ZHANGJIAKOU, Chine - Rémi Drolet a un horaire chargé, comme tous les fondeurs de l'élite mondiale. cet horaire de fou, il doit toutefois en ajouter un autre: celui d'étudiant en physique et mathématiques à l'Université Harvard.

Comment fait-il pour conjuguer les deux?

« L'année passée, c'était vraiment très difficile pour moi », a admis le skieur de Rossland, en Colombie-Britannique, dans un français impeccable après avoir pris la 33e place du 15 km classique, vendredi.

« Cette année, j'ai pris une année sabbatique pour essayer de mieux me préparer (en vue des Jeux olympiques). C'est vraiment ça qui m'a permis de me rendre ici. Si j'essayais d'aller à l'école en ce moment, ce serait vraiment 'tough' pour moi. Je ne pense pas que j'aurais été capable de me rendre tout en étudiant. Dans une année normale, c'est vraiment beaucoup à jongler. »

Il a pu l'expérimenter l'an dernier, sur le circuit de la Coupe du monde.

« C'est difficile. L'an passé, c'était un peu plus facile parce que la plupart de mes cours étaient en ligne. J'ai quand même été capable d'aller aux Championnats mondiaux et à quelques Coupes du monde. C'était pas mal difficile de finir mes courses et de me rendre directement à ma chambre d'hôtel pour effectuer mes travaux scolaires. »

« L'an prochain, j'espère quand même faire un bon nombre de courses, mais ça va certainement être plus difficile et ça va dépendre un peu de ce que mes professeurs diront. »

Surtout qu'avec le programme de physique et de mathématiques, il n'a pas choisi le plus simple des cursus.

« Ça se peut que non, mais moi j'aime vraiment ça. Ça me donne de l'énergie de pouvoir travailler ces matières. (...) J'ai travaillé pas mal fort au secondaire pour essayer d'avoir de bonnes notes, d'avoir un bon [dossier] pour me rendre là. Je suis vraiment content de pouvoir combiner une bonne éducation et une carrière de ski de fond de haut niveau. »

Un rêve?

Plusieurs avouent d'emblée que d'étudier à Harvard est un rêve pour eux. Ce n'était pas nécessairement le cas pour Drolet, qui a plutôt opté pour l'université de la banlieue de Boston en raison de son équipe de ski.

« Pour moi, c'était important d'avoir une école où je pourrais poursuivre des études à un haut niveau et avoir une bonne éducation. C'était quand même important pour moi d'avoir une bonne équipe de ski autour de moi pendant que j'étudiais pour que je puisse sortir de l'école et continuer de skier après si ça me tentait. »

Il a ensuite contacté l'entraîneur de l'équipe de ski de fond, qui l'a aidé dans le processus d'application, car il a bel et bien proposé son dossier et n'a pas été recruté par la maison d'enseignement.

« Ça m'a aidé à rentrer un peu, mais c'était quand même beaucoup d'efforts académiques et dans l'application elle-même pour rentrer. »

L'hiver, l'équipe s'entraîne sur un parcours de golf de la région qui aménage des pistes en neige artificielle.

« On n'est pas tellement loin du New Hampshire et du Vermont. Ça nous permet de conduire pas trop longtemps afin de skier sur de bonnes pistes », ajoute-t-il.

Quant à son avenir hors des pistes, l'athlète de 21 ans n'est pas encore fixé, mais il s'intéresse aux technologies avancées en informatique et en aéronautique.

« Je n'ai pas un plan arrêté en ce moment. Ce serait peut-être le fun de faire un doctorat. Ça, en revanche, je pense que j'aurai besoin d'attendre après ma carrière en ski. »

« Je ne suis pas vraiment sûr de ce que je veux faire avec ça. (...) Ce que je planifie faire dans les prochains étés, c'est de me trouver des emplois qui me permettront de découvrir un peu ce que j'aimerais faire avec mon diplôme après ma graduation. »

Les parents de Drolet viennent tous deux du Québec: son père vient de Chicoutimi; sa mère, de Shawinigan. Ils sont allés dans l'ouest pour les montagnes.

« Ils sont allés pour le ski et ont trop aimé ça pour retourner au Québec! », ajoute Drolet, dont toute la famille éloignée habite dans la Belle Province.

Parions qu'une bonne partie de ces gens seront devant leur téléviseur pour suivre le relais 4x10 km, auquel Drolet participera en compagnie de Graham Ritchie, Antoine Cyr et Olivier Léveillé, dimanche, même si la course sera présentée en peine nuit au Québec.