WASHINGTON (AFP) - L'étonnant parcours des Etats-Unis, qualifiés pour la deuxième fois de leur histoire en quarts de finale du Mondial de soccer, ne traduit en rien une meilleure santé de ce sport qui reste toujours dans l'ombre des quatre grands: baseball, football américain, basketball et hockey sur glace.

Sur les quelque 17 millions de licenciés, la grande majorité sont des mômes. Ces enfants de 5 à 13 ans que les "soccer moms" (mamans soccer) accompagnent les week-ends sur les terrains, pour un sport récréatif et beaucoup moins dangereux que le football américain par exemple, où peuvent aussi se mêler filles et garçons.

Si certains poussent ensuite l'expérience jusque dans les championnats universitaires, la grande majorité n'en conservent qu'un gentil souvenir ou passent très vite à autre chose, un sport d'avenir en termes de notoriété et de dollars comme le baseball.

La Ligue professionnelle (MLS), née au lendemain du Mondial-94 aux Etats-Unis, a fait une approche plus prudente que la défunte NASL (1967-84), celle qui avait misé sur la venue d'anciennes étoiles comme le Brésilien Pelé avec le Cosmos de New York.

Les étrangers ont encore une place dans la MLS, à l'image du Bulgare Hristo Stoïchkov (Chicago) et du Bolivien Marco Etcheverry (DC United), ou encore du Sénégalais Mamadou Diallo (New England). Mais à dose réduite, afin de faire place aux jeunes produits des universités US ou aux talents révélés dans des championnats européens.

Ennuyeux

Prudence et patience sont d'ailleurs les maîtres-mots d'une MLS ficelée par les trois milliardaires que sont Lamar Hunt (propriétaire de trois équipes), Robert Kraft (une) et Phil Anschutz (six). Mais la Ligue n'a toujours pas réussi à s'implanter, bien au contraire, elle a dû supprimer deux équipes pour retomber à 10 clubs, avec pour argument peu convaincant un "meilleur positionnement à court et à long termes."

Dans un pays où l'on aime les gagnants, les dames ont gagné le respect en brandissant leur Coupe du monde en 1999 et en figurant toujours en bonne place sur l'échiquier mondial. Elles ont depuis une ligue et une joueuse comme Mia Hamm, qui est devenue un produit publicitaire qu'aucun des garçons ne peut, à l'heure actuelle, lui contester.

Le soccer a aussi du mal à charmer les caméras de télévision, celles des grands réseau comme ABC et NBC, ou des chaînes câblées comme le roi du sport qu'est ESPN. ABC et ESPN ont acquis les droits du Mondial 2002 aux Etats-Unis, mais la première n'y accorde qu'une place infime et la seconde passe souvent la main à des petites soeurs (ESPN II et Classic) ayant encore moins d'entrée dans les foyers américains.

Les chaînes préfèrent de loin dérouler un tapis de billets verts pour le baseball, le football américain, le basketball et le hockey, sports taillés sur mesure pour la publicité. De plus, le public américain, habitué aux chocs du football US ou aux larges scores du basketball, s'ennuie à regarder un match qui se termine sur un 0-0 ou un 1-0.