Par Maxime Tousignant - Le kayakiste québécois Hugues Fournel est passé par toute la gamme des émotions lors de la dernière semaine alors qu’il a appris dimanche dernier qu’il obtenait son billet pour les Jeux olympiques de Rio pour la course K2 200 m masculin.

La Fédération internationale de canoë (ICF) annonçait le 26 juillet que le Russe Alexander Dyachenko était suspendu pour dopage et ne pourrait pas participer aux Jeux de Rio. Cette nouvelle a donc ouvert la porte à une autre embarcation pour l’épreuve en tandem sur 200 mètres.

L’attente et la nervosité ont alors commencé à grimper chez l’athlète originaire de Pointe-Claire. Les premiers sur la liste pour remplacer l’équipage russe étaient l’équipe suédoise, mais Fournel a été mis au parfum que le tour des Canadiens viendrait bien assez tôt.

« Je connais bien l’entraîneur de l’équipe de Suède. Il m’a envoyé un message pour me dire de me préparer parce que ça se pouvait qu’ils ne prennent pas le billet. Je ne comprenais pas parce que je pensais bien qu’ils le prendraient », a-t-il précisé lors d’une entrevue téléphonique.

Son informateur avait vu juste, alors que la Suède a décidé de passer son tour. Les billets revenaient donc au Canada en vertu du classement lors des derniers Championnats du monde.

L’appel tant attendu est finalement venu dimanche dernier lorsque son entraîneur l’a contacté pour qu’il le rejoigne dans un café.

« J’ai pris ma voiture avec un énorme stress qui me pesait sur les épaules. Il n’est pas passé par quatre chemins. Quand il m’a dit : "Hugues c’est toi qui y vas", mes genoux ont fléchi sur le coup. Toutes les émotions pour tout le travail que j’ai accompli durant quatre ans m’ont traversé le corps. C’était spécial comme moment», avoue l’athlète qui se dit très chanceux de représenter son pays avec la profondeur de l’équipe canadienne.

« Tous les autres athlètes de l'équipe qui auraient pu participer aux Jeux peuvent être appelés Olympiens. J’aurais aimé partager ce rêve avec toute l’équipe », mentionne-t-il.

Une embarcation d’expérience

L’athlète québécois participera à la course du K2 200 mètres en compagnie de son coéquipier Ryan Cochrane avec qui il avait terminé au neuvième rang lors des Championnats du monde en 2015, une neuvième position qui aujourd’hui permet aux deux kayakistes de prendre la direction du Brésil.

 « On a terminé neuvième ce qui à l’époque était très décevant, mais qui aujourd'hui, sauve les meubles », soutient Fournel.

Avec le départ pour Rio prévu le 12 août prochain, alors que l’épreuve du 200 mètres s’amorcera le 17 août, chaque minute d’entraînement importe pour peaufiner la préparation. Malgré ce court délai, Fournel est confiant que les résultats pourront être au rendez-vous.

« On a tellement un bagage et une chimie dans le bateau que nous savons ce que nous avons à faire. On sait comment se placer pour aller chercher la vitesse maximale. On ne se pose pas de question et ça paraît depuis qu’on est de retour sur l’eau dans les derniers jours. Déjà on se rapproche des meilleurs temps que nous avons faits, donc nous sommes confiants en vue de la course.»

Fournel avait d’ailleurs participé aux Jeux olympiques de Londres avec Cochrane. L’embarcation canadienne avait alors terminé au septième rang. Lorsque questionné sur ses objectifs au Brésil, celui qui en sera à ses deuxièmes Jeux ne passe pas par quatre chemins.

« On espère faire mieux qu’à Londres », affirme-t-il.

Deuxièmes Jeux en famille

Les prochains Jeux olympiques auront à nouveau une saveur familiale pour l'athlète de 27 ans, alors qu’il vivra l’expérience, comme à Londres, en compagnie de sa sœur Émilie qui en sera à ses troisièmes Jeux olympiques.

« Les Olympiques représentent beaucoup pour notre famille, ça nous rassemble, explique-t-il. Ma sœur est la raison pour laquelle j’en suis là aujourd’hui. Elle m’a fait réaliser que l’on pouvait croire en nos rêves les plus fous. »

Les Jeux olympiques de Rio marquent également le 40e anniversaire de l’édition montréalaise. Cet anniversaire a une signification particulière chez les deux Fournel, alors que leur père, Jean, avait pris part aux épreuves de K-4 à Montréal en 1976.

« C’est sûr que je vais y songer et que différentes émotions vont me traverser. Ce sont des moments que l’on garde dans notre cœur », laisse entendre celui qui aura une pensée pour son père sur la ligne de départ à Rio.

Fournel et Cochrane complètent donc l’équipe canadienne de 11 athlètes en canoë et kayak, dont neuf participeront aux épreuves de vitesse, alors que deux seront du slalom.