LAVAL – Ils ont emprunté des chemins différents pour s’y rendre, mais Laurent Dauphin et Corey Schueneman ont chacun démontré, cette saison, qu’ils peuvent être utiles à une équipe de la LNH à 26 ans. 

Il aurait fallu raffoler du risque pour prédire que Dauphin et Schueneman allaient donner un coup de main au Canadien cette année. C’est pourtant ce qui se produit pour ces deux joueurs assez intelligents pour ajuster leur jeu au contexte de la LNH. 

Pour Dauphin, l’attente depuis sa dernière audition aura duré près de trois ans (du 10 janvier 2019 au 7 décembre 2021). Pour Schueneman, il parvient à se débrouiller même s’il s’agit de sa première expérience au sommet de la pyramide du hockey professionnel. 
    
Le retour imminent de Joel Edmundson pourrait mener au renvoi de Schueneman avec le Rocket, mais il a déjà eu le temps d’en étonner plus d’un en sept parties (deux mentions d'aide). 

Corey Schueneman« J’ai beaucoup regardé ses parties en raison de son parcours. La raison pour laquelle il fait si bien avec le Canadien, c’est parce qu’il s’adapte et il comprend son rôle. C’est l’exemple parfait pour n’importe quel joueur qui se fait rappeler », a décrit Tobie Bisson. 

« C’est sûr que j’adopte la mentalité d’avoir un parcours comme le sien. J’essaie de progresser chaque jour pour me rendre dans la LNH. Avec l’expérience que je détiens désormais et la confiance acquise dans la LAH, je sais que je serai prêt quand l’occasion se présentera contrairement à 17 ans », a ajouté le défenseur de 25 ans. 

Depuis son arrivée avec le Rocket en 2020-2021, Schueneman a exposé sa lucidité offensive, son agilité sur patins et sa capacité à se débrouiller défensivement. Mais pour un athlète qui n’a jamais été repêché, qui n’est pas le plus costaud sans non plus être une machine offensive, ça demeurait incertain qu’il puisse tenir le coup dans la LNH. 

Le petit échantillon a été suffisant pour que Martin St-Louis et son adjoint Luke Richardson le délèguent sur la patinoire pendant plus de 21 minutes contre les Blues et pendant près de 20 minutes contre les Sabres. 

« Il garde les choses simples et encore plus dans la LNH. Il défend bien, c’est un bon patineur, il a plusieurs bonnes choses dans son jeu. C’est la simplicité qui le garde en haut », a statué son entraîneur Jean-François Houle. 

Dauphin a confondu des sceptiques

Même s’il connaissait un excellent début de saison avec le Rocket, Dauphin a dû patienter alors qu’il a été coiffé par d’autres coéquipiers pour des mandats avec le grand club.

Sans être celui qui épate au premier regard, Dauphin s’est bien incrusté avec le Tricolore au gré de la confiance qui se développait contre une opposition de la LNH. Mine de rien, il a déjà disputé 21 matchs (2 buts, 4 aides) cette saison alors qu’il avait dû se contenter de 35 parties – réparties sur quatre saisons - dans le circuit Bettman. 

« Je l’avais vu pas mal dans l’Ouest avec l’Arizona et je l’ai toujours aimé comme joueur. Quand je suis arrivé ici, en début d’année, j’ai constaté qu’il pouvait jouer dans plusieurs contextes, au centre, à l’aile, en infériorité numérique et sur le jeu de puissance. C’est un joueur qui se rend au filet et c’est là que tu obtiens des chances de compter. [...] C’est vraiment un beau parcours  », a vanté Houle.

« Laurent, il comprend la game et je pense qu’il est capable de jouer dans la LNH. Il pourrait rester la saison prochaine. C’est un joueur qui est peut-être sous-estimé.», a ajouté l’entraîneur. 

Justement, il flottait toujours une impression que les sceptiques étaient nombreux à propos du fait que Dauphin puisse gagner son pari de demeurer dans la LNH.  

« L’important, c’est ce que Laurent pensait dans sa tête. S’il ne pensait pas qu’il pouvait retourner dans la LNH, il aurait sûrement changé de plan. Ç’a toujours été son but et tous les gars qui sont ici veulent jouer dans la LNH un jour. Quand tu as ta chance, tu dois la saisir. Laurent est prêt et on le voit présentement », a commenté Alexandre Fortin. 

En 2017-2018, Dauphin et Fortin ont évolué ensemble au sein du club-école des Blackhawks de Chicago. 

« Je le connais depuis longtemps et je m’entraîne souvent avec lui l’été. Je l’ai texté l’autre jour pour lui dire de ne pas lâcher, que c’est vraiment le fun à voir. Il est une inspiration, ça faisait des années qu’il n’avait pas eu d’autre chance. Ça survient dans un marché comme Montréal, il fonce à 100% et c’est plaisant », a décrit Fortin qui a joué 24 rencontres avec les Hawks en 2018-2019. 

Parmi les choses agréables à voir, que dire du magnifique geste défensif de Dauphin, en fin de match, pour assurer la victoire face aux Sénateurs samedi. Un tir bloqué qui a ravi tous ses coéquipiers autant à Montréal qu’à Laval. 

Nul de besoin de préciser que la réussite de Dauphin et Schueneman motive les troupes à Laval. Mais ce qu’on doit ajouter, c’est que le contexte de leur ascension rend le tout encore plus inspirant. Comme quoi ce circuit de plus en plus axé sur la jeunesse demeure accessible à 26 ans.

« Je dirais même surtout à 26 ans. C’est un bon moment pour arriver dans la LNH et être prêt. Le hockey s’est tourné vers les jeunes, mais je pense qu’il y a tellement de gars comme Corey qui se développent plus tard et qui sont prêts plus vieux. Des parcours comme le sien, je suis certain qu’il y en aura beaucoup », a conclu Bisson qui espère valider le tout avec son propre exemple.