MONTRÉAL – L’entraîneur-chef de l’Impact Wilmer Cabrera a confirmé lundi l’information divulguée par l’animateur de radio Tony Marinaro à l’effet que le propriétaire de l’équipe, Joey Saputo, avait fait irruption dans le vestiaire après la défaite de 1-0 subie contre le FC Cincinnati samedi soir.

 

Cabrera, qui a mené l’Impact à une seule victoire en quatre matchs depuis son entrée en poste à la fin août, a désamorcé la situation avec humour à 48 heures du coup d’envoi de la finale du Championnat canadien, qui opposera ses hommes au Toronto FC. Afin de mettre les récents événements en perspective, le Colombien de 52 ans a comparé le climat qui règne actuellement au sein du club à celui qu’il a connu à l’époque où le baron de la drogue Pablo Escobar faisait la loi sur son pays natal.

 

« Je sais que vous avez regardé [la télésérie] Narcos, a dit Cabrera. Je faisais partie d’une équipe qui s’appelait América de Cali à cette époque. J’ai bien connu cet environnement, et croyez-moi, c’était plus difficile. C’était di-fi-cile! C’était effrayant. Ce qui s’est passé samedi n’a rien d’effrayant. Pour moi, c’est normal. Tout à fait normal. »

 

Pour quiconque suit l’Impact de plus ou moins près, l’intervention de Saputo n’a rien de surprenant non plus. Même s’il a délégué le rôle de président à Kevin Gilmore en janvier, le propriétaire n’a jamais abandonné son siège dans le stade qui porte son nom et sa présence continue de se faire sentir dans l’entourage du club. Plus tôt cette saison, on l’avait vu invectiver les arbitres le long des lignes de touche alors qu’il devait prendre part à une cérémonie sur le terrain à la mi-temps.

 

Considérant son historique interventionniste et la piètre qualité des récentes performances de ses joueurs, ce n’était qu’une question de temps avant que le naturel revienne une fois de plus au galop. Et cela même s’il avait clamé, le jour de l’embauche de Gilmore, n’avoir « aucune envie de mettre [son] nez dans les opérations du club. »

 

« C’est simple, il est le propriétaire et il est venu dans le vestiaire pour s’exprimer en tant que propriétaire. Ce n’est pas un problème, a insisté Cabrera. Quand vous possédez une maison, vous pouvez y entrer à tout moment pour parler à votre famille. Peut-être que votre femme ne sera pas toujours d’accord! Mais dans ce sport, quand le propriétaire vient parler, ce n’est pas un problème. Il faut être ouvert à ça. »

 

« Je ne suis pas arrivé à Montréal pour changer la culture du club, a ajouté Cabrera. Je suis venu pour m’y adapter. »

 

Samuel Piette croit que les actions de Saputo pourront aider les joueurs à approcher les prochains enjeux qui se dresseront devant eux dans un meilleur état d’esprit.

 

« Je pense que ça a fouetté positivement, estime le jeune milieu de terrain. Je ne pense pas que personne s’est mis Joey à dos. De savoir que la plus grosse personne du club est là pour nous pousser, qu’elle est de notre côté, c’est sûr que c’est encourageant. La situation actuelle est très difficile, mais comme l’a dit l’entraîneur, pour certains c’est peut-être la première fois que ça arrive, pour d’autres non. Chacun le perçoit différemment. Je ne suis pas allé voir chaque joueur pour leur demander comment ils avaient perçu cette action, mais personnellement  je pense que c’était plus pour nous faire comprendre qu’il y a encore un truc à jouer et que ce n’est pas terminé jusqu’à la fin. »
 

Un noyau assez fort
 

Le poids des mots de Saputo pourra être mesuré mercredi soir alors que l’Impact lancera la dernière opération de sauvetage d’une saison autrement perdue. Toucheront-ils la cible? À voir l’inaction récurrente du personnel devant l’adversité des derniers mois, il est permis d’en douter.

 

« Tout le monde connaît l'enjeu »

Et que vaut vraiment la rivalité torontoise, de toute façon, dans un vestiaire où il y a si peu de continuité? Seulement quatre des onze joueurs titularisés lors du dernier match sont à Montréal depuis plus de deux ans. Ils ne sont que deux à avoir vécu les dernières batailles significatives entre les deux clubs.

 

« Je pense que notre noyau est assez fort, défend Piette. Personne ne pense que [Toronto] est une équipe comme une autre. C’est imprégné dans le club. Tout le monde connait l’importance de battre Toronto pour nous nous-mêmes, pour les fans, et pour le club. Et puis dans une finale, c’est exponentiel. Je pense qu’on a un bon groupe, un bon vestiaire pour aller à la guerre contre eux et les détruire. »

 

Le facteur X dans la préparation de l’équipe pourrait  être Patrice Bernier. L’ancien capitaine, qui a été ajouté au personnel d’entraîneurs de l’Impact lors du congédiement de Rémi Garde, a laissé sueur et larmes dans de nombreux duels contre les Rouges. Si les joueurs qu’il dirige aujourd’hui peuvent afficher la moitié de l’amour que Bernier a eu pour ce maillot mercredi, l’Impact aura une chance de causer la surprise.

 

« D’avoir un entraîneur qui vient tout juste de terminer sa carrière de joueur et qui peut nous comprendre, c’est gros. Le fait que ce soit un Canadien qui a à cœur la rivalité Montréal-Toronto, c’est un autre plus », reconnaît Piette.