TURIN (AFP) - Le meneur de jeu de l'équipe de France de soccer et du Real Madrid, Zinédine Zidane, a confirmé lundi devant la justice italienne avoir pris de la créatine quand il jouait à la Juventus de Turin.

"J'ai pris de la créatine seulement quand je jouais à la Juventus. Cela ne m'était jamais arrivé auparavant en France, ni maintenant en Espagne", a déclaré Zidane devant le tribunal de Turin (nord), lors du procès pour dopage de son ancien club, la Juventus de Turin.

L'audience a donné lieu à de virulentes polémiques sur l'influence que peut avoir l'absorption de créatine, notamment sur le développement de la masse musculaire.

Le président Giuseppe Casalbore a alors réclamé deux expertises approfondies. La première à l'hématologue Giuseppe d'Onofrio, sur les variations des paramètres sanguins de certains joueurs. La seconde au pharmacologue Eugenio Muller, sur les modalités d'administration des médicaments et sur l'éventuelle augmentation de poids que peut entraîner la prise de créatine.

Interdit à la vente en France, mais en vente libre dans plusieurs pays européens comme l'Italie et la Grande-Bretagne, cet acide aminé est destiné à accroître la masse musculaire. Il ne figure pas sur la liste des produits dopants interdits par le Comité international olympique (CIO).

Trois grammes par semaine

Didier Deschamps, ancien capitaine des Bleus et lui aussi ancien de la Juventus, et plusieurs athlètes français de premier plan comme Jeannie Longo, multiple championne du monde de cyclisme et la championne de tennis Mary Pierce avaient également reconnu une consommation de créatine tout en excluant tout lien avec des pratiques de dopage.

Zidane lui même, lors de sa première déposition devant le procureur du parquet de Turin, Raffaelle Guariniello, en mars 1999, avait reconnu avoir pris "trois grammes de créatine 2 ou 3 jours par semaine" pendant la préparation de la Juve.

Dans ce procès, deux des principaux dirigeants de la Juve, l'administrateur-délégué Antonio Giraudo et le médecin en chef Riccardo Agricola, sont accusés d'avoir distribué des produits dopants à leurs joueurs, de juillet 1994 à septembre 1998.

Zidane était arrivé protégé par des policiers, en compagnie de Gianluca Vialli. Les deux hommes avaient été conduits dans une petite salle du Palais de justice en attendant d'être introduits dans la salle d'audience.

Avant son ancien coéquipier à la Juve, Vialli avait fait une déposition remarquée en déclarant: "Il y a des joueurs qui sont venus ici et ont été traités presque comme des coupables, comme s'ils avaient quelque chose à cacher. Moi même, j'ai l'impression que vous n'en êtes pas convaincus" a lancé Vialli au juge Casalbore.

Lors de la précédente audience, le 12 janvier, Zidane ne s'était pas présenté en raison de ses "obligations professionnelles", avait expliqué son club madrilène dans une lettre au président du tribunal. Or, blessé à la cuisse, le meneur de jeu du Real n'avait pas joué ce week-end et a donc répondu à la convocation du tribunal.

Au cours de sa déposition, Zidane a également confirmé qu'il avait pris des vitamines par intraveineuse comme le lui prescrivait le docteur (Riccardo Agricola). "J'en avais besoin pour disputer 70 matches par an", a ajouté le meilleur joueur FIFA de l'année 2003.

L'enquête avait démarré en juillet 1998 après des révélations de l'entraîneur Tchèque Zdenek Zeman, à l'époque entraîneur de l'AS Rome : "Il est temps pour le football de sortir des pharmacies" avait notamment déclaré Zeman en insistant sur "l'impressionnante masse musculaire" de certains joueurs de la Juventus.

Ces déclarations avaient fait l'effet d'une véritable bombe dans le monde du Calcio et le procureur Guariniello, farouche ennemi du dopage, avait immédiatement ouvert une enquête.

Le procès, qui s'est ouvert le 31 janvier 2002 reprendra, dans l'attente du résultat des expertises, le 11 juin prochain.