YOKOHAMA, Japon (AFP) - Oubliée la demi-finale contre la Turquie (1-0) mercredi, le sélectionneur brésilien Luiz Felipe Scolari avait jeudi les yeux rivés vers la finale dimanche contre l'Allemagne, cette "sélection traditionnelle, froide et calculatrice", dimanche à Yokohama, en clou du Mondial-2002 de soccer.

"Traditionnelle, froide et calculatrice", tels sont en effet les trois adjectifs employés par le "professeur" Scolari au retour d'une séance de délassement dans une piscine, le seul exercice physique des Brésiliens jeudi. Et c'est précisément à la lumière du palmarès allemand que la Seleçao éprouve "un respect terrible" pour leurs prochains adversaires, a-t-il ajouté.

Le destin parallèle des deux finalistes n'a pas échappé à "Felipao": "Les Allemands, comme les Brésiliens, ont connu des difficultés en phase éliminatoires. Quand ils n'ont plus eu la pression pour se qualifier, ils ont été capables de former un groupe très fort".

Le Brésil (six finales, quatre victoires) et l'Allemagne (cinq finales, trois victoires) ont participé en alternance à toutes les finales du Mondial depuis 1950 (à l'exception du rendez-vous dans l'Argentine des militaires en 1978), mais ne s'étaient jamais rencontrés.

A quelques jours de ce sommet historique, Scolari tient avant tout à dissiper la pression qui pourrait peser sur les épaules de ses joueurs: "Je leur ai dit qu'à mon avis, ils étaient déjà champion après toutes les difficultés qu'ils ont surmontées pour arriver à la finale. Je veux que dimanche ils jouent sans pression".

"La détermination est le point fort de l'Allemagne. Si le Brésil peut faire aussi bien que l'Allemagne dans ce domaine, je m'en contenterai. L'habilité de nos joueurs fera la différence pendant la finale", a-t-il ajouté.

Les conseils de Lucio

"Le Brésil a des individualités très fortes, mais je crois encore que le groupe est le point fort de cette sélection", a précisé Scolari, qui peut compter sur un bon connaisseur du football allemand en la personne du défenseur central du Bayer Leverkusen Lucio.

"Quand les joueurs travaillaient à la piscine, j'ai remarqué que Lucio commençait à donner des détails sur la manière de jouer des principaux joueurs allemands, raconte Scolari. Et j'ai été surpris de l'intérêt avec lequel tous les joueurs l'ont écouté".

D'ici à dimanche, Scolari et ses joueurs vont regarder les cassettes des Allemands et travailler leurs propres positions sur le terrain. "Le reste va être du travail d'ordre psychologique, pour que les joueurs soient prêts à livrer un grand match en finale", selon Scolari.

Le Brésil aborde cette finale dans de meilleures conditions que celle de 1998 perdue 3 à 0 contre une équipe de France alors à son zénith.

Ronaldo est de retour vers les sommets alors que la date du 12 juillet 1998 avait marqué le début de ses problèmes, avec un malaise toujours inexpliqué avant le match au Stade de France.

"Je partage le bonheur de Ronaldo. Je partage la joie qu'il montre. Il a suivi au détail près ce que notre docteur lui a dit de faire", se félicite Scolari.

De plus, contre l'Allemagne, Scolari va récupérer Ronaldinho, suspendu contre la Turquie, pour disposer de nouvelles possibilités. Les "auriverdes" peuvent voir l'avenir en rose malgré le ciel gris sur Yokohama, où ils vont s'entraîner vendredi à 16h00 (07h00 gmt). Cela serait dommage de se mettre la pression.