MONTRÉAL – Barbichette clairsemée, quelques boutons aux joues, casquettes enfoncée sur le front. Jan Mysak faisait certainement son âge mardi soir lorsqu’il a pris place devant la caméra après le match du Rocket de Laval.

Sur la glace, dans les heures qui avaient précédé, ça n’avait pas été bien différent.

Dans des circonstances normales, Mysak serait en train de faire son nom dans la Ligue junior de l’Ontario. Il y avait excellé l’an dernier, amassant 25 points en 22 matchs après son arrivée avec les Bulldogs de Hamilton au mois de janvier. Mais comme les activités du circuit tardent à reprendre, le jeune Tchèque est retenu par le club-école du Canadien. Il est le plus jeune parmi la trentaine de joueurs qui convoitent une place dans la formation depuis le début de la saison de la Ligue américaine.

Mardi, Joël Bouchard l’a lancé dans l’action pour le troisième match de son équipe en cinq jours contre les Senators de Belleville.

« C’était un match difficile, a humblement reconnu le benjamin. C’était très différent du genre de hockey auquel j’ai été confronté au Mondial junior. C’était tellement plus vite, les gars étaient tellement plus fort. C’était difficile. Une grosse différence. »

« Ça allait un peu vite des fois et c’est normal », a reconnu Bouchard, enveloppant la recrue de sa clémence après la défaite de 4-1 des siens.

Senators 4 - Rocket 1

Placé au centre des jeunes vétérans Michael Pezzetta et Jake Lucchini, Mysak n’a rien fait pour mériter des tomates à sa première sortie chez les pros. Il a obtenu une bonne chance de marquer en première période, freinant sur une rondelle égarée dans l’enclave pour prendre un bon tir sur le gardien Filip Gustavsson. Il a aussi connu sa part de succès aux cercles de mises en jeu, une spécialité que Bouchard identifie souvent comme un long processus d'apprentissage au niveau professionnel.

Mais sa soirée a aussi été ponctuée de présences plus effacées, de touches de rondelles approximatives et de quelques erreurs de positionnement. C’est notamment son trio qui était sur la glace lors du but décisif des Senators en milieu de troisième période. Pezzetta et lui ont tour à tour bloqué des tirs en provenance de la ligne bleue – Mysak, que Bouchard qualifie d’« éponge », voudra sans doute peaufiner sa technique là-dessus – avant que Vitaly Abramov batte finalement Cayden Primeau d’un tir précis.   

Mais il n’y a là rien de dramatique, on le répète, pour un joueur dans sa position. Durant le camp d'entraînement, Bouchard a insisté sur le fait que Mysak, qui est répertorié à 5 pieds 11 pouces et 175 livres, est moins avancé dans son développement physique que ne peut l'être Kaiden Guhle, l'autre joueur d'âge junior dans l'entourage du Rocket. 

« C’est une grande expérience pour moi, s'est réjoui Mysak. Je suis tellement content de pouvoir être ici. Je suis confronté à beaucoup de nouvelles choses, de nouvelles informations. C’est bon pour moi. J’essaie de poser beaucoup de questions, d’obtenir les réponses qui vont faire de moi un joueur plus intelligent. »

Les circonstances ont fait en sorte que Mysak pourrait avoir trouvé le tuteur idéal. Son baptême chez les pros a coïncidé avec l’arrivée de son compatriote Michael Frolik dans l’entourage du club-école du Canadien. Le vétéran de 32 ans y a été cédé cette semaine afin de garder la forme en attendant qu’une place se libère pour lui avec l’équipe première.

Le jeune et le vétéran, qui sont tous les deux représentés par le même agent, ont fait connaissance au cours des derniers jours.

« On s’est parlé pour la première fois hier, a dit Mysak. C’était bien de pouvoir échanger avec un autre gars qui parle tchèque. C’est un bon joueur en plus, il a joué pour plusieurs clubs de la LNH. C’est bon pour moi. »

« Il est l’un des beaux jeunes talents à sortir de la République tchèque, a reconnu Frolik, qui a joué son premier match dans la LNH quand Mysak était âgé de 6 ans. Il a connu un bon tournoi avec les U20, il est très doué. Et il est tellement jeune, c’est bon de le voir ici. Je vais essayer de lui parler et d’être là pour lui. J’essaierai de l’inviter à dîner ou à souper au cours des prochains jours, de le prendre sous mon aile. Il a l’air d’un bon kid. »

En bref

Frolik, qui a signé un contrat d’un an avec le Canadien en décembre, a laissé entendre qu’un plan était en place pour lui faire voir éventuellement de l’action dans la Ligue nationale. Avant d’être envoyé avec le Rocket, le vétéran de 850 matchs dans la LNH s’entraînait avec l’escouade de réserve du club.

« Je ne veux pas entrer dans les détails par rapport à ça, a prévenu Frolik, qui semblait dans de bonnes dispositions après son premier match en près d’un an. J’aborde les jours un à la fois. Je vais jouer de nouveau vendredi. On verra ce qui passera par la suite.

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Écarté des plans du Canadien durant l’entre-saison, Jordan Weal est de retour dans la Ligue américaine après une absence de quatre ans. En 2016-2017, le joueur de centre avait amassé 47 points en 43 matchs avec les Phantoms de Lehigh Valley, le club-école des Flyers de Philadelphie.

Il produit à un rythme similaire jusqu’ici avec le Rocket. Samedi, il a été à l’origine des deux buts de Yannick Veilleux puis mardi, il a marqué son premier but de la saison. Il a quatre points à sa fiche après trois matchs et ne semble pas avoir de temps à perdre à s’apitoyer sur son sort.

« Je veux juste jouer des matchs. La saison dernière a été folle, mais cette année c’est encore pire. Je connais des gars partout en Amérique du Nord, des gars qui marquent 30 buts par années dans la Ligue américaine qui ne jouent même pas présentement. Je suis juste chanceux de pouvoir jouer, peu importe la Ligue. C’est toujours mieux que de rester assis à ne rien faire. »

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Après avoir amorcé la saison aux côtés de Joe Blandisi et Joël Teasdale, le Finlandais Jesse Ylönen a été muté à la droite de Weal et Yannick Veilleux mardi. Son nouveau joueur de centre a tenu des propos similaires à ceux que Blandisi avait eu à son endroit quelques jours plus tôt.

« On voit son talent. Il vole sur les ailes, il a un bon tir. C’était bien de l’avoir sur notre trio ce soir, on a créé énormément de chances sans être capable de battre le gardien. »

S'il y a une chose qu'on peut reprocher à Ylönen en cette jeune saison, c'est en effet son manque d'opportunisme. Il a raté deux autres chances en or d'inscrire son premier but dans la Ligue américaine mardi.

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Weal au sujet de Veilleux : « C’est un taureau. Quand il s’en va dans les coins, je me sens parfois mal pour le joueur qui s’y retrouve en même temps que lui. On peut pratiquement entendre le souffle du gars sortir de son corps tellement il se fait ramasser. »