MILAN (AFP) - L'attaquant brésilien Adriano enchaîne les buts depuis le début de la saison avec l'Inter Milan (1re division italienne de soccer) avec un style et une puissance qui rappellent ceux d'un prestigieux compatriote, ex-Intériste de surcroît, le double Ballon d'or Ronaldo.

"Maintenant, le Brésil sait que quand les Ronaldos (Ronaldo ou Ronaldinho) ne marquent pas de but, il y a Adriano." Après la victoire du Brésil sur l'Argentine en finale de la Copa America, fin juillet, le père de d'Adriano, Almir Leite Ribeiro, avait exulté dans les journaux brésiliens.

Une semaine plus tard, il décédait, à l'âge de 45 ans, peut-être à cause d'une balle perdue, logée depuis dans son cerveau, reçue en 1992 au cours d'un échange de coups de feu entre policiers et bandits dans la favela (bidonville, ndlr) Vila Cruzeiro (zone nord de Rio) où Adriano et sa famille habitaient il y a quatre ans encore.

Depuis, Adriano, 22 ans, met les bouchées doubles sous le maillot de l'Inter Milan et du Brésil pour rendre hommage à ce père disparu.

Profitant de l'absence de Ronaldo à la Copa America, Adriano a terminé meilleur buteur du tournoi (7 buts), arrachant notamment l'égalisation capitale dans le temps additionnel de la finale contre l'Argentine (2-2, victoire de la Seleçao aux tirs au but).

Outre son efficacité, c'est le style, tout en rapidité et en puissance, de ce poids lourd des surfaces de réparation (1,89 m, 87 kg), qui le font ressembler à Ronaldo, enfant lui aussi de Rio de Janeiro. "Il est explosif, et possède qualité de toucher de ballon et de course, un peu comme moi", reconnaissait en fin de semaine dernière Ronaldo, cité par l'agence de presse italienne Ansa.

Indispensable

A Milan, où Ronaldo a laissé un sentiment mitigé en raison de blessures à répétition et d'un départ houleux, sous escorte policière, pour rejoindre en août 2002 le Real Madrid, on commence à murmurer qu'Adriano a tout pour devenir aussi grand - voire plus - que son compatriote.

Depuis le début de la saison, Adriano s'est tout simplement rendu indispensable avec 13 buts en 13 matches (6 en 8 matches de Série A, 7 en 5 matches de Ligue des champions, tour préliminaire compris).

Une performance pour un joueur qui, jusqu'à 17 ans, évoluait défenseur latéral gauche avec Flamengo, comme le rappelle son ex-coéquipier Reinaldo, aujourd'hui au Paris SG (1re div. française): "A 17 ans, il a failli être écarté parce qu'il était trop lourd, pas assez rapide. Il est meilleur attaquant que défenseur! Il a très bien évolué. C'est actuellement le meilleur attaquant en Europe."

Adriano, modeste, sait qu'il a encore tout à prouver. Arrivé en Europe à 19 ans, il n'entame que sa première vraie saison avec l'Inter, qui l'avait d'abord prêté à des clubs de 1re div. italienne: la Fiorentina (janvier à juin 2002) et Parme (juillet 2002 à janvier 2004). "Je suis content, glisse-t-il, mais je dois encore travailler."

Roberto Mancini, l'entraîneur des "Intéristes", ne peut que rendre hommage à son "fuoriclasse" (joueur d'exception) à la moyenne d'un but par match: "Tous les autres joueurs sont forts, mais Adriano lui est un champion. Il est capable de sortir soudainement de l'ombre pour marquer un but souvent important."

Comme tous les "Nerazzuri", Mancini compte sur son jeune attaquant pour offrir à l'Inter son premier Scudetto depuis 1989. L'un des seuls titres - avec la Ligue des champions - que n'a pas gagné Ronaldo.