MONTRÉAL – De nombreux jeunes joueurs sont passés à Montréal en coup de vent depuis que l’Impact a joint la MLS, la durée de leur séjour s’avérant inversement proportionnelle à l’ampleur des attentes que le club avait fondées en eux.

Prise dans ce contexte historique, la saison recrue du défenseur Luis Binks détonne.

Arrivé en janvier en provenance de l’Académie du club anglais de Tottenham, Binks, alors âgé de 18 ans, a non seulement rapidement gagné la confiance de ses entraîneurs, mais il ne l’a pratiquement plus jamais perdue. Titularisé dès le premier match de la saison, il a obtenu 14 départs de suite avant d’être laissé de côté en raison d’une suspension en octobre.

Au terme de la saison régulière, le jeune défenseur central avait démarré 20 des 23 matchs de l’équipe, ses 1762 minutes de jeu le plaçant au quatrième rang à ce chapitre parmi l’effectif montréalais.

« Quand je suis arrivé, je ne m’attendais pas à jouer autant de matchs que je l’ai fait, a admis Binks mercredi, quelques heures après que l’Impact eut officialisé son retour sous forme de prêt pour la saison 2021. Je voyais des joueurs comme Rod [Fanni] et Rudy [Camacho], des vétérans établis qui avaient joué en Europe. Je savais que ça serait dur et que je devrais travailler très fort. C’est ce que j’ai fait, j’ai travaillé, j’ai eu ma chance et j’ai su la saisir. »

Le parcours de l'Impact en saison et en éliminatoires

« Je ne crois pas avoir eu le temps de bien digérer tout ce qui m’est arrivé, a-t-il poursuivi. Quand je serai de retour à la maison cet hiver et que je prendrai le temps d’y repenser, peut-être que je pourrai me dire que ça a été pas mal du tout pour une première année. À la même période l’an passé, si vous m’aviez dit que je jouerais au niveau professionnel, je ne l’aurais pas cru. Encore moins si vous m’aviez dit que je jouerais une vingtaine de parties. C’est un bon feeling d’avoir déjà autant de matchs derrière la cravate. »

Binks a parié sur lui-même en se détachant d’un club formateur prestigieux, mais où il jugeait ses possibilités d’avancement limitées. Il a poussé le risque à un autre niveau en se joignant à un championnat qu’il connaissait peu, une ligue qui est encore souvent perçue en Europe comme une solution de dernier recours.

« Quand je me suis retrouvé avec les deux pieds dedans, j’ai réalisé à quel point le niveau ici était élevé, à quel point c’est une ligue en pleine ascension. Je crois véritablement qu’elle pourrait être considérée comme l’une des plus importantes au monde d’ici quelques années. On voit beaucoup de petits joueurs rapides et rusés arrivant de l’Amérique du Sud, des attaquants costauds et physiques de partout dans le monde. On y retrouve beaucoup de diversité et ça a été très bon dans mon processus d’apprentissage. Je n’avais pas réalisé au départ à quel point c’était une ligue de haut calibre. »  

C’est donc sans rechigner que le jeune Anglais, que l’Impact a transféré au FC Bologne, en première division italienne, en août, reviendra pour une deuxième saison à Montréal.

« Je suis heureux de revenir. J’espère que la saison prochaine, on sera en mesure de jouer un peu plus de matchs et que personnellement, je pourrai continuer de les enchaîner. La seule façon pour moi de continuer d’apprendre, c’est de prendre de l’expérience contre de bons adversaires. [Un retour à Montréal] est la bonne chose à faire pour moi. »

Sur le banc à Washington

On vous disait que Binks n’avait « pratiquement » jamais perdu la confiance de ses entraîneurs. Voici ce qu’on voulait dire par là : dimanche dernier, alors que l’Impact s’apprêtait à jouer sa saison contre D.C. United, Thierry Henry a pour la première fois de l’année décidé de laisser de côté sa jeune recrue. Fanni, qui n’avait pas joué depuis presqu’un mois, lui a été préféré en charnière centrale aux côtés de Camacho.

Binks est entré comme substitut à la 82e minute, alors que l’Impact venait de créer l’égalité 2-2.

« J’avais commencé chacun des matchs pour lesquels j’étais admissible jusque-là, alors de ne pas être convoqué pour le dernier de l’année, un match qu’on devait absolument gagner, ça n’a pas été facile à prendre. Mais c’était la décision de l’entraîneur et je la respecte. Il ne m’a pas expliqué ce qui l’a motivée, mais je dois la respecter et en apprendre une leçon parce que ce n’est probablement pas la dernière fois que ça m’arrive dans ma carrière. »

Binks a déjà déplacé son attention sur le Revolution de la Nouvelle-Angleterre, que l’Impact affrontera pour la cinquième fois de la saison le 20 novembre dans un match de barrage qui déterminera l’équipe qui avancera au premier tour officiel des éliminatoires. Même si les trois derniers duels ont été à l’avantage des Revs, il croit que la pression sera sur les épaules des favoris et que le regain de confiance insufflé par la remontée à Washington pourrait donner des ailes aux Montréalais.

Le gagnant de ce match affrontera Philadelphie ou Toronto dans un autre match sans lendemain.

« C’est différent pour moi parce que je suis habitué de voir des séries impliquant des équipes qui tentent d’être promues ou d’éviter la relégation. On ne peut généralement plus remporter les grands honneurs quand on termine au neuvième rang. C’est nouveau pour moi, mais c’est assurément très excitant. »