NEW YORK, États-Unis - Sans odeur dans sa bulle sanitaire, l'US Open qui débute lundi à New York aura-t-il également moins de saveur après la cascade de forfaits? Novak Djokovic qui vise un 18e titre majeur et Serena Williams qui peut égaler le record de 24 trophées en Grand Chelem ne se poseront pas la question.

À la veille des premiers échanges, les organisateurs ont annoncé, sans donner son nom, l'éviction d'un joueur, le premier dames et messieurs confondus, pour un test positif au COVID-19. Selon le quotidien sportif L'Équipe, il s'agit du Français Benoît Paire, 22e mondial et tête de série no 17.

« Je vois qu'il y a des discussions et que les gens pensent que le titre ne doit pas être valorisé de la même manière. Je ne suis pas d'accord avec ça, la plupart des meilleurs joueurs sont là », a lancé Djokovic à son arrivée à New York, où il sera orphelin de ses grands rivaux Roger Federer et Rafael Nadal.

Sur papier, les défections liées en grande partie au coronavirus et aux conditions sanitaires drastiques imposées font tache: ne seront présents que 4 joueuses et 7 joueurs du top-10 mondial. Sans compter l'incertitude qui pèse sur la participation de Naomi Osaka, titrée à Flushing Meadows en 2018 mais qui a déclaré forfait pour la finale du tournoi de Cincinnati samedi en raison d'une élongation à la cuisse gauche.

Mais on est loin de Wimbledon 1973, boycotté par 79 joueurs, dont 13 des 16 têtes de série (notamment le tenant du titre Stan Smith, John Newcombe, Arthur Ashe ou encore Ken Rosewall). Les Internationaux d'Australie eux aussi ont connu des absences de marque (Borg ne l'a jamais joué, Connors deux fois, McEnroe 5 fois).

« Celui qui remportera le titre le méritera vraiment et pour les joueurs, ça vaut la même chose que chaque année », a affirmé Dominic Thiem (3e mondial) qui a perdu trois finales de Grand Chelem (Roland-Garros 2018 et 2019, Australie 2020).

Le meilleur sur dur

Certains diront qu'en l'absence de Federer (opéré d'un genou, il a mis un terme à sa saison 2020) et de Nadal (tenant du titre mais qui a préféré rester en Europe), l'occasion pour Djokovic de se rapprocher de ses deux principaux rivaux en termes de titres du Grand Chelem (20 pour Federer et 19 pour Nadal) était trop belle pour la laisser passer en renonçant simplement à jouer pour des raisons sanitaires.

« Je n'ai pas pris ma décision de venir parce que Rafael Nadal s'est retiré, a rétorqué le numéro 1 mondial. J'avais décidé de venir, mais je n'étais pas certain que cela puisse être possible car il fallait que certains points soient clarifiés, notamment l'absence de quarantaine au retour en Europe » où s'enchaîneront ensuite les tournois, dont Roland-Garros, qui débutera deux semaines après l'US Open.

Invaincu cette année avec 23 victoires en autant de matches, un 8e trophée à l'Open d'Australie et un titre samedi à Cincinnati (délocalisé à Flushing Meadows) qui lui permet de devenir le premier joueur à remporter tous les Masters 1000... deux fois (!), le Serbe a prouvé qu'il était actuellement le meilleur joueur sur dur.

Astérisque

Malgré une douleur au cou, il semble sur des rails pour décrocher son 18e titre majeur, le 4e à New York.

Pas si simple, insiste-t-il. « Chaque Grand Chelem est une opportunité de titre, mais je ne suis pas le seul. Ce serait vraiment irrespectueux pour tous les autres joueurs de dire que j'ai plus de chances en l'absence de Roger et Rafa. Thiem, Zverev, Tsitsipas, Medvedev sont aussi forts que nous trois. Tout le monde peut gagner, d'autant plus après six mois sans compétition », a-t-il affirmé.

Le tableau dames, lui, est bien plus dépeuplé: Ashleigh Barty (no 1 mondiale), Simona Halep (2e), Elina Svitolina (5e), Bianca Andreescu (6e et tenante du titre), Kiki Bertens (7e), et Belinda Bencic (8e) manquent à l'appel. Les principales adversaires de la cadette des soeur Williams seront Karolina Pliskova, finaliste à l'US Open en 2016 mais qui court encore après son premier titre majeur, et Sofia Kenin, qui a remporté son premier trophée du Grand Chelem en début d'année en Australie.

Serena, à quasiment 39 ans, estime qu'une astérisque apparaîtra peut-être dans les palmarès pour signifier les conditions très particulières dans lesquelles ce tournoi s'est joué. Mais ce qu'elle en retire c'est que le vainqueur pourra se dire « Ouah, j'ai réussi à gagner dans ces circonstances de dingue! »