Quand la pandémie de coronavirus a frappé l'Europe en mars, l'idée de reprendre les saisons de soccer professionnel semblait inconcevable et même inappropriée.

Toutefois, le soccer reprendra au cours des sept prochains jours dans trois pays où ce sport règne et où la pandémie a été particulièrement dévastatrice, l'Italie, l'Espagne et l'Angleterre.

L'ambiance sera toutefois un peu différente, comme on a pu le voir notamment en Allemagne, au Danemark et en Pologne, qui ont été parmi les premiers pays à reprendre les activités sportives professionnelles.

Les partisans n'ont pas accès aux stades et sont remplacés par des bruits artificiels de foule, tandis que les tests de dépistage de la COVID-19 font maintenant partie de la routine des joueurs.

Quand la Liga espagnole reprendra jeudi après une absence de trois mois avec un derby entre le Séville FC et le Real Betis Balompié, ce qui est habituellement l'une des rivalités les plus colorées du soccer perdra un peu son charme.

En Italie, l'action reprendra le lendemain avec un match demi-finale de la Coppa Italia entre la Juventus et l'AC Milan. Deux des équipes les plus prestigieuses d'Europe joueront devant des gradins vides.

Puis, la ligue la plus lucrative et populaire au monde sera de retour le 17 juin, quand deux matchs de l'English Premier League seront présentés, dont un entre Manchester City et Arsenal. Même si les écoles sont toujours fermées et que plusieurs victimes de la COVID-19 sont toujours rapportées chaque jour.

Les émotions seront partagées, mais le soccer sera néanmoins de retour.

«Nous sommes presque là, j'ai tellement hâte, a dit le milieu de terrain de l'Inter Milan Antonio Candrevas, qui jouera contre le SSC Naples en Coppa Italia, samedi. La pelouse verte, mes coéquipiers, les émotions que seulement ce sport nous permet de vivre.»

Le directeur du réseau des partisans de football d'Europe, Ronan Evain, a affirmé que le désir pour le retour du soccer n'était pas particulièrement fort chez les amateurs qui fréquentaient les stades.

«Les pays du sud de l'Europe sont fortement contre la reprise, a dit Evain à l'Associated Press. Ils ont le sentiment qu'il est encore trop tôt pour le faire, que c'est irrespectueux pour les pays qui ont été sévèrement touchés par le virus et que le football derrière des portes closes n'est pas du football.

«Il y a de la grogne assez forte dans des pays comme l'Espagne, l'Italie, le Portugal et la France, mais c'est plus toléré en Angleterre ou dans les pays scandinaves. En Angleterre, par exemple, l'argument économique est mieux accepté.»

Evain vit en France, là où toutes les saisons ont été annulées le 28 avril quand le gouvernement a interdit les événements sportifs jusqu'en septembre. La même décision avait déjà été prise aux Pays-Bas et en Belgique, tandis que l'Écosse allait la prendre un peu plus tard.

«Peut-être que certains amateurs qui suivent les matchs à la télé sont fâchés de ne pas pouvoir regarder du football, a dit Evain au sujet de la situation en France, mais la grande majorité des partisans qui avaient l'habitude d'aller dans les stades appuient la décision du gouvernement d'avoir mis fin à la saison. C'est la même chose du côté des joueurs.»

Le premier pays majeur de soccer à avoir repris ses activités a été l'Allemagne, au grand chagrin des ultras qui étaient contre la présentation de matchs à huis clos, et la Bundesliga a servi de laboratoire d'observation pour les autres ligues européennes.

Aucun cas de la COVID-19 n'a été rapporté dans la première division depuis la relance de ses activités le 16 mai et la reprise du soccer a été considérée comme un succès. L'Allemagne n'a toutefois pas été touchée aussi sévèrement par le virus en raison de sa capacité à effectuer des tests de dépistage.