NEW YORK, États-Unis - Elles vivent un conte de fée et font souffler un vent de fraîcheur sur le tennis: Emma Raducanu, 18 ans, et Leylah Fernandez, 19 ans, s'affrontent samedi pour le gain des Internationaux des États-Unis, dont elles sont devenues les princesses, mais une seule sera couronnée.

Non, cette finale des deux « adolescentes » talentueuses n'est pas celle du tournoi junior et ne se joue pas à Disney World. 

Pourtant, la sensationnelle Raducanu (150e mondiale) a tout d'une « Cendrillon », car elle est partie de très loin pour atteindre la dernière marche à Flushing Meadows. Jeudi soir, elle est en effet devenue la première joueuse de l'histoire issue des qualifications à se hisser à ce stade d'un Majeur. 

« Je savais que j'avais un niveau similaire à celui de mes adversaires, mais je ne savais pas si j'étais capable de le maintenir sur un ou deux sets. Être capable de les battre, honnêtement, je n'arrive pas à y croire », confiait celle qui les a balayées une à une en deux sets secs. 

À ce titre, la Britannique, qui est aussi la plus jeune finaliste d'un Grand Chelem, depuis la Russe Maria Sharapova qui avait remporté Wimbledon à 17 ans en 2004, pourrait aussi devenir la première à s'imposer à Flushing Meadows sans concéder une manche depuis Serena Williams en 2014.

Elle aura face à elle Leylah Fernandez (73e), qui ne craint aucune adversité, qui n'abandonne jamais et qui parvient à renverser des situations très compromises.

Des choses magiques

« J'ai fait des choses incroyables, que je qualifierais de magiques également, pour la façon dont je joue en ce moment. Je m'amuse tout simplement », s'est émerveillée celle qui a barré la route de la Japonaise Naomi Osaka (3e) lauréate de l'an passé, de l'Ukrainienne Elina Svitolina (5e) puis de la Bélarusse Aryna Sabalenka (2e).

Personne n'avait réussi pareils exploits en Grand Chelem depuis Serena Williams à Wimbledon en 2012...

Au crépuscule de son immense carrière, absente de cette édition en raison d'une blessure, le spectre de la « Sérenissime », qui aura 40 ans le 26 septembre, plane sur cette finale 2021, puisque ce sera la première entre « adolescentes » dans un Majeur, depuis celle de l'US Open 1999 qu'elle remporta à 17 ans aux dépens de la Suissesse Martina Hingis, 18 ans à l'époque.

Ce duel Raducanu-Fernandez totalement inattendu est aussi le reflet de son époque pour le tennis féminin, car depuis la domination quasi sans partage de Williams, dont le dernier des 23 Majeurs décrochés remonte à Melbourne en 2017, personne parmi la concurrence n'a su atteindre régulièrement les finales. Hormis peut-être Osaka (quatre titres), mais qui a connu des moments de creux, à plus forte raison aujourd'hui, la Japonaise étant en proie à des « épisodes dépressifs ».

Instabilité

Autre illustration de cette instabilité, les finales des Internationaux d'Australie, de Roland-Garros, de Wimbledon et donc de l'US Open auront été disputées par huit joueuses différentes, dont cinq pour la première fois de leur carrière.

Les jeunes Emma et Leylah, qui se sont affrontées chez les moins de 12 ans juniors à l'Orange Bowl, puis au 2e tour du tournoi junior de Wimbledon en 2018 facilement remporté par Raducanu, en font évidemment partie.

« Je suis sûre que ça sera extrêmement différent de la dernière fois. Ce sera un match difficile, c'est sûr. Elle joue un excellent tennis. Mais moi aussi je joue du très bon tennis. Je suis impatiente », a dit la Britannique née au Canada, pays décidément très bien représenté dans cet US Open, deux ans après le sacre de Bianca Andreescu, puisque Félix Auger-Aliassime, 21 ans, est aussi en lice pour accéder à la finale messieurs.

Victime du talent et de l'insouciance de Raducanu en demi-finale, Maria Sakkari a souligné la capacité des deux « adolescentes » à « jouer sans peur. Elles n'ont rien à perdre contre nous, elles saisissent leurs chances ».

Pour Aryna Sabalenka, qui a craqué nerveusement contre Fernandez, « la question est de savoir quand on commence à comprendre ce qui se passe, comment savoir répondre aux attentes et gérer la pression ».

Cette donnée sera une des clés de la finale samedi.