PARIS (AFP) - La finale du Mondial-2006 devait constituer l'apothéose d'une carrière en or mais Zinédine Zidane a raté sa sortie définitive des terrains avec le coup de tête asséné à Marco Materazzi qui restera comme une tâche indélébile sur un palmarès hors norme.

Coup de folie, geste impulsif ou acte de révolte face aux insultes répétées du défenseur italien: le monde entier a glosé sur la violente réaction de "Zizou" à la 110e minute de la rencontre quitte à occulter le quatrième sacre de la Squadra Azzurra.

Le N.10, parvenu avec deux finales mondiales à un sommet jamais atteint par un joueur français, pas même Michel Platini, s'est sabordé tout seul et avec lui les chances des Bleus de s'emparer d'une deuxième couronne mondiale, huit ans après la première étoile décrochée à domicile en 1998.

Une fin inexplicable alors que le réveil du meneur de jeu après le premier tour avait été le détonateur du fabuleux parcours de la bande à Domenech, mais bien dans la lignée du caractère volcanique du joueur, exclu à 14 reprises en 17 ans de présence au plus haut niveau.

Elu meilleur joueur du tournoi par la Fifa, le Français avait ensuite écopé de trois matches de suspension, une sanction inutile pour un néo-retraité mais qui a jeté une ombre sur son image consensuelle forgée au fil des trophées et des honneurs.


Malaise

Zidane avait pourtant soigneusement préparé son dernier rendez-vous même si les signes avant-coureurs avaient de quoi inquiéter. Méconnaissable durant la saison 2005-2006 sous les couleurs du Real Madrid, devenu presque un joueur comme les autres, le "maestro" et son état de forme avaient suscité beaucoup d'interrogations à l'approche du Mondial.

Sa prestation pathétique lors du match de préparation France-Mexique (1-0), le 27 mai au Stade de France, avait ajouté du grain à moudre à ceux qui le trouvaient "trop vieux" ou "trop lent".

Le premier tour et ses deux sorties sans relief contre la Suisse (0-0) et la Corée du Sud (1-1) puis sa suspension pour la dernière rencontre décisive contre le Togo (2-0) ont ensuite amplifié un malaise perceptible lors de son remplacement par Trezeguet à la 91e minute face aux Sud-Coréens sans même un regard pour le sélectionneur Raymond Domenech.

Mais les Bleus ont su lui donner une seconde chance et Zidane s'est métamorphosé lors des matches couperets. Replacé juste derrière Henry contre l'Espagne en 8e de finale (3-1), il enchaîne avec ce qui restera son dernier chef d'oeuvre face au Brésil (1-0).

Dribbles, roulettes, passes millimétrées, "ZZ" a sorti sa panoplie complète et réduit Ronaldinho, étoile annoncée de la Coupe du monde au rang de faire-valoir.


Pouvoir d'attraction

Un penalty pour terrasser les Portugais en demi-finale (1-0), un autre tiré "à la Panenka" pour humilier le grand Buffon en finale et Zidane voyait les portes de la légende s'ouvrir en grand.

C'était avant l'égalisation de Materazzi et surtout le coup de tête sur la poitrine du défenseur italien qui anéantissait les espoirs des Bleus en les privant de leur chef d'orchestre à dix minutes de la fin de la prolongation.

Zidane parti sur cette fausse note, les Français ont réussi à tourner la page pour débuter avec succès une nouvelle campagne devant les mener à l'Euro-2008.

Le jeune retraité se consacre, lui, à ses multiples parraineurs pour qui le geste insensé de la finale du Mondial n'a en rien entamé le pouvoir d'attraction "de la personnalité préférée des Français".