L'Impact passe à l'histoire et en finale de la Ligue des Champions
Impact mercredi, 8 avr. 2015. 09:12 mercredi, 11 déc. 2024. 21:49ALAJUELA, Costa Rica - Il y a tant à dire sur cette rencontre, mais le meilleur qualificatif pour la décrire serait certainement « historique »! Des partisans survoltés, trop au goût d'un joueur qui crie au racisme, un entraîneur qui passe pour un génie, une avalanche de buts, un capitaine qui se lève et surtout une finale de la Ligue des Champions pour l'Impact.
Par où commencer? Ah oui, l'Impact a marqué l'histoire! Avec une défaite de 4-2, certes, mais qui a plus que jamais une saveur de devoir accompli. Deux buts à l'étranger. C'est tout ce dont avait besoin un onze montréalais souffrant pour accéder à la finale de la Ligue des Champions de la CONCACAF. Se présentant devant les médias avec un poids en moins sur les épaules, Frank Klopas avait un message pour les amateurs de soccer au Costa Rica. « Je lève mon chapeau à Alajuela! Ils ont très bien joué et l'ambiance dans le stade était incroyable. J'aimerais remercier tout le monde qui a fait de ce match une réussite. Je m'ennuyais de cette énergie de la foule. Disons qu'en voyant Herediano avec l'avantage dans l'autre demi-finale, je ne me plaindrais pas de revenir ici. J'aime le Costa Rica, il a été bon pour moi! »
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Bien qu'il ne soit pas entièrement satisfait de la performance de l'équipe, principalement en possession de balle en milieu de terrain, le chef du navire montréalais a rendu crédit à ses joueurs. Actif comme à son habitude devant son banc, Klopas a effectué des changements opportuns qui sont à l'origine du résultat positif de l'Impact.
« L'entraîneur paraît toujours pour un génie lorsque ça fonctionne, a lancé Klopas, visiblement fier de son coup. Je donne tout le crédit à Patrice (Bernier) qui a été solide, positif, et qui a apporté son expérience lors de son entrée sur le terrain. Il a fait une belle passe pour Andrés Romero qui a démontré toutes ses qualités offensives. C'est une belle victoire d'équipe. »
Des propos qu'ont été visiblement appréciés par les principaux intéressés, notamment par le capitaine.
« J'ai seulement essayé d'exécuter ce que je sais faire de mieux, soit faire jouer les autres et ç'a bien fonctionné. C'est bien de contribuer, car ce deuxième but était vital. Je ne veux pas extrapoler trop loin, mais le rêve, c'est d'aller jouer contre des grands clubs européens. »
Romero, qui revenait d'une blessure, était lui aussi très heureux d'avoir laissé sa marque sur ce match avec un superbe filet.
« Je crois que l'équipe avait besoin de ce gros but. Je ne pensais pas que la passe allait se rendre à moi, mais dès que j'ai vu que j'avais une chance, je me suis dit que je devais marquer. »
Il ne faudrait quand même pas oublier celui qui a amorcé le tout pour le onze montréalais. Jack McInerney, boudé quelque peu depuis le début de la saison, mais maintenant avec deux filets en deux matchs, a pris les choses en main avec un superbe but à la 43e minute qui a fait taire la foule jusque-là très engagée dans la rencontre.
« Ce qui est bien avec ce but, c'est que nous l'avions planifié dans le vestiaire avant le match! Nous avions eu l'opportunité de faire un jeu semblable contre Orlando City, la semaine derrière, mais ça n'avait pas fonctionné. Nous nous sommes donc parlé pour faire les ajustements et nous avons marqué », a raconté l'attaquant.
Non, pas encore...
Oui, l'Impact passe en finale, mais Montréal a eu chaud! Plus chaud que sur le bord de la piscine la veille! Si certains partisans ont cru être en train de revivre l'écroulement contre Santos Laguna en deuxième demie, eh bien dites-vous que vous n'êtes pas les seuls. Les joueurs aussi.
« Lorsque nous les avons vus revenir avec un but rapide dès la reprise, puis avec des attaques à répétitions, nous nous sommes dit : "Ah non, pas encore!". Quand Andrés a marqué à 72e, ce fut un petit soulagement », a rajouté McInerney qui ne s'est pas gêné pour laisser savoir à la foule ce qu'il pensait d'eux au coup de sifflet final à l'aide d'un geste discutable. Ce sentiment de déjà-vu était d'ailleurs collectif.
« Oui, comme tout le monde j'étais nerveux jusqu'à la fin, mais maintenant nous sommes en finale! », termine Romero tout souriant.
Evan Bush, l'une des cibles principales des partisans d'Alajuelense qui n'ont pas hésité à lancer des objets en sa direction, avoue que ce n'était pas le scénario idéal.
« C'est peut-être le meilleur match de quatre buts dans ma carrière, mais disons que ce n'était pas le meilleur plan. Plusieurs gars avaient de mauvais souvenirs qui revenaient à la surface dans les arrêts de jeu. » Même si Klopas, tout comme la majorité de l'équipe, n'a pas vécu le cauchemar de 2009, il était conscient que c'était quelque chose qui trottait dans la tête de ses joueurs. « Je regardais ce match à la télévision à l'époque. Même si j'essayais de ne pas trop y penser, le souvenir était bien là. Au moins, ce fut une fin de match excitante pour tout le monde. »
Oduro, victime de racisme?
Pour terminer. Ah oui, les partisans! La foule hostile qu'attendait l'Impact a répondu présente. Dans les faits, trop présente. Tout au long de la rencontre, les Montréalais ont dû composer avec près de 18 000 partisans en folie, bien qu'assommée par moment par les buts opportuns de l'adversaire. Être passionné et en amour avec son équipe, c'est une chose. Lancer des objets vers les joueurs et les insulter durant le match en est une autre. Cependant, certains excessifs ont dépassé les limites et c'est Dominic Oduro qui en a été la victime.
« Je suis très embarrassé présentement. Des partisans faisaient des bruits de singe lorsque j'étais près d'eux et me criaient des propos racistes. Avec les efforts de la FIFA pour contrer ce fléau, je ne peux pas croire qu'il y ait encore ce genre de gestes stupides. Surtout à l'époque où nous vivons », a exposé l'attaquant ghanéen à un collègue costaricain.
« Les joueurs adverses tentaient même de me calmer (comme on peut le constater sur la photo), car j'étais en furie! J'espère sincèrement que la CONCACAF va revoir ces agissements. » Ces réactions à chaud viennent évidemment ternir une ambiance qui était pourtant électrisante dans l'Estadio Alejandro Morera Soto. Notamment après le troisième but marqué par La Ligua, qui donnait alors un espoir réel de remontée. Les gradins tremblaient, soumis aux sauts de joie de la foule.
Cette histoire, qui sera d'ailleurs à suivre, n'enlève toutefois rien à l'expérience sportive incroyable qu'était ce match historique.