Descendu de son nuage, Daniel Lovitz est prêt à bosser
Impact samedi, 9 févr. 2019. 07:00 vendredi, 13 déc. 2024. 22:01MONTRÉAL – Quelques minutes après avoir laissé l’appel le plus important de sa vie tomber dans sa boîte vocale, Daniel Lovitz s’est retrouvé dans une toilette de Las Vegas avec l’inconfortable impression que son cœur venait d’arrêter de battre.
L’homme qui lui avait laissé un message s’appelait Gregg Berhalter. Si on est un joueur de soccer américain, c’est un nom qu’on veut dans ses contacts. En décembre dernier, Berhalter, bien connu à l’intérieur des cadres de la MLS pour avoir dirigé pendant cinq ans le Crew de Columbus, a été nommé à la tête de l’équipe nationale masculine des États-Unis. L’un de ses premiers mandats a été de former un groupe de 27 joueurs qu’il allait convoquer à un camp d’entraînement de deux semaines, en janvier, en préparation pour des matchs amicaux contre le Panama et le Costa Rica.
Berhalter n’est pas entré dans les détails après le « bip ». Il a simplement dit à Lovitz qu’il voulait jaser et lui a demandé de le rappeler.
« Il s’est écoulé une couple d’heures avant que je sois capable de le rejoindre, une couple d’heures pendant lesquelles j’ai eu le temps de virer fou, racontait le défenseur de l’Impact vendredi soir. Il voulait discuter et c’est une discussion que j’avais très hâte d’avoir. Quand j’ai fini par entendre les mots que j’espérais entendre, ça a été un sentiment indescriptible. »
Il faut être mort en dedans pour ne pas se réjouir pour Lovitz. Il y a deux ans, le natif de la Pennsylvanie avait peine à trouver preneur au sein de sa propre ligue. Après trois saisons sans histoire à Toronto, il s’était présenté à Montréal sans contrat et sa présence au camp d’entraînement n’avait généré à peu près aucune attente. Embauché comme défenseur réserviste, il avait éventuellement profité d’une blessure à Ambroise Oyongo pour s’installer comme titulaire, remportant même le titre de défenseur par excellence de l’équipe au terme de la saison.
L’année suivante, malgré l’arrivée d’un latéral gauche d’expérience en Jukka Raitala, Lovitz a conservé son emprise sur son poste en débutant 29 des 31 matchs auxquels il a pris part. Il a établi un nouveau sommet personnel en amassant cinq passes décisives et a marqué l’un des plus beaux buts de la saison 2018 de l’Impact, procurant à l’équipe une victoire cruciale contre Chicago en août.
Sa sélection en équipe nationale, à 27 ans, doit être considérée comme le triomphe d’un éternel négligé.
« C’était une expérience extraordinaire. Je ne m’en attendais pas, mais ça ne pouvait pas mieux commencer la nouvelle année. Comme joueur, je ne me suis jamais senti comme ça. C’est une opportunité plus grande que nature, mais il ne faut pas cligner des yeux et profiter de tout ce qui vient avec. »
La tête à Montréal
Utilisé pendant 90 minutes dans ses deux premiers matchs en sélection, Lovitz a rejoint ses coéquipiers à Montréal cette semaine afin de se coller au groupe pour la deuxième portion du camp d’entraînement de l’Impact, qui se poursuivra à compter de lundi en Floride.
« Autant j’ai pu aimer mon expérience avec l’équipe nationale, autant je suis heureux d’être ici, a-t-il précisé après avoir participé au dévoilement du nouveau maillot de l’équipe. Je n’ai pas arrêté de penser à la saison qui s’en vient depuis qu’on a perdu notre dernier match. C’est bon de retrouver les gars et j’ai hâte de me mettre au travail. »
Tout indique que Lovitz, pour la première fois de sa carrière, amorcera la saison comme un partant indiscutable. Déjà, l’entraîneur-chef Rémi Garde a confirmé qu’il entendait utiliser Raitala en charnière centrale, où il a dépanné de façon admirable l’an dernier. À gauche, Lovitz est pour l’instant en compétition avec Daniel Kinumbe, une recrue de 19 ans issue de l’Académie, et Émile Legault, un joueur invité de 18 ans.
« Je peux comprendre comment on peut en arriver à cette conclusion, mais ce n’est pas comme ça que je l’approche, nuance avec prudence le vétéran. Ces gars-là s’en viennent faire leur travail et je devrai me présenter pour faire la mienne. Si je finis par être celui qui a une place sur le terrain le jour d’un match, ça sera un bonus. Je veux aider l’équipe à gagner de n’importe quelle façon, c’est pour ça que je me défonce. »
Lovitz vit mal avec le fait que l’Impact n’a pas participé aux éliminatoires durant les deux années qu’il en a porté les couleurs. Avec un entraîneur bien en contrôle de son effectif et l’arrivée d’un nouveau président, il est confiant que la troisième marquera l’atteinte de cet objectif.
« À partir de la deuxième moitié de saison l’an dernier, aucune équipe ne voulait vraiment nous affronter. Il y a bien sûr eu quelques matchs ici et là où on s’est complètement écrasés, dans des moments cruciaux, mais c’est le genre de chose qui arrive dans un nouveau groupe, sous un nouveau leadership. Je crois sincèrement qu’on saura éviter ces pièges cette année. »