Même quand il n'est pas au sommet de son art, Mikaël Kingsbury demeure le maître incontesté des bosses.

L'athlète de Deux-Montagnes n'a peut-être pas offert sa performance la plus inspirée en finale des bosses en parallèle aux Championnats du monde de ski acrobatique. Mais ce fut suffisant pour lui offrir la médaille d'or et un sixième titre record en carrière à ce grand rendez-vous, mardi, à Almaty au Kazakhstan.

« Réaliser un doublé en Coupe du monde, une journée après l'autre, c'est déjà difficile. Mais de le faire aux Championnats du monde, non seulement en 2019, et de le refaire cette année, c'est vraiment fou », a reconnu Kingsbury dans le cadre d'une visioconférence à l'issue d'une journée fertiles en émotions.

Kingsbury a totalisé seulement 80,51points, il en avait obtenu 87,74 en quarts de finale, après avoir loupé son saut du bas en arrivant trop vite sur le tremplin du parcours rouge. Mais son rival, l'Australien Matt Graham, a raté son atterrissage sur le saut du bas et il a chuté en fin de parcours.

Kingsbury savait que le défi était de taille, car le parcours rouge était vraiment le plus difficile des deux.

« En finale, j'ai tout donné. Dans la partie du bas, j'étais un peu hors d'équilibre. Je savais que Matt était du bon côté et qu'il pouvait accélérer plus que moi avant le deuxième saut. Moi, j'ai essayé d'absorber le saut et j'en ai peut-être fait un peu trop. À l'atterrissage, j'ai juste entendu un cri à côté de moi et il était par terre.

« Si tu veux gagner, il faut skier jusqu'à la ligne d'arrivée. C'était un bon duel, j'ai vérifié et j'avais moins fait d'erreurs que lui avant sa chute. C'est vraiment mon saut que j'ai manqué parce que je voulais absorber le saut le plus possible pour essayer de croiser la ligne le premier. »

Vingt-quatre heures plus tôt, Kingsbury s'était déjà assuré le titre en simple à ces championnats du monde. À 28 ans, il réédite sa performance des Mondiaux de Deer Valley, en 2019, en réalisant le doublé.

« Être une fois champion du monde, c'est déjà incroyable. Mes six titres représentent un record difficile à rejoindre même si je sais que les records sont là pour être battus. Mais le mien va être extrêmement difficile à battre. »

Satisfaction

Pour se hisser sur la plus haute marche du podium, il s'est imposé à chaque fois contre de grosses pointures. Graham est l'actuel meneur au circuit de la Coupe du monde et vice-champion olympique. En demi-finale, il a aussi disposé du Japonais Ikuma Horishima, double champion du monde en Espagne en 2017.

Ce sacre est d'autant plus satisfaisant qu'il a été à l'écart des pistes pendant plus d'un mois cette saison après s'être fracturé deux vertèbres à l'entraînement début décembre.

« Ma motivation cette année après ma blessure, faute de pouvoir lutter pour le globe de cristal, c'était d'accomplir quelque chose de spécial aux Championnats du monde.

« Ce dont je suis le plus fier aujourd'hui, c'est ma résilience. Il y a eu des moments où je sentais la fatigue dans mes jambes. Mais dans le portillon de départ, je savais que j'avais plus de chances de gagner que de perdre. Je me suis dit 'Donne tout ce qu'il te reste' et ça m'a permis d'aller chercher un autre titre. »

Horishima, vainqueur du Britanno-Colombien Brenden Kelly dans la petite finale, a complété le podium.

Le Québécois Laurent Dumais s'est incliné face à Hiroshima en huitièmes de finale. Gabriel Dufresne, de Repentigny, a fini 19e.

Chez les dames, la Russe Anastasiia Smirnova, âgée de 18 ans, a eu le meilleur de justesse sur sa compatriote Viktoriia Lazarenko.

La Kazakhe Anastissiya Gorodko a défait la Britanno-Colombienne Sofiane Gagnon dans la petite finale et elle est montée sur la troisième marche du podium.

Justine Dufour-Lapointe a été éliminée dès les huitièmes de finale et sa soeur, Chloé Dufour-Lapointe, a perdu son premier duel de la journée pour terminer au 19e rang.

Les soeurs Dufour-Lapointe n'ont vraiment pas connu les Mondiaux espérés, elles qui ont été reléguées 12e et 16e lors de l'épreuve individuelle, lundi.

« Oui, c'est un peu décevant, mais en même temps, je sais que j'ai tout donné en haut de la piste autant aujourd'hui qu'en simple, a expliqué Justine. Il ne faut pas se le cacher, nous avons connu une année hors de l'ordinaire et je n'ai pas eu autant d'entraînement que j'aurais voulu. J'ai travaillé très fort pour être prête pour ces championnats, mais il m'en manquait encore un peu. »

Chloé, elle, savourait le fait d'avoir réussi le saut qu'elle voulait faire en haut de la piste (cork) à son retour à la compétition après une commotion cérébrale subie à Deer Valley, en février.

« Ce n'est peut-être pas le résultat escompté, mais c'est la performance que je voulais faire avec ce saut plus difficile. C'est la première fois de la saison que je me sentais aussi prête à performer. »

Tout ce beau monde a un dernier rendez-vous en Coupe du monde, dimanche, pour une épreuve en duel sur la même piste Shymbulak. Même si Kingsbury a encore des chances mathématiques pour le globe de cristal, il ne se fait pas d'illusions.

« Je veux croire en mes chances, mais ça va prendre des contre-performances des meilleurs pour que je gagne le globe. Sans dire que j'ai fait mon deuil du globe, je vais quand même tout donner. »

Il a pris soin de souligner que si les Mondiaux avaient offert des points au classement de la Coupe du monde, c'est lui qui serait désormais le meneur à la suite de quatre victoires consécutives, ses deux victoires en Coupe du monde à Deer Valley et celles aux Mondiaux.

«J'ai été résilient aujourd'hui»