Carlos Alcaraz nous avait déjà ébloui à Indian Wells avec une présence en demies, le voilà maintenant le plus jeune champion dans l'histoire du Masters de Miami en 37 ans et le premier Espagnol à remporter l'épreuve! Déjà à son 3e tournoi en carrière après ses titres à Umag de la série 250 l'an passé et Rio de Janiero un 500 cette saison, il garde sa fiche immaculée en Masters 1000! Je craignais qu'il soit fatigué aujourd'hui alors que Casper Ruud connait un magnifique début de match. Le Norvégien est offensif dans à peu près tous les aspects de son jeu et s'offre une belle avance de 4-1. Le problème, c'est que lorsque Carlos retrouve le haut niveau, il faut continuer de le défier ce qui s'avère trop difficile pour Ruud.

Ce qui m'impressionne le plus chez Alcaraz, c'est sa présence de tous les instants en fin de set et de match. Ils se sont tous cassés les dents et pas les moindres: Cilic, Tsitsipas, Kecmanovic et Hurkacz ont été incapables d'y croire jusqu'au bout bafoués par la qualité de balle et les choix judicieux du jeune prodige. L'amortie ne fonctionne pas? Pas de problème, on se débrouille autrement et c'est bien cela le plus intéressant dans son cas: il sait TOUT faire! Attachez vos tuques, Alcaraz va faire trembler bien du monde sur la terre ocre en Europe, sa surface préférée! 

Pour ce qui est de nos Canadiens, la série sous le soleil (soit l'enchainement Indian Wells et Miami) ne se passe pas très bien. Félix Auger Aliassime affronte à son premier match le dur de dur Miomir Kecmanovic, ancien numéro 1 mondial chez les juniors comme lui qui possède une frappe de balle suffisamment précoce pour qu'elle soit embêtante. Quelques fois, c'est plus difficile de bien commencer un tournoi lorsque votre statut vous offre un laissez-passer pour le 2e tour. Le Serbe nous arrive d'une belle présence en quarts dans le désert de la Californie en plus de passer le test face aux lourdes frappes de Jack Sock et un déficit de 1-4 au 1e set. Il se bat farouchement pour remporter la rencontre en 2 manches serrées. Donc il est prêt pour Félix et cela parait dans les moindres détails et du côté de la concentration. Notre Québécois perd son service à 3-3 alors qu'il mène pourtant 40-15. Puis la partie d'après il s'offre 5 chances pour revenir à service égal mais n'en profite pas. C'est tout ce que cela prend pour qu'après, le serbe lui claque la porte au nez. Désireux de retrouver le haut du pavé au plus vite, Félix demande une invitation et le voilà premier favori du tournoi de Marrakech cette semaine.

Denis Shapovalov commet 38 fautes directes en 1:19 de jeu en plus de finir la rencontre sur sa 6e double faute. À sa décharge, Lloyd Harris mène bien ses jeux au service en plus de faire preuve d'une constance pour faire durer l'échange lorsque la situation l'exige tout en profitant des ouvertures lorsqu'elles se présentent. Je sens Denis nerveux et fragilisé par son manque de constance. Il faut aller chercher de l'aide pour surmonter ce qu'il vit émotivement dans les moments, qui inévitablement, font la différence entre une victoire et une défaite. Ceci dit et cela vaut autant pour Félix que pour Denis, pas de panique, la route est longue. Ils sont tous les deux, malgré tout, encore super bien positionnés au classement. Après Miami, FAA est toujours en 9e position alors que Shapo est 15e. Je leur souhaite une belle transition sur la terre battue pour retrouver et bâtir leur capital confiance le plus rapidement possible.

Leylah Fernandez n'a pas de veine à Miami alors qu'elle est confrontée à tout un défi d'entrée face à la revenante Karolina Muchova, 19e au monde l'an passé avant d'être blessée assez gravement aux abdominaux. Il s'agit pour la tchèque d'un premier tournoi depuis le US Open l'an dernier. Forcée de sortir les crocs pour se défaire d'abord de sa compatriote Tereza Martincova en 2 bris d'égalité, Muchova se donne à l'extrême et aura besoin de se servir de toute sa palette de coups pour stopper les élans de notre Québécoise en fin de 2e set. Encore une fois Fernandez donne tout ce qu'elle a pour créer un revirement mais s'avoue vaincue en 2:13 après un combat intense en fin de match. Il n'y a pas de honte, loin de là, à s'incliner devant le grand talent et frappes costaudes de la Tchèque. Avec 10 balles de bris au compteur mais seulement 3 converties, voilà où le bât blesse. C'est aussi décevant d'être 18e tête de série et devoir se farcir une joueuse de ce calibre. Normalement son rang devrait lui assurer une entrée en matière plus clémente...

Quant à elle, Rebecca Marino démontre beaucoup de détermination pour s'extirper des qualifications et mener Katerina Siniakova (53e) 6-3, 2-0 au 1e tour. Tout roule jusque là alors qu'elle détient toutes les cartes pour filer tout droit vers la victoire. Malheureusement, c'est comme si elle vit un vilain coup de barre ce qui permet à l'adversaire d'enfiler les parties comme on enfile les perles. C'est vraiment dommage parce que Becca a le jeu. Il faut maintenant que le corps suive.

Dans un autre ordre d'idée, avec la retraite à 25 ans de l'Australienne Ashley Barty, la Polonaise Iga Swiatek devient la digne héritière du trône et la première polonaise au sommet de la hiérarchie. Tout à fait mérité quand on considère jusqu'à quel point elle est dominante alors qu'elle triomphe lors de ses 3 derniers tournois, tous de la catégorie Masters 1000. La championne de Roland Garros en 2020 mène sa carrière avec un heureux mélange de bonne humeur à l'entrainement, d'un appétit grandissant pour tout ce qui est fait avec excellence et d'un profond désir qui l'amène à l'amélioration. Vous ne serez donc pas surpris d'apprendre  que depuis 2019, Swiatek voyage sur le circuit avec sa propre psychologue Daria Abramowicz. Pas étonnant donc qu'il faut désormais écrire son prénom de cette manière: 1ga. 

Elle devient seulement la 4e joueuse à réussir le doublé Indian Wells/Miami après Steffi Graf, Vika Azarenka et Kim Clijsters. Avouez que malgré la défaite, ce fut tout de même une grande semaine de tennis pour Naomi Osaka qui avance de 41 places au classement pour se retrouver 36e. Ses belles victoires face à Kerber, Collins et Bencic sont extrêmement encourageantes. C'est juste que Swiatek dispose d'une phénoménale force de frappe et grande volonté doublée d'une capacité à martyriser l'adversaire en lui faisant faire du gauche/droite INTENSE. Cela expose ainsi les progrès que Naomi se devra faire à l'entrainement lors des prochaines semaines pour retrouver sa forme et rapidité d'antan. Bien heureuse aussi de la voir sereine au micro lors de la cérémonie de fermeture. Encourageant!!!

Allons-y maintenant de quelques nouvelles qui ont fait jasé durant le tournoi. Après avoir réussi à nous convaincre qu'il est désormais heureux comme un poisson dans l'eau, Nick Kyrgios pète les plombs face à Jannick Sinner en ronde des 16 devant certaines décisions de l'arbitre Carlos Bernardes. Raquettes fracassées, mots grossiers et attitudes malveillantes et injurieuses, tout y était. Comme c'est triste de détruire en peu de temps tous les efforts encourus pour s'améliorer. Pourtant, au micro de Tennis Channel, il avouait, 24 heures plus tôt, n'avoir jamais été aussi heureux dans sa vie. Les instances du jeu choisissent de le punir financièrement à Indian Wells et Miami pour un total de $60k. Triste de le voir perdre ainsi le contrôle de ses émotions...

Pendant ce temps, la championne du US Open Emma Raducanu passe au cash...dans le bon sens. Depuis la percée du Britannique Lewis Hamilton en Formule 1, on n'a jamais vu un tel engouement en Angleterre pour un sportif de haut niveau. Emma attire les commanditaires comme le miel les abeilles. Les raisons sont nombreuses: elle est belle, jeune et possède une potentiel tennis très grand tout en ayant hérité d'origines multiculturelles: née d'un père roumain et d'une mère chinoise. Raducanu a donc signé avec les marques de prestige suivantes: British Airways, Evian, le groupe Vodafone, Tiffany, Dior, Nike et Wilson. Chaque compagnie s'engage à lui offrir de 2 à 4 millions de dollars par année. Tant mieux pour elle mais attention, il faudra aussi la protéger de la pression qui étouffe car Emma n'a gagné que 4 matches depuis le US Open et que 2 en cette année 2022.

Offrons maintenant des pensées de prompts rétablissements à Daniil Medvedev opéré samedi pour une hernie. Cela explique donc pourquoi son jeu manquait de mordant. Faudra voir combien de temps il devra s'absenter. On prévoit de 4 à 8 semaines. Quant à lui, Mateo Berrettini passe sous le bistouri pour régler un problème à la main droite. L'Italien fouette la balle violamment en coup droit, dur dur à long terme pour les ligaments et tendons. Avec Rafael Nadal qui souffre d'une fissure à une côte cela fait donc 3 membres du top 10 sur le carreau.

Voici maintenant la citation que je retiens durant ce tournoi et qui appartient à Marion Bartoli, championne de Wimbledon en 2013. La Française commente la décision prise par l'Australienne Barty qui tranche dans ce monde avide de gains en prenant sa retraite alors qu'elle est au sommet de son art et encore jeune à 25 ans. On se souviendra qu'après son titre au All England, Marion a vécu un grand vide. Elle s'explique: « Quand tu as couru après quelque chose qui apparaissait impossible et que tu l'as, après, tu n'arrives plus à repartir. Il faut savoir qu'une carrière au tennis représente un don de soi au quotidien et la capacité d'endurer de grandes souffrances. En triomphant à Wimbledon l'an passé ce qui représente le rêve d'une vie, Ash en rajoute en vivant l'ultime rêve en gagnant chez elle à Melbourne, devant famille et amis. Cerise sur le sundae, Barty reçoit son trophée des mains de celle qui représente l'inspiration de sa vie, Evonne Goolagong. Voilà pourquoi elle arrête: elle a trouvé son bonheur ». 

Pour vivre d'autres petits et grands moments je vous convie à notre prochain rendez-vous en direct de Monte Carlo du 10 au 17 avril prochain. La terre ocre de nos ancêtres nous appelle...