PARIS, (AFP) - La Française Sophie Moniotte, vice-championne du monde de danse sur glace en 1994 avec Pascal Lavanchy, a estimé jeudi que le patinage artistique était "aujourd'hui un sport gangrené", à la suite de la polémique née aux JO de Salt Lake City après l'épreuve de couples.

"Je ne suis pas du tout surprise, simplement déçue, a-t-elle déclaré dans un entretien à l'AFP. Je me rends compte que les choses ne vont pas en s'améliorant. Lorsque j'ai soulevé ce problème il y a trois ans (ndlr: dans un livre intitulé 'Les patins de la colère'), les gens au centre de cette polémique criaient au scandale. Marie-Reine Le Gougne, la juge française mise en cause à Salt Lake City, m'avait dit qu'elle trouvait scandaleux que des athlètes de haut niveau puissent dire qu'il y avait des magouilles."

Marie-Reine Le Gougne est suspectée d'avoir été au moins complice d'un arrangement avec ses collègues des pays est-européens ayant privé du titre les Canadiens Jamie Salé et David Pelletier au bénéfice de la paire russe Elena Berezhnaya et Anton Sikharulidze à Salt Lake City.

"Elle est blâmable, mais la seule excuse que puissent invoquer les juges est d'avoir été téléguidés par leur fédération nationale, a poursuivi Sophie Moniotte. Les dirigeants établissent les classements et ces tractations sont entreprises en amont, bien avant les compétitions."

"Un sport malade"

"D'habitude, je suis capable de donner le classement avant la compétition, mais cette fois je ne peux pas dire ce qui se passera pour l'épreuve de danse sur glace des JO de Salt Lake City. Certains juges peuvent être tentés de prendre leur revanche et de pénaliser Gwendal Peizerat et Marina Anissina, le couple français, mais peut-être que quelqu'un va dire halte, pour éviter le ridicule et le scandale. Le patinage artistique est un sport malade aujourd'hui."

Dans "Les patins de la colère", publié en 1999, Sophie Moniotte, aujourd'hui retirée, s'élevait contre "les alliances et transactions entre instances nationales, entraîneurs et juges". Elle estimait avoir été victime de ces pratiques à plusieurs reprises, notamment à l'occasion des jeux Olympiques de Nagano où elle avait pris la 11e place, en compagnie de Pascal Lavanchy, alors que le couple français s'attendait à terminer au six ou septième rang.