PARIS (AFP) - Après s'être indignés la veille du coup de tête de Zinédine Zidane en finale du Mondial de football, les médias internationaux s'interrogaient mardi sur le rôle qu'a joué sa victime, l'Italien Marco Materazzi, dont certains n'hésitent pas en faire leur principal accusé.

Vingt-quatre heures après avoir traité Zidane de fou, de vilain, voire de criminel, les médias ont commencé à lui trouver des circonstances atténuantes en mettant l'accent sur la "provocation" dont ce serait rendu coupable Materazzi.

Qu'a dit le défenseur italien pour faire sortir ainsi des gonds "l'homme le plus cool de la planète"? Pour tenter de répondre à la question, reprise en long et en large dans le monde entier, plusieurs médias ont fait appel à des experts en lecture labiale.

Ainsi en Grande-Bretagne, The Times, The Sun et le Daily Mail arrivent tous à la même conclusion. "On sait tous que tu es le fils d'une pute terroriste", aurait lancé Materazzi à Zidane.

Le Daily Express affirme lui avoir appris ces termes insultants via l'entourage de l'équipe de France.

La chaîne de télévision brésilienne Globo avait interrogé dès lundi des spécialistes qui sont arrivés à la conclusion que Materazzi aurait traité la soeur de Zidane de "prostituée".

Materazzi, aucune excuse

D'autres, comme le quotidien sportif espagnol Marca, assurent que c'est la mère du joueur qui aurait été visée. "Il a insulté sa mère et l'a appelée terroriste", titre en Une le journal, selon lequel Zidane terminait systématiquement toutes ses récentes interviews par les mots "maman, je t'aime".

"+Ta maman est une pute+" - Est-ce à cause de cette insulte que Zidane a pété les plombs ?", s'interroge le journal populaire allemand Bild.

"Zinédine Zidane traité de terroriste!" s'indigne-t-on, via le journal Warta Kota, en Indonésie, plus grand pays musulman du monde où Zidane est adulé.

Dans La Gazzetta dello Sport, Materazzi avoue avoir lancé à Zidane "une insulte qu'on s'entend dire des dizaines de fois et qui nous échappent souvent sur le terrain".

Mais dément l'avoir traité de terroriste. "Je ne suis pas cultivé et je ne sais même pas ce que c'est un terroriste islamiste", assure-t-il.

Quoi qu'il en soit, la presse n'est pas loin de retourner sa veste. "Zidane n'a aucune excuse .. et Materazzi non plus", résume Marca qui tente un numéro d'équilibriste.

Le quotidien bulgare 24 Hours daily dédouane lui Zidane en estimant que "pour les guerriers du Maghreb, il n'y a pas de pire insulte que celle touchant à la famille et aucun règlement peut empêcher qu'on y réponde".

Le journal tunisien Le Temps affirme dans un éditorial que "si Zidane a donné ce coup de boule, c'est parce que le joueur italien, habitué à la sale ambiance qui règne dans les stades transalpins, a dû lui dire une phrase humiliante."

"Je dis bien humiliante, ajoute l'éditorialiste, car les Arabes ont trop longtemps été humiliés. Et l'histoire, si elle a un jour le courage de dénoncer Materazzi, donnera raison à ce magicien du ballon."

Héros épique

Pour le quotidien russe Sovietskiï Sport, "la provocation de Materazzi contre Zidane a sali la victoire de l'Italie".

Les médias relèvent presque à l'unanimité "la mauvaise réputation de Materazzi", comme le Quotidien d'Oran qui remarque que "même si le geste de Zinédine Zidane est critiquable, voire condamnable, cela ne justifie pas qu'on omette de s'interroger sur les propos du joueur italien qui n'est pas, loin s'en faut, un modèle de sportivité".

Même la presse italienne rappelle que Materazzi est coutumier des provocations et des bagarres. "Les adversaires se plaignent souvent de son jeu violent", raconte notamment La Stampa.

Parallèlement, de plus en plus de médias affichent leur sympathie pour Zidane. Certains estiment même que son coup de sang, loin de ternir son image, le fait au contraire entrer définitivement dans la légende.

"Si quelqu'un avait des doutes sur le fait que Zidane était un des meilleurs joueurs de l'histoire du football, après la finale on n'en a plus!", écrit notamment le quotidien populaire russe Komsomolskaïa Pravda, avant d'ajouter: "Seul un héros épique, un titan, un Hercule pouvait partir comme ça."