jeux blancs, un de moins seulement que le meneur Martin Hébert. Le nouveau titulaire du record a accordé 590 buts pour une moyenne de 3.29 buts alloués par match. Il a repoussé 5169 des 5759 lancers dirigés contre lui pour une moyenne d'efficacité de .898. Des statistiques qui ont de quoi impressionner.

Contre toute attente parce que Desbiens n'était même pas devant le but au premier vingt. «Frédéric n'allait pas bien et après la première période, il m'a demandé si je prendrais la relève. J'ai accepté parce que Frédéric serait le premier à me venir en aide dans le besoin», expliquait Denis Desbiens après son exploit.

N'étant pas du genre à jouer la carte de la fausse modestie, Denis Desbiens a reconnu qu'il était fier de son exploit. «C'est un record important. On joue au hockey pour gagner des matchs. Pour un gardien, ce sont souvent deux ou trois lancers qui font la différence. Dominer au niveau de la moyenne est aussi très intéressant, mais pas comme remporter des matchs», d'estimer Desbiens qui affirmait avec un sourire n'avoir jamais cru qu'il jouerait suffisamment longtemps pour établir un telle marque!

Effectivement, le vieux routier qu'il est a porté les couleurs du Blizzard de Saint-Gabriel, avec lesquels il a remporté la coupe Futura, pendant deux saisons, celles de Pont-Rouge, qu'il a conduit une fois en finale, pendant également deux campagnes, et il en est à sa quatrième saison avec le Prolab.

«Ce n'est pas tout d'avoir duré huit ans, mais il m'a fallu performer pendant huit saisons pour en arriver là. Je dois reconnaître que j'ai eu la chance d'évoluer pour de bonnes équipes, des équipes qui jouaient bien défensivement.»

Denis Desbiens a d'autant plus de mérite qu'il a raté deux demi-saisons pour des blessures à l'aine et qu'il agit maintenant comme auxiliaire de Frédéric Deschênes depuis deux saisons.

Le vétéran gardien s'est fait exubérant une fois le dernier tir de fusillade effectué par Jean-Philippe Brière bien en contrôle dans sa grosse mitaine. Il a brandi la mitaine qui retenait la rondelle en direction des spectateurs de Pont-Rouge pendant de longues secondes. «C'était une revanche très agréable. Ils ont été hostiles pendant tout le match. Ils ne m'ont pas lâché. Même lorsque j'évoluais pour Pont-Rouge, ils étaient nombreux à me croire incapable de faire le travail. Pourtant Pont-Rouge n'a atteint la finale qu'une fois et c'est avec moi !», lançait-il.

L'athlète de 36 ans n'entend pas accrocher son équipement à l'issue de la présente saison. «Si la tendance se maintient, une autre bonne saison m'attend. Ça me ferait mal au cœur de devoir laisser. Mais je le ferais si mes obligations familiales l'exigeaient», d'avouer Desbiens qui se plaît dans son rôle d'auxiliaire à Frédéric Deschênes.

«Je m'entends super bien avec Frédéric. Quand les choses sont clairement établies, on ne crée pas de fausses attentes chez l'un et chez l'autre. Je peux apporter autre chose au niveau du leadership et de l'esprit d'équipe et l'organisation l'apprécie. J'ai une bonne vision du match et je ne suis pas gêné de faire part de mes commentaires à mes coéquipiers. Et de ce côté-là, les gars sont réceptifs. À 36 ans, il faut tout de même servir à quelque chose», s'amuse-t-il à déclarer en ne cachant pas qu'un poste d'entraîneur ou de gérant général le comblerait après sa carrière active.

Comme plusieurs hockeyeurs de la LHSMQ l'ont fait, Denis Desbiens s'est ajusté au fil des saisons et a souventes fois élevé son jeu d'un cran. «La ligue a connu une évolution incroyable. Au tout début, un joueur qui arrivait de la LHJMQ était assuré d'un poste, ce qui n'est pas nécessairement le cas aujourd'hui. Au tout début, on ne pratiquait même pas alors que maintenant il faut même s'entraîner hors glace», souligne le détenteur du nouveau titre qui dirige un centre d'entraînement Énergie-Cardio.

- Nelson Fecteau, Prolab de Thetford Mines