LONDRES (AFP) - Le soccer anglais s'interrogeait mardi après des accusations portées contre trois entraîneurs et quatre agents dans une émission de la BBC, beaucoup relevant toutefois que la chaîne n'avait pas prouvé de faits précis de corruption.

Désigné comme susceptible de recevoir des pots de vin par deux agents filmés à leur insu, l'entraîneur de Bolton, Sam Allardyce, est celui dont l'image a été la plus écornée par l'émission.

Entraîneur adjoint de Newcastle, après avoir été le bras droit de Redknapp à Portsmouth, Kevin Bond promet de rappeler un enquêteur qui lui propose ce qui ressemble à des dessous de table. La BBC n'a toutefois pas fait état d'un rappel de Bond.

Quant à Redknapp, il lui est surtout reproché d'avoir manifesté son intérêt pour un joueur, sans que son club d'origine ne soit au courant, ce qui est interdit.

La fédération anglaise de football (FA) a diligenté une enquête, qui concerne toutes les personnes citées dans l'émission: "Si nous trouvons des preuves de corruption, nous agirons", a-t-elle mis en garde.

"Nouveau système"

Le ministre britannique des Sports, Richard Caborn, la FA et la Premier League, l'organisme qui gère la 1re division, ont demandé à la BBC de remettre leurs preuves à la commission de la FA qui doit rendre le 2 octobre un rapport sur 362 transferts réalisés par 26 clubs entre le 1er janvier 2004 et le 31 janvier 2006.

Caborn a appelé de ses voeux "un nouveau système de licence" pour les agents et une "transparence financière" lors des transferts.

"Avec les clubs et les championnats, nous avons commencé à changer les règles", a réagi le directeur exécutif de l'Union européenne de football (UEFA) Lars-Christer Olsson.

L'association des entraîneurs (LMA), tout en disant soutenir "toute enquête sérieuse sur le sujet" et "accueillir favorablement" le prochain rapport de la FA, relève "le manque total de substance et de preuve" dans l'émission.

"Il s'agissait surtout d'insinuations", regrette le vice-président de la LMA, Frank Clark, qui a regretté que "tous les entraîneurs soient éclaboussés". "Dans une industrie où il y a autant d'argent, il serait naïf de croire qu'il ne se passe rien d'illicite, mais je ne pense pas que ce soit répandu", a-t-il dit.

"Minorité"

Un agent non cité dans l'enquête de la BBC, Sky Andrew, a assuré que les malversations étaient le fait d'une "minorité" et mis en exergue "les nombreux entraîneurs honnêtes comme Alan Curbishley (NDLR: Charlton) et Arsène Wenger (NDLR: Arsenal)".

Son confrère, John Smith, a souhaité une nouvelle réglementation: "La question centrale, c'est l'absence de régulation. Les règles de la FA ne fonctionnent pas parce qu'elles ne sont pas correctement mises en oeuvre et que tout le monde s'en fout".

"L'émission a porté des accusations et fait des insinuations, mais en réalité il n'y avait pas beaucoup de chair sur l'os", a-t-il poursuivi, relevant que les personnes mises en cause étaient des seconds couteaux "très loin dans la chaîne alimentaire" de la corruption.

Que l'enquête de la FA aboutisse ou pas, la carrière des personnes mises en cause risque de pâtir de l'émission.

Le club de Middlesbrough compte demander des explications à l'agent Peter Harrison après avoir découvert à la télévision qu'il proposait à Chelsea et Liverpool un de leurs espoirs, un footballeur de 15 ans.

Bolton a indiqué qu'elle allait lancer une enquête interne sur les transferts réalisés par Craig Allardyce, le fils de son entraîneur Sam.