Une athlète bélarusse « en sécurité » après avoir évité un départ forcé de Tokyo
Jeux olympiques dimanche, 1 août 2021. 13:20 jeudi, 12 déc. 2024. 15:58MOSCOU, Russie - L'athlète bélarusse, Krystsina Tsimanouskaya, s'est dite « en sécurité » dimanche soir, après avoir affirmé être contrainte à se retirer des Jeux olympiques de Tokyo et menacée d'un départ forcé du Japon pour avoir critiqué sa fédération sur les réseaux sociaux.
Cet incident intervient alors que le régime du président bélarusse Alexandre Loukachenko poursuit sans relâche une répression visant opposants, journalistes et militants, avec l'espoir de mater définitivement le mouvement de contestation historique de 2020 contre sa réélection à un cinquième mandat.
« Je suis en sécurité et on est en train de décider où je vais passer cette nuit », a déclaré l'athlète dans un communiqué publié sur Telegram peu après 17 h 00 par la Fondation bélarusse de solidarité sportive, en précisant qu'elle se trouvait dans un poste de police à l'aéroport Haneda de Tokyo.
Krystsina Tsimanouskaya, 24 ans, avait affirmé un peu plus tôt avoir été forcée à suspendre sa participation aux Jeux olympiques de Tokyo par le sélectionneur de l'équipe bélarusse Iouri Moïseïevitch, avant d'être accompagnée à l'aéroport par des responsables du comité olympique national bélarusse pour revenir dans son pays.
« On m'a dit qu'il fallait que je parte pour que tout le monde soit tranquille et poursuive la compétition » pour le Bélarus, a-t-elle affirmé dimanche dans une interview au média en ligne by.tribuna.com.
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La Fondation bélarusse de solidarité sportive, qui a révélé cette affaire dimanche, a indiqué de son côté avoir sollicité la police japonaise pour empêcher ce départ.
La Fondation a assuré ensuite que la jeune femme avait été placée sous protection policière et qu'un représentant du ministère japonais des Affaires étrangères se rendait à l'aéroport pour la rencontrer.
« J'ai subi des pressions »
« Je demande au Comité international olympique de m'aider, j'ai subi des pressions et on essaye de me faire partir du pays sans mon accord », a lancé l'athlète bélarusse dans une vidéo sur Instagram, en insistant pour que « le CIO intervienne ».
Un appel similaire a été diffusé par la Fondation bélarusse de solidarité sportive selon laquelle Krystsina Tsimanouskaya envisage de demander l'asile politique auprès de l'ambassade d'Autriche à Tokyo.
« Le CIO a vu les articles dans les médias, étudie la situation et a demandé des explications au CNO (comité national olympique) » bélarusse, a déclaré à l'AFP un porte-parole du CIO.
Pour sa part, un porte-parole du ministère autrichien des Affaires étrangères a indiqué à l'AFP que « jusqu'à présent aucun contact n'a été établi entre l'athlète mentionnée et l'ambassade d'Autriche à Tokyo ».
Selon le comité olympique bélarusse dirigé par Viktor Loukachenko, fils du président Alexandre Loukachenko, la sportive a dû suspendre sa participation aux JO sur « décision des médecins, en raison de son état émotionnel et psychologique ».
Une déclaration qualifiée aussitôt de « mensonge » par l'athlète devant la presse à l'aéroport.
Peur de la prison
Krystsina Tsimanouskaya a violemment critiqué cette semaine la Fédération bélarusse d'athlétisme, en affirmant avoir été forcée à participer au relais 4x400 mètres, alors qu'elle était censée initialement courir le 100 mètres et le 200 mètres, car deux autres athlètes n'avaient pas réalisé un nombre suffisant de contrôles antidopage, selon elle.
« Pourquoi nous devons payer pour vos erreurs? [...] C'est de l'arbitraire », s'est-elle insurgée dans un post sur Instagram.
« Je n'aurais jamais réagi de manière si sévère, si on m'avait dit à l'avance, expliqué toute la situation et demandé si j'étais capable de courir un 400 mètres. Mais on a décidé de tout faire dans mon dos », a-t-elle écrit dans un post séparé.
Dimanche, elle a dit ne pas avoir peur d'être exclue de l'équipe nationale. « J'ai peur qu'on puisse me mettre en prison » au Bélarus, a-t-elle déclaré au média en ligne by.tribuna.com.
Le mouvement de contestation de 2020 au Bélarus, qui a rassemblé pendant des mois des dizaines de milliers de manifestants, parmi lesquels des sportifs connus, avait été maté à coup d'arrestations massives, parfois de torture, et d'exil forcé pour ses meneurs.
En mai, les autorités bélarusses avaient arrêté un journaliste d'opposition en exil, Roman Protassevitch, en détournant l'avion de ligne à bord duquel il se trouvait, suscitant un tollé international.