LAVAL – Brett Kulak a appris qu’il était échangé par les Flames lundi après-midi. Le premier vol qui devait le sortir de Calgary le lendemain a été annulé en raison d’une tempête de neige, puis le deuxième s’est tellement éternisé qu’il était 4 h 30 du matin quand le défenseur de 24 ans a finalement pu déposer sa tête sur l’oreiller dans sa nouvelle ville d’adoption.

Non seulement Kulak n’avait que quelques heures de sommeil dans le corps quand il a posé ses lames sur la glace mercredi matin, mais il le faisait dans un amphithéâtre de la Ligue américaine, quelques mois seulement après la conclusion de sa première saison complète dans la Ligue nationale.

Il avait toutes les raisons au monde d’avoir la mèche courte. Des réponses monosyllabiques ont déjà été émises pour moins que ça. Mais c’est plutôt un gaillard pétillant qui est resté faire la conversation devant son casier au terme de son premier entraînement avec sa nouvelle équipe.

« Je l’avais un peu vu venir, a affirmé celui que le Canadien a obtenu en retour des défenseurs Matt Taormina et Rinat Valiev. Les Flames ont un jeune défenseur qu’ils ont repêché en première ronde l’année dernière et, comme moi, il a connu un bon camp d’entraînement. Je me doutais que des changements étaient dans l’air et j’ai eu la confirmation quand j’ai été placé au ballottage »

Kulak a passé 24 heures à la disposition des 30 autres équipes de la LNH sans qu’aucune d’entre elles ne se manifeste, mais le directeur général Brad Treliving l’avait averti qu’il tenterait de l’accommoder. L’appel visant à l’aviser de sa nouvelle destination n’a pas tardé.

« Il souhaitait m’offrir la meilleure occasion de poursuivre mon cheminement, il ne voulait pas que je passe mes soirées à regarder les matchs des gradins. Je sais que je peux être un bon défenseur dans la LNH et pour cette raison, j’apprécie qu’on m’ait donné la chance de m’accomplir ailleurs. »

Parce que voilà, même s’il a été charmé par la première impression que lui a laissée Laval, Kulak n’a pas l’intention de s’y éterniser. Ce gaucher de 6 pieds 2 pouces a joué 71 matchs dans la LNH la saison dernière et demeure convaincu qu’il mérite d’y jouer sur une base permanente.

« Je l’ai vu ce matin, il était très enthousiaste et moi aussi, a partagé Joël Bouchard. J’ai eu la chance de le voir jouer dans des matchs des Flames l’année dernière et il a un beau potentiel. Il a une belle énergie, il a l’air passionné, il a l’air d’un joueur de hockey. Il est vraiment arrivé ici avec une belle attitude. Juste en lui parlant et en lui serrant la main, tu peux voir tout de suite que le gars, il veut retourner dans la Ligue nationale. Ça va être notre travail aux entraîneurs, et à lui aussi, de travailler dans ce sens-là. »

La présence de joueurs comme Kulak à Laval est un élément nouveau que Bouchard et ses adjoints devront apprendre à gérer cette saison. Pour la première fois de sa carrière d’entraîneur, Bouchard doit rallier à sa cause des joueurs qui sont mécontents de commencer la saison sous ses ordres.

« Ça fait partie du métier et... je peux les comprendre aussi. J’ai parlé avec Kulak aujourd’hui, il ne peut pas me dire que son rêve de jeune homme, c’était de jouer pour le Rocket de Laval. Il est parti à rire quand je lui ai dit ça, mais on n’a pas besoin de se conter de menteries. Ici, c’est un passage nécessaire pour certains joueurs, la chance de parfaire leur jeu pour justement être capable de faire le travail quand Claude Julien et Marc Bergevin auront besoin d’un joueur. Ça fait partie de la game, comme on dit. »

« Moi, je suis allé dans la Ligue américaine et ça ne me tentait pas d’être là, mais il y a des fois où j’ai eu une bonne attitude et j’ai travaillé et ça n’a pas été long que j’ai eu l’appel. Les autres fois, quand peut-être je m’imaginais que je devais être dans la Ligue nationale et que ça prenait un peu plus de temps, probablement que je n’étais pas à la bonne place mentalement et mes performances en étaient affectées. Dans la vraie vie, c’est pareil pour un joueur de hockey comme pour n’importe qui, si tu as une bonne attitude, que tu travailles, que tu es positif, c’est drôle, les bonnes choses arrivent. »

Dans la chaise de Taormina

Obtenu en retour d’un défenseur qui a amassé 52 points en 63 matchs la saison dernière, Kulak se verra vraisemblablement offrir toutes les chances de remplir un rôle offensif avec le Rocket. Dans un entraînement entièrement consacré aux unités spéciales, mercredi, il a été utilisé comme unique quart-arrière sur la première vague d’avantage numérique.

L’unité était complétée par les attaquants Alexandre Grenier, Kenny Agostino, Alex Belzile et Michael Chaput.

« J’ai joué sur le jeu de puissance dans le junior, mais ça n’a jamais été le plan qu’avaient les Flames pour moi, ils ne m’ont jamais vraiment utilisé dans ces circonstances, affirme celui qui a récolté 60 points en 69 matchs avec les Giants de Vancouver à sa dernière saison dans la Ligue de l’Ouest. Ça fait quelques années que je n’ai pas rempli ce rôle, mais ça m’a fait du bien aujourd’hui d’être impliqué dans le jeu et de pouvoir peaufiner cet aspect avec les gars. C’est toujours agréable de jouer en attaque! »

La deuxième vague d’avantage numérique était pilotée par le Tchèque Michal Moravcic. Hunter Shinkaruk, Byron Froese et Nikita Jevpalovs maraudaient à la hauteur des cercles tandis que Michael McCarron occupait le devant du filet. Une troisième unité donnant davantage de place aux jeunes était notamment formée de Jake Evans, Alexandre Alain et Daniel Audette.

« Pour moi, ces gars-là sont des joueurs qui sont près de la Ligue nationale, a dit Bouchard au sujet des vétérans qui formaient son premier quatuor de spécialistes. Mais il y a aussi une raison pour laquelle ils sont ici. Pendant qu’ils attendent de recevoir l’appel, ils doivent ‘performer’ à un haut niveau dans la Ligue américaine. On a aussi des jeunes qui arrivent du junior ou des rangs universitaires, qui sont peut-être le futur de l’organisation à ces positions. Il faut leur donner des répétitions à eux aussi. Alors c’est un équilibre qu’il faut trouver entre les joueurs qui ont le potentiel d’accomplir des choses avec nous cette année - et même peut-être dans la LNH - et ceux qui ont besoin d’expérience. Les deux groupes doivent travailler ensemble et c’est mon travail de pousser ces deux groupes à livrer la marchandise. »