MONTRÉAL – À partir de janvier et pour la première moitié du mois de février, les joueurs de l’Impact se sont mis au boulot motivés par des visions d’une saison grandiose marquée par une participation à la Ligue des champions de la CONCACAF et les premiers pas de Thierry Henry à la barre du club. 

Une imprévisible pandémie les a freinés dans leur élan trois semaines seulement après le lancement du projet. 

En juin, les Montréalais ont repris le collier avec de jolies intentions alors que se préparait le tournoi de relance de la MLS à Orlando. Ils n’y ont joué que quatre matchs puis sont revenus à la maison sans la moindre idée de ce qui meublerait le reste de leur été.  

Un mois plus tard, l’horizon n’est toujours pas libre de tout obstacle, mais Samuel Piette est confiant que la troisième fois, celle qui s’amorcera mardi par une séquence de six matchs contre les deux autres équipes canadiennes du circuit, sera la bonne. 

« Là je pense qu’on est parti pour un bon stretch, anticipait le jovial milieu de terrain mercredi lors d’une rencontre virtuelle avec les médias. On sait qu’on a six matchs importants pour le classement et le championnat canadien. On sait aussi que la Ligue travaille très fort pour la Phase 2 du retour au jeu, qu’il y a une proposition sur la table. Je sais qu’il y a beaucoup de choses qu’il reste à régler, mais on s’attend, du moins du côté des joueurs, à ce qu’il y ait une suite. Je pense que là, c’est un peu plus facile pour nous de se concentrer, de voir que la saison est repartie pour de bon et que ça va y aller jusqu’à ce qu’on atteigne les séries. »  

S’il admet que les périodes de préparation répétées ne sont ni sa tasse de thé, ni celle d’aucun de ses coéquipiers, Piette assure que la motivation du groupe est ressortie intacte des longues séquences d’inactivité et d’incertitude qui ont entaché les derniers mois. Un calendrier comprimé alimentant les rivalités, avec une prime un titre de champion canadien à l’enjeu, devrait suffire à requinquer l’envie de tous. 

Pour les joueurs, le principal défi en sera plutôt un d’ordre physique. Forcés de respecter la période d’isolement obligatoire de deux semaines à leur retour d’Orlando, les hommes de l’entraîneur Thierry Henry n’ont repris l’entraînement que le 10 août et n’ont connu que trois jours plus tard les paramètres de leur retour à l’action.  

« C’est sûr que c’est un peu difficile parce qu’à chaque fois qu’on reprend, on a l’impression de reprendre une nouvelle présaison, compare Piette. Donc on reprend tranquillement au début parce qu’on ne veut pas se blesser en partant, on ne veut pas partir en peur et tout de suite y aller all in. Mais en même temps, on sait qu’on n’a pas beaucoup de temps. On a repris depuis à peine deux semaines et on a déjà un match dans moins d’une semaine. Alors trois semaines de préparation, ce n’est pas énorme. C’est sûr que physiquement, c’est demandant, surtout les premiers jours. »

À son retour sous les projecteurs, le onze montréalais sera confronté à un adversaire déjà bien engagé dans ce tournoi à la ronde pancanadien. Les Whitecaps de Vancouver, qui seront les premiers visiteurs de la saison au Stade Saputo, ont déjà disputé un premier match contre le Toronto FC et en joueront un deuxième avant de prendre la direction de Montréal. 

Plus tôt cette semaine, le gardien Clément Diop considérait comme un désavantage de devoir se frotter d’entrée de jeu à un groupe déjà bien rodé. Piette s’est fait l’avocat du diable. 

« C’est sûr que d’avoir deux matchs sous la cravate... Comme je le dis souvent, dans les matchs, tu retrouves plusieurs choses que tu ne peux pas retrouver dans les entraînements. Vancouver aura donc ça en sa faveur. Mais de notre côté, on aura un peu plus de temps qu’eux pour se préparer, que ce soit tactiquement ou physiquement. Il ne faut pas oublier que Vancouver et Toronto ont su quatre jours à l’avance qu’ils allaient s’affronter. C’est très court comme préavis. » 

Pour le reste, « c’est un horaire pas trop intense », ajoute Piette, qui ne se formalise pas du fait que l’Impact devra traverser deux séquences de trois matchs en huit jours. « On a connu ça en début de saison avec la Ligue des champions. Et puis le fait d’avoir deux matchs à Vancouver à la toute fin du calendrier nous permettra de vraiment nous concentrer sur les Whitecaps et de passer moins de temps à l’extérieur de la maison. Moi je trouve que c’est un horaire assez juste. » 

Le numéro 6 compatit toutefois avec les membres du personnel d’entraîneurs, qui devront jongler avec les défis que représentent des affrontements successifs contre les mêmes adversaires. 

« À la fin d’un deuxième match contre la même équipe, on va commencer à connaître nos adversaires pas mal, mais l’inverse sera aussi vrai. Ça sera tout un casse-tête pour les entraîneurs de tenter de trouver un équilibre entre la stabilité et la quête de l’effet de surprise. Pour le troisième match, est-ce que tu restes fidèle à un système qui fonctionne bien ou est-ce que tu tentes de mélanger les cartes? Je crois que c’est au niveau tactique que ce retour au jeu sera le plus intéressant. »