Peu importe l’angle sous lequel on le regarde, Alan Dzagoev est la vedette qui n’en est pas une.
Membre de l’escouade russe qui a pris l’Euro 2008 par surprise pour rejoindre les demi-finales, où ils se sont inclinés face au futur vainqueur, l’Espagne, Dzagoev était emblématique d’une génération russe qui semblait être destinée à être une puissance européenne pour les années à venir. Mais ce scénario ne s’est jamais réalisé, ni pour lui, ni pour son pays.
La Russie n’a pas réussi à se qualifier pour la Coupe du monde 2010. À l’Euro 2012, les Russes n’ont pas réussi à passer la phase de groupes. Ils ont également été éliminés au même stade de la compétition, sans remporter le moindre match, à la Coupe du monde 2014 et à l’Euro 2016. Qu’est-ce qui est arrivé à la Russie et à Dzagoev ?
Alors que certains de ses coéquipiers comme Andrei Arshavin ou Yuri Zhirkov se sont dirigés vers l’étranger pour faire valoir leur talent dans les meilleurs championnats européens, Dzagoev est resté au CSKA Moscou, club où il joue désormais depuis une décennie. Le CSKA demeure une puissance domestique, qui a remporté trois titres de champion de Russie lors des 10 dernières années.
Si, avec ses trois buts et sept passes décisives, Dzagoev a joué un rôle important dans la conquête du titre, il semble qu’il aurait été capable d’évoluer à un meilleur niveau. Mais pourquoi quitter la maison quand on n’y est pas contraint? La fédération russe a mis en place des règles qui restreignent le nombre d’étrangers autorisés dans chaque équipe, comme moyen de développer le talent local. Les équipes russes payent donc le gros prix pour attirer des joueurs russes de calibre international comme Dzagoev, l’un des plus gros salariés du championnat. Dzagoev ne joue ni en Serie A ou en Bundesliga, mais il est payé comme si c’était le cas.
Le milieu de terrain de 27 ans pourrait aider la Russie à réaliser des performances inspirantes devant son public. Dans un groupe qui comprend l’Uruguay, l’Égypte et l’Arabie Saoudite, l’équipe de Stanislav Cherchesov pourrait se faufiler en deuxième ronde. Alors que Denis Glushakov n’a pas été sélectionné, Dzagoev aura pour tâche d’alimenter l’attaque. Il sera probablement positionné plus haut, derrière l’attaquant de pointe, dans un milieu à cinq. S’il peut servir le buteur Artem Dzyuba dans de bonnes conditions, la recette russe pourrait fonctionner.
Même si cette Coupe du monde n’effacera pas les échecs successifs dans les dernières compétitions internationales, elle est l’occasion pour Dzagoev et la Russie de changer une trame narrative peu flatteuse.