DALLAS- Directeur général des Sénateurs d’Ottawa, Pierre Dorion est convaincu que le repêchage permettra à son équipe de sortir grandie et ragaillardie de Dallas. Qu’il servira de tremplin vers une saison meilleure l’an prochain.

 

Dorion est même confiant que les joueurs que ses recruteurs sélectionneront aux 4e et 22e rangs – choix des Penguins de Pittsburgh obtenu en retour de Derick Brassard – de la première ronde, vendredi soir, permettront de convaincre Erik Karlsson de demeurer avec les « Sens », que ces deux joueurs aideront à redorer l’image d’une équipe gangrénée à la moelle par des ennuis sur la patinoire, dans le vestiaire et au chapitre des affaires alors que le propriétaire Eugene Melnyk a besoin de l’aide de la LNH pour boucler ses fins de mois. Pierre Dorion soutient aussi que la relance qu’offrira le repêchage renversera la perte confiance de partisans qui s’attendent au pire en vue des prochaines saisons de la part d’une équipe qui est redevenue l’une des risées de la LNH malgré qu’elle était à un but d’une place en finale de la coupe Stanley il y a tout juste un an.

 

« Je viens de laisser nos recruteurs et je n’ai jamais vu un groupe aussi confiant et impressionné par la qualité des joueurs qui seront à notre disposition avec nos deux sélections de première ronde », a lancé Pierre Dorion qui a rencontré les journalistes jeudi après-midi.

 

Optimiste le DG  des Sénateurs? Trop? Bon comédien? Meilleur vendeur encore? Je crois que la réponse exacte se trouve dans un heureux – ou malheureux – mélange de toutes ces suggestions.

 

Surtout qu’il n’est pas encore acquis que les Sénateurs réclameront au quatrième rang vendredi soir. C’est de plus en possible. C’est même de plus en plus probable. Mais dans le cadre de la transaction qui lui a permis d’obtenir Matt Duchene l’automne dernier, Dorion pourrait offrir la 4e sélection à son homologue Joe Sakic. Si Dorion garde la 4e sélection, l’Avalanche du Colorado obtiendra alors le premier choix des « Sens » l’an prochain.

 

Un choix qui pourrait être meilleur encore que celui de cette année si l’on considère que les chances des Sens de rebondir la saison prochaine semblent minces, et qu’elles s’étioleront davantage si Karlsson est échangé.

 

Derrière ces deux sélections potentielles en première ronde, les Sénateurs se contenteront d’une sélection en 4e, 5e et 6e ronde et de deux en 7e ronde samedi. Il n’y aura donc pas de marge d’erreur pour maximiser un repêchage qui est considéré bon, mais non exceptionnel.

 

Vestiaire brisé

 

Une chose est certaine, Pierre Dorion est franc, ouvert et il n’a pas peur de s’exposer aux critiques.

 

Pourquoi avoir échangé Mike Hoffman?

 

« Nous devions conclure cette transaction pour rétablir la quiétude de notre vestiaire. Une quiétude qui a été brisée par les événements que nous connaissons. Pour gagner, nous devons être unis dans la victoire »,  a lancé Pierre Dorion en faisant référence au harcèlement dont l’épouse d’Erik Karlsson a été victime de la part de Monika Caryk, la fiancée de Mike Hoffman. Des harcèlements qui pourraient entraîner le dépôt d’accusations criminelles.

 

Des rumeurs se sont rendues jusqu’à la direction de l’équipe une fois la saison terminée. Des rumeurs qui n’ont pas été prises au sérieux. « L’évolution du dossier m’amène à dire que nous aurions peut-être dû contacter les joueurs concernés. Mais la saison était terminée. Les joueurs étaient partis », a plaidé Dorion qui tire une leçon de cette expérience, disons désagréable.

 

« Nous avons une politique de porte ouverte chez les Sénateurs. Les joueurs peuvent venir nous voir pour discuter de toute question personnelle ou professionnelle. La seule chose dont je ne veux pas parler est le temps d’utilisation. Tout le reste est important. Il est clair que les joueurs n’ont pas saisi complètement ce message, car nous n’avons jamais été mis au courant de cette situation. Nous aurions dû. Je ne blâme pas les joueurs ni l’organisation. Mais il n’y a qu’une victime dans cette affaire et c’est Melinda Karlsson. Nous tenons maintenant à lui offrir tout le soutien qu’il est possible d’offrir. »

 

Melinda Karlsson et son mari sont certainement des victimes dans tout ça, mais les Sénateurs le sont un peu aussi puisqu’il a été difficile de maximiser la valeur de retour de Mike Hoffman considérant la situation exigeant son départ rapide d’Ottawa.

 

Une conclusion que Pierre Dorion réfute : « Je suis très heureux du retour obtenu. Mikkel Boedker est un bon joueur de hockey. Un gars qui trouvera rapidement sa place au sein de notre vestiaire. Nous allons repêcher de très bons jeunes qui viendront nous aider le plus vite possible. Mais on ne peut demander à ces jeunes de relancer à eux seuls notre équipe. Il faut un bon noyau pour y arriver et l’ajout de Boedker solidifie notre noyau. »

 

Mikkel Boedker a marqué 15 buts et récolté 37 points l’an dernier en 74 matchs avec les Sharks de San Jose. Il touchera un salaire de 4 millions $ l’an prochain et dans deux ans avant d’obtenir sa pleine autonomie.

 

Dorion assure ne pas s’en faire avec le fait que Mike Hoffman soit de retour dans la division atlantique alors que les Panthers de la Floride l’ont rapidement acquis des Sharks de San Jose. « J’ai contacté tous mes homologues de ma division pour leur offrir Mike avant de conclure la transaction avec San Jose. Je savais que c’était une possibilité et je suis très à l’aise avec ça. »

 

Confiance en Guy Boucher

 

Malgré l’amère déception associée à la saison misérable de son équipe, Pierre Dorion assure toujours avoir confiance en Guy Boucher.

 

Et même s’il a sérieusement vilipendé son coach et assuré sur la place publique qu’il devrait modifier certaines de ses habitudes et cesser de miser sur les congés répétés offerts à ses joueurs, Dorion maintient que Boucher n’a pas gardé son poste simplement parce qu’il est le coach le moins bien payé de la LNH – on évolue son salaire à 550 000 $ -- et qu’aucun autre entraîneur n’accepterait de travailler dans ces conditions.

 

« Je suis derrière Guy à 100 %. Et notre organisation est aussi à 100% derrière Guy Boucher. Guy dirigera notre équipe parce qu’il est un très bon coach. Ça n’a rien à voir avec les finances de notre équipe. »

 

Autre sujet épineux : le dépôt d’accusations criminelles contre son adjoint Randy Lee s’est ajouté à la liste d’ennuis qui ont frappé le directeur général des Sénateurs au cours des dernières semaines.

 

« C’est la première fois en 23 ans que Randy est associé à des allégations. Nous avons décidé de le suspendre en attendant la suite des procédures criminelles. Il pourra se défendre en juillet prochain et nous ajusterons nos positions en fonction du déroulement des procédures. Pour le moment, nous partageons le travail normalement abattu par Randy au sein de l’équipe », a indiqué Pierre Dorion qui devra d’ailleurs se trouver un nouvel entraîneur-chef pour diriger son club-école à Belleville. Une embauche qu’il entend compléter au cours du mois de juillet.

 

Garder la tête haute

 

Candidat au titre de directeur général de l’année il y a un an alors que son équipe est passée à un cheveu de la deuxième présence en finale de la coupe Stanley de son histoire, Perre Dorion reconnaît que la situation a beaucoup changé en un an.

 

Mais il en tire le maximum.

 

« Comme responsable des opérations hockey, il est normal que je sois au centre de cette tempête et que je sois celui qui ait à répondre à toutes les questions et aux critiques. C’est quand les choses sont au plus mal que tu vois le caractère et l’appui réel des gens qui t’entourent. J’ai de bons amis, de bons enfants, une bonne blonde et j’ai des alliés qui m’appuient très bien », a témoigné Pierre Dorion qui ne croit pas que les derniers mois soient les pires de l’histoire de l’organisation des Sénateurs.

 

« Disons qu’on a reçu plus de balles courbes que nous en anticipions au cours de l’année, surtout depuis les dernières semaines. Mais ça n’a rien à voir avec les ennuis que les Sénateurs ont dû traverser au fil de leur histoire. Ce n’est pas facile, j’en conviens. Mais je suis emballé par le défi qui se dresse devant nous pour les prochains jours. On va faire du hockey au cours des deux prochains jours. On va multiplier les décisions importantes pour améliorer notre équipe et en faire un club qui retrouvera sa place parmi les meilleurs clubs dès l’an prochain. J’en suis convaincu », a conclu Pierre Dorion.

 

Un Pierre Dorion qui carbure à l’optimisme à n’en pas douter.