Tessa Virtue et Scott Moir annonçaient cette semaine qu’ils prendront leur retraite à l’automne après une fabuleuse carrière en danse sur glace. Ils l’ont fait savoir au monde dans une courte vidéo tournée sur la glace où ils s’entraînent. Un message tout simple et poignant qui démontre leur sensibilité et leur grandeur. Pour mon plaisir, j’ai ensuite regardé leur sublime prestation aux Jeux de Pyeongchang en 2018 celle qui les a consacrés. Ils ont été vraiment extraordinaires.

 

J’ai trouvé que ces deux formidables athlètes abordaient leur retraite avec toute la préparation voulue pour que la transition s’effectue en douceur. Ils partent en aimant encore leur sport. Bien entendu, ils ne sont pas les seuls à avoir planifié et réussi leur sortie de scène. On peut penser à Alexandre Bilodeau, champion olympique des bosses à Sotchi, à Émilie Heymans en plongeon, à Samuel Girard en patinage de vitesse courte piste ou même à Alex Harvey, cet incroyable fondeur.

 

Malheureusement, ce n’est pas toujours le cas. Je connais certains joueurs de hockey qui n’ont jamais remis les patins après leur carrière parce qu’ils se sont mis à détester leur sport. Je pense aussi à des athlètes amateurs de très haut niveau, comme Marianne St-Gelais, qui se sont retrouvés soudainement dépourvus et désorientés.

 

Cela prouve simplement que la retraite doit se préparer. C’est vrai pour chacun d’entre nous, et peut-être encore plus pour les sportifs. En effet, les athlètes sont habitués à être entourés. Leur sport leur amène leurs amis, des entraîneurs, des soigneurs, des diététistes et tous ces autres spécialistes qui aplanissent tous les détails. Ils brillent devant desfoules où ils sont acclamés.
 

Quand ils laissent la compétition, ils se retrouvent seuls et sans repère. 

 

Ce n’est pas sans raison que la Fondation de l’athlète par excellence a créé un service pour aider ceux et celles qui éprouvent des problèmes à faire cette transition. Marianne St-Gelais disait un jour qu’elle a eu l’impression que sa vie avait commencé par le dessert et, qu’une fois sortie de la compétition, elle devait tout réapprendre pour continuer sa vie. 

 

Sophie Brassard, conseillère en orientation, disait « il n’y a pas un plan A (sport) et un plan B (après sport), car les deux vont arriver. Donc, les deux doivent être bâtis ensemble. »

 

Cesser la pratique d’un sport quand on est athlète olympique ou professionnel représente une transition qui affecte bien des plans de la vie. Il faut s’adapter ou risquer de connaître des crises d’identité sévère allant parfois jusqu’à la dépression. Les athlètes doivent redéfinir leur identité loin de l’encadrement qu’ils ont toujours eu et sans la reconnaissance du public qui les motivait durant leur course, leur plongeon ou leur présentation. 

 

Sur le plan physique, les séquelles sont également parfois sérieuses. On n’a qu’à penser aux joueurs de football où aucun joueur ne sort indemne. C’est une réalité qui attend bien des athlètes, quelle que soit la discipline. Les sports sont bénéfiques pour l’organisme, mais apportent aussi leur lot de blessures qu’il faudra trainer toute sa vie. De plus, la compétition entraîne la sécrétion de neurotransmetteurs et d’endorphines qui nous rendent forts et qui nous stimulent. Presque du jour au lendemain, ils peuvent perdre ces bénéfices. Or, ce ne sont là que quelques-uns des effets qui attendent les sportifs qui quittent le monde des épreuves.
 

Je salue donc Tessa et Scott d’avoir planifié et réussi leur sortie de la même façon qu’ils ont fait leur carrière, avec panache, professionnalisme et humilité. Il faut être content pour eux, tout en sachant que lepatinage canadien perd deux de ses plus grands représentants.