Équipe Canada a connu des hauts et des bas lors des Championnats mondiaux de Prague. Sidney Crosby et ses coéquipiers ont eu chaud contre la Suède. Ils ont aussi difficilement vaincu la France. Les troupes de Todd McLellan ont tout de même terminé le tour préliminaire avec une fiche parfaite et une première place dans le groupe A. Le Canada sera opposé au Bélarus au premier tour éliminatoire.

Les favoris du tournoi devront donc en découdre avec les fameux frères Kostitsyn et une équipe majoritairement constituée de joueurs de la KHL. Au travers des noms typiquement slaves, on trouve toutefois un certain Kevin Lalande, un Franco-Ontarien naturalisé Biélorusse en 2012. L’Ottavien en est à son deuxième tournoi devant la cage de l’ancienne république soviétique, et il n’en peut plus d’attendre le match de demain.

« Ça va être plaisant. L’an passé, à Minsk, je voulais qu’on joue contre le Canada. C’est passé très proche d’arriver. Cette année, c’est la bonne. J’ai vraiment hâte. »

Lalande s’est exilé en Russie durant l’été 2010. Après une saison avec le Vityaz de Tchekhov, il a déménagé au Bélarus pour rejoindre le Dinamo de Minsk. Malgré les difficultés du club, l’Ottavien n’a fait que gagner en popularité depuis ce temps. Malgré son transfert à Moscou, où il joue pour le Club de l’Armée rouge, Lalande est aujourd’hui un des joueurs les plus populaires auprès des huit millions de Biélorusses. Il n’a toutefois pas oublié ses origines.

« Dans le fond de mon cœur, je suis Canadien. J’ai grandi au Canada. Ça demeure mon pays. Je suis toutefois très fier d’avoir reçu la citoyenneté biélorusse et, demain, mes énergies seront toutes consacrées à défendre les couleurs de ce pays. »

Affronter Équipe Canada, c’est aussi se frotter à des vedettes de la LNH. Lalande a été repêché par les Flames de Calgary en 2005, mais il n’a jamais réussi à se tailler une place au sein de la première équipe. Un match contre Sidney Crosby et sa bande, c’est une belle occasion de faire ses preuves.

« Jouer contre une aussi puissante équipe, c’est quelque chose de spécial. Ils n’ont que des super vedettes au sein de leur formation. Ce sera tout un défi. Ce sera aussi une belle occasion de savoir à quel niveau je suis par rapport au calibre nord-américain. »

Malgré des statistiques impressionnantes, le Biélorusse a occupé le poste de deuxième gardien de but durant presque toute sa dernière saison dans la KHL. En 23 joutes, il n’a accordé que 1,39 but par match et il a maintenu une taux d’efficacité de ,934. Le Club de l’Armée rouge s’est donc résigné à lui offrir le filet durant les séries éliminatoires.

Lalande a aussi été le fer de lance de la Biélorussie cette année. Malgré un match catastrophique contre les Russes, il a arrêté 92 % des lancers dirigés contre lui durant ses six matchs à Ostrava. Son entraineur, Dave Lewis, espère que les éclaireurs de la Ligue nationale prennent des notes.

« Si Lalande veut aller dans la LNH, il n’a qu’à continuer à jouer comme il le fait en ce moment. Il y a beaucoup d’éclaireurs nord-américains aux Championnats mondiaux et ils prennent des notes. »

Ces déclarations ont touché Kevin, qui n’a jamais renoncé à jouer dans la Ligue nationale.

« C’est un beau compliment. Surtout de la part de quelqu’un comme Dave. Il est impliqué dans le hockey professionnel depuis 40 ans. Il a gagné la coupe Stanley à trois reprises avec les Red Wings de Detroit à titre d’instructeur. C’est vraiment plaisant à entendre. »

Yuri YanchenkovDave Lewis a certainement un parti pris pour son gardien de confiance, mais il n’est pas le seul à voir beaucoup de potentiel chez Kevin Lalande. Yuri Yanchenkov est un éclaireur de carrière. Il a travaillé pour le Lightning de Tampa Bay durant une décennie. Il est aujourd’hui membre de la National Scouts Association (NSA), un réseau d’éclaireurs couvrant l’ensemble du territoire de l’ex-URSS. Selon Yanchenkov, Lalande mérite d’avoir sa chance.

« C’est toujours dur de se prononcer à propos des gardiens, mais j’aime beaucoup ce que j’ai vu de lui. Il a des atouts pour réussir. Il a une très bonne vision du jeu. Il ne perd jamais son sang-froid. Il se positionne bien et il couvre bien les angles. Le potentiel est indéniable, mais il faudrait le voir à l’œuvre. Je crois sincèrement qu’il pourrait jouer dans la LNH. »

L’agent de Lalande a aussi entendu ce type de commentaires de la part des éclaireurs des grands clubs nord-américains. Le principal intéressé s’en réjouit, mais il ne veut pas se laisser distraire par les histoires de contrats durant les Championnats mondiaux.

« Mon agent a quitté Ostrava après notre match contre la Slovaquie. Il m’a dit que plusieurs observateurs aiment ce qu’ils voient de moi. On est resté en contact, mais j’essaie d'évacuer cela de mon esprit. Mon mandat, pour l’instant, c’est de défendre le filet du Bélarus. Si cela m’aide dans ma carrière par la suite, ce je n’aurai fait que deux coups. »