Belle journée de haute voltige…
Coupe du monde 2014 mardi, 17 juin 2014. 21:18 lundi, 17 mars 2025. 23:26
Ahhh… On ne vantera jamais assez les avantages d’une chevelure riche et bien entretenue. Deux centimètres qui font la différence, hein mon Marouane?
Ce coussin soyeux juste assez fourni pour aller chercher le ballon, juste assez dense pour lui donner ce petit effet amorti et le mettre sous la barre. Franchement, un chauve deux centimètres plus grand aurait pu prendre le ballon, mais l’aurait mis au-dessus. Question de résistance et de dynamique, je suppose… En tout cas, formidable travail de coiffeur, qui devrait être crédité des trois points.
La Belgique poussive, l’Algérie en place
Parce que sur le terrain, ça a été franchement pénible. La Belgique a joué 70 minutes à une lenteur (surtout en première mi-temps) et avec un manque d’idées particulièrement frustrants. Remarquablement bien étouffés par la mise en place algérienne : excellente prise sur Hazard et De Bruyne, les deux accélérateurs du jeu belge (Hazard a deux démarrages qui font une différence en première mi-temps, tous deux après la 40e minute, il sera un peu plus efficace en fin de rencontre, en particulier sur le deuxième but; De Bruyne n’aura rien fait, hormis l’ouverture sur le but égalisateur). Vahid Halilhodzic a installé un système qui joue bas, densifié devant la surface dans laquelle les attaquants belges n’ont pas le droit d’entrer (Lukaku a connu un match absolument atroce).
De l’autre côté, il a parfaitement isolé l’interrogation majeure que l’on soulevait sur la Belgique, à savoir la lenteur de sa défense. Elle est testée une première fois sur une action plutôt anodine, un monumental dégagement de M’Bolhi jusque dans les pieds de Van Buyten, aussitôt pressé par Mahrez qui lui vole le ballon, mais va frapper hors-cadre. Un goût de choses à venir. Six minutes plus tard, Ghoulam est au bout d’une belle construction côté gauche, balance un long centre, sur lequel la défense belge est encore en retard, jusqu’à Vertonghen de l’autre côté, qui accroche Feghouli (lequel vient de lui mettre trois mètres sur son démarrage). Et voilà pour le pénalty.
L’Algérie trop vite, l’Algérie fatigue…
L’Algérie joue vite lorsqu’elle reprend le ballon. Trop vite, parfois, et gâche de nombreux développements à vouloir absolument aller directement sur la défense belge. Elle le paye en deuxième mi-temps : d’abord, Marc Wilmots effectue trois changements essentiels, Mertens offre plus de rythme que Chedli, Origi joue mieux autant face au but qu’en relais que Lukaku, enfin Fellaini offre une présence supplémentaire en attaque, qui va briser l’entente Halliche - Bougherra qui avait extrêmement bien fonctionné face à un attaquant isolé.
L’autre facteur est sans doute un coup de fatigue côté algérien qui leur fait abandonner leur pressing à 30 mètres et laisser De Bruyne ouvrir pour l’égalisation de Fellaini. Crédit à l’Algérie : elle cherche ensuite à redémarrer, cherchant à reprendre l’avantage. C’est là qu’elle se fait contrer, parfaitement, par Hazard et Mertens.
La Belgique s’en sort sans avoir été brillante. Mais il peut s’agir du genre de réaction qui propulse une équipe dans le tournoi. L’Algérie est passée à côté d’un très gros résultat. Au vu de ce match, elle peut se rattraper face à la Corée et la Russie…
Au plaisir du Mexique
Le Mexique est sans doute l’une des rares sélections qui aime jouer face au Brésil. Généralement, les autres pays apprécient, savourent la perspective. Mais la redoutent plus que tout.
Il s’agit d’une drôle de rivalité, pas la principale pour les deux (Brésil - Argentine et Mexique - États-Unis ont une autre amplitude), mais elle est suffisamment documentée, faite de petites histoires qui en font un match à part (la récente finale olympique, par exemple). Ces dernières années, le Mexique a même eu son lot de succès face au pays hôte. Ces matches-là sont généralement rythmés, vivants et très souvent bien engagés. Ils ont aussi la particularité de sortir le maximum des joueurs mexicains et par là-même forcer le Brésil à sortir de sa zone de confort et se donner à fonds. En fait, depuis que la Seleçao a été reprise en main par Scolari, c’est sans doute la première fois que le Brésil perd autant de duels au milieu de terrain.
Oui, le Brésil a dominé, parfois nettement en deuxième mi-temps, forçant quelques moments de haute-voltige coté mexicain (Ochoa exceptionnel - LA perf’ de gardien pour le moment dans ce Mondial - et à quand remonte la dernière fois où Marquez a joué à ce niveau?…).
Neymar en veut trop
Sûr, le Mexique a été le plus souvent tenu en-dehors de la surface brésilienne. C’était assez attendu et la volonté des Mexicains de prendre régulièrement leur chance de loin souligne à quel point ils étaient prêts à cette éventualité.
Du Brésil, on retiendra un manque assez net de variété en attaque, qui doit être repris en main avant le deuxième tour : Oscar a été moins décisif que lors du premier match, Fred jamais servi et Neymar commence à vouloir en faire trop, oubliant parfois le simple. Coté mexicain, la défense a été furieuse (Ochoa, Marquez, Moreno), mais le travail de Guardado et Herrera au milieu, ainsi que l’apport de Layun sur le flanc gauche méritent d’être soulignés.
Est-ce que ce nul fait avancer les choses pour le Mexique? Le point pris peut éventuellement lui permettre de se qualifier avec un nul - dépendant du résultat de Cameroun - Croatie demain.
Il vient cependant confirmer le redressement d’une sélection à la dérive il y a six mois. En plus, on aime voir Miguel Herrera faire la grenouille devant son banc.
Russie - Corée: décousu mais incertain
Le dernier match, censé achever la première journée des groupes aura été une affaire confuse, bordélique, décousue… mais pas désagréable à regarder.
Sur l’ensemble, la Corée est apparue mieux organisée, mais les deux ont de graves problèmes défensifs à régler avant tout. Qu’Akinfeev ait choisi ses gants en peau de banane pour ce match est sans doute embêtant, tout autant que la propension de la défense russe à laisser les Coréens frapper à distance une demi-douzaine de fois. De l’autre côté, la défense coréenne a été, à l’occasion, d’une naïveté effrayante (que la Russie n’en ait pas plus profité est assez inquiétant) et a réussi à se faire punir par Kerzakhov (le même qui a raté 2,874 occasions à l’Euro) trente secondes après son entrée en jeu. Pas vraiment une grande entrée dans ce Mondial pour les deux et ce Groupe H est bien parti pour être la bataille de rue annoncée.
Reste à savoir si la Belgique saura rester au-dessus…