BERLIN (AFP) - Le divorce annoncé de Boris et Barbara Becker est vécu comme un drame national en Allemagne où l'ancien joueur de tennis est une idole et son couple considéré comme un modèle d'union multiraciale.

Mariés en 1993, parents de deux enfants de 1 et 7 ans, les époux Becker ont symbolisé sept ans durant l'image d'un bonheur immaculé, avant de s'entre-déchirer violemment et publiquement.

Depuis le 5 décembre, date de l'envoi du communiqué de la société de marketing de Boris Becker informant la presse de la "séparation", la saga occupe en effet la Une des journaux, populaires et d'opinions, et nombre d'éditorialistes se répandent en réflexions sur l'analyse du phénomène.

"Pourquoi nous intéressons-nous tant au destin de cette famille?", s'interrogeait ainsi celui de Bild am Sonntag. "La réponse tient dans le sens latin du mot 'intéresser' qui signifie 'être là'. Nous avons grandi avec Boris. Nous étions fiers de lui lorsqu'il a gagné Wimbledon à 17 ans. Il était un petit frère. Puis, nous avons connu sa première voiture, son premier costume, sa première barbe et son premier amour."

Elevé au statut d'idole dans son pays après la première de ses trois victoires à Wimbledon en 1985, Becker n'a ensuite jamais perdu ce rang. Sa liaison, puis son mariage avec Barbara Feltus, fille d'un soldat noir américain installé en Allemagne, a achevé de consolider le mythe. De même que son engagement en faveur de la lutte antiraciste et ses propos parfois sévères sur la xénophobie dans son pays - "J'ai honte d'être allemand".

"J'aime toujours ma femme"

Après dix ans de vie commune et malgré la naissance de deux enfants, Noah Gabriel, 7 ans, et Elias Balthasar, né en septembre 1999, le "couple de rêve" s'est séparé le 23 novembre. Ce jour-là, après plus d'un an de disputes incessantes, Boris a quitté le domicile conjugal de Munich et, si l'on en croit les gazettes, averti Barbara que tout était fini entre eux.

Ce n'est que douze jours plus tard que la stupéfiante nouvelle a été rendue publique, bouleversant l'Allemagne. Dans une douzaine de journaux, de l'hebdomadaire Gala au quotidien populaire Bild, l'ancien champion s'est livré alors sans pudeur, jouant l'air de la séparation propre.

"J'aime toujours ma femme", déclarait-il ainsi à Bild. "Nous ne divorçons pas. Qui sait ce qui se passera dans six mois. Elle garde les enfants et peut vivre où bon lui semble, dans l'une de nos maisons."

Pendant ce temps, la presse populaire lui attribuait une liaison avec une chanteuse de rap et révélait qu'une métisse russe, mère d'une petite rousse aux yeux bleus, réclamait que Becker subisse un test de paternité.

Une paire de claques

Réfugiée depuis fin novembre avec ses enfants sur l'île Fischer, au large de la Floride, Barbara, elle, est murée dans le silence. Le 13 décembre, elle déposait plainte contre son époux devant la justice américaine afin de se prémunir contre un "enlèvement éventuel" des enfants et d'obtenir une pension alimentaire.

Deux jours plus tard, Becker contre-attaquait à Munich, demandant le divorce et la garde intégrale de ses fils. Dès la semaine prochaine, l'affaire Becker contre Becker sera examinée par le tribunal de Miami-Dade qui devra d'abord statuer sur sa compétence.

Le contrat de mariage prévoit que l'ex-tennisman, dont la fortune est estimée par certains journaux à 750 millions de marks (383,5 millions d'euros), verse 5 millions (2,55 millions d'euros) à Barbara en cas de divorce. Mais selon l'hebdomadaire Bunte, cette dernière pourrait obtenir quatre fois plus aux Etats-Unis.

Dernier épisode en date: le 24 décembre, malgré l'opposition de sa femme, Boris Becker aurait tenté de passer le réveillon de Noël avec ses enfants. D'après le New York Post, il serait reparti de Floride avec une paire de gifles comme unique cadeau.