WASHINGTON (AFP) - Dix ans après sa disparition, Arthur Ashe reste une légende dans les mémoires, pour ses qualités de champion de tennis, son engagement pour l'intégration des sportifs afro-américains et contre l'apartheid en général, puis pour la lutte contre le SIDA dont il fut victime.

"Au-delà de la grâce et du talent qu'Arthur a apporté sur les terrains, ce sont ses actions humanitaires dont je me souviendrai toujours", affirme Billie Jean King, reine du tennis du temps de la splendeur d'Ashe, devenue capitaine de l'équipe des États-Unis de Fed Cup.

"Arthur Ashe est un modèle dans tous les sens du terme et pour tout le monde, pas seulement les joueurs de tennis", affirme James Blake, l'un des fils spirituels de l'ex-champion qui s'illustre désormais sur le circuit mondial de tennis et avec l'équipe des États-Unis de Coupe Davis.

Ashe est décédé le 6 février 1993 à l'âge de 49 ans, avant de voir Serena et Venus Williams dominer le tennis féminin et Tiger Woods le golf mondial. Avant que l'on construise à Flushing Meadows, théâtre du US Open construise un magnifique Central de 23 000 places portant son nom et qu'une statue de bronze à son effigie soit érigée à Richmond, sa ville natale où il a tapé ses premières balles, défiant le ségrégationisme sous l'oeil vigilant d'un père policier.

"Un messager"

Vainqueur de 33 tournois durant sa carrière, Ashe fut le premier joueur noir à remporter le US Open (1968), à s'imposer en Australie deux ans plus tard, puis sur le gazon de Wimbledon en 1975 contre un Jimmy Connors annoncé pourtant imbattable, et atteind la 2e place mondiale en 1976.

Son palmarès est également riche de victoires en Coupe Davis tant comme joueur que capitaine (1981 à 85).

Mais le court de tennis était loin d'être son unique champ d'action, engagé pour la cause noire en Afrique du Sud et manifestant pour la condition des réfugiés haitiens aux États-Unis, ce qui lui valut une arrestation à l'extérieur de la Maison Blanche, cinq mois avant sa mort.

A 36 ans, il eut sa première alerte cardiaque. En 1992, il révéla courageusement au public qu'il avait contracté le virus du SIDA, après une transfusion sanguine nécessaire à l'opération consécutive à sa deuxième crise cardiaque en 1983, sachant qu'une quotidien national était au courant.

Précisant que son épouse et sa fille n'étaient pas touchées, il annonçait la création de la Fondation Arthur Ashe de lutte contre le SIDA, concluant en ces termes: "Je ne suis pas une victime, je suis un messager".

Un message qui, dix ans plus tard, reste présent dans les mémoires.