COLLABORATION SPÉCIALE

 

Quel beau moment pour la ronde ultime chez les hommes alors que Rafael Nadal triomphe de Daniil Medvedev pour ainsi devancer Novak Djokovic et Roger Federer avec un 21e titre Grand Chelem! Rafa écrit l'histoire!

 

Cette finale est cependant remplie de revirements alors que le Russe mène 2 sets à 0 avant que Rafa change sa stratégie pour devenir un peu plus offensif tout en coupant les fautes directes pour aller chercher les 3 sets suivants. Ce bougre d'homme est vraiment spécial. Encore une fois il nous donne une incroyable leçon de résilience, de coeur à l'ouvrage et de grande fierté. Nadal sera toujours le compétiteur que j'apprécie le plus parce qu'il se fait un devoir d'oublier la fatigue et les douleurs tout en puisant au plus profond de son âme et en gardant une attitude de respect envers l'adversaire et tous ceux qui gravitent à l'entour d'un évènement comme celui de Melbourne. Impressionnant!

 

Chez les dames, couronnement de l'enfant chéri du pays Ashleigh Barty qui étale son grand talent et sa supériorité durant la quinzaine pour aller chercher un 3e titre Grand Chelem et un premier devant les siens. C'est fascinant de constater jusqu'à quel point Ash a progressé au fil des années émotivement. Elle survole ses 6 premières rencontres avec l'aplomb d'une vétérante aguerrie. En finale cependant, face à la puissante Américaine Danielle Collins, elle s'extirpe d'un déficit de 1-5 au 2e set pour triompher sans perdre une seule manche pendant tout le tournoi.

 

J'aime tellement comment la numéro 1 mondiale joue au tennis, et ce, pour plusieurs raisons. D'abord sa grande polyvalence lui permet d'exceller dans toutes les phases de jeu: en attaque, en contre et en défensive tout en étant consciente de la valeur de l'échange et du moment approprié pour passer d'une phase de jeu à l'autre. Comme elle possède tous les coups, elle varie pour déjouer l'adversaire parfois en enlevant du rythme avec son revers coupé pour mieux enchainer avec des accélérations en coup droit croisé ou décroisé. Mais au-delà des aspects liés au jeu, encore plus important de voir la belle symbiose qui existe avec les 4 spécialistes qui l'entourent pour l'aider à progresser au jour le jour. Ashleigh s'est métamorphosée au fil des années pour rester ancrée durant ses matchs. Cette stabilité lui permet de faire des analyses adéquates et de s'ajuster en plein match ce qui est tout de même assez rare sur le circuit des dames.

 

Fait à noter, il s'agit d'une deuxième année de suite que l'on retrouve en finale chez les femmes une dame du pays de l'oncle Sam qui est issue du circuit universitaire. L'an passé, Jennifer Brady (championne nationale avec UCLA en 2014) s'incline en ronde ultime devant Naomi Osaka. Cela prouve qu'il y a plusieurs façons d'atteindre ses buts et que les fédérations devraient peut-être encourager encore plus cette voie. Juste à écouter Collins nous partager son vécu au micro durant la cérémonie de remise des trophées on réalise que cette dame est instruite et intéressante à écouter. Elle se retrouvera top-10 ce lundi. Un autre exemple: vous souvenez-vous en février 2020 qui a remporté le Challenger de Drummondville? C'est le français Maxime Cressy alors 252e au monde. Lui aussi quitte sa ville natale de Paris pour aller tenter sa chance à l'Université de la Californie à Los Angeles, mais ne fait pas l'équipe la première année. Peu importe, il rencontre là-bas des gens qui croient en lui. Durant la quinzaine, il livre un superbe match à Medvedev en ronde des 16 en lui arrachant même un set en plus de battre John Isner en 5 sets au 1er tour. Cressy sera 59e lundi...

 

Vous vous souvenez évidemment jusqu'à quel point l'avant-tournoi était pénible à vivre alors que la rocambolesque saga entourant Novak Djokovic faisait rage. Le directeur du tournoi Craig Tiley et ses acolytes se sont bien repris pour préparer avec soin la finale avec un beau spectacle d'avant-match avec une interprétation d'un chant intitulé: « She will rise ». Barty s'est d'ailleurs levée pour être la première Australienne depuis Chris O'Neill à remporter le tournoi en 1978. O'Neill battait l'Américaine Betsy Nagelsen 6-3, 7-6. Anecdote amusante, Nagelsen a entrainé Collins tout récemment alors que sa protégée s'incline elle aussi en finale par le même pointage. Les organisateurs avaient aussi réservé une belle surprise à Barty en invitant nul autre que la grande championne Evonne Goolagong pour lui remettre son trophée. Goolagong, qui joue le rôle de mentor auprès d'Ashleigh, est aussi d'origine aborigène. Comme il y avait de belles émotions sur le podium lors de la cérémonie de fermeture. Vraiment, une fin en apothéose...

 

Allons-y maintenant de quelques citations entendues durant la quinzaine. Medvedev ne s'est pas gêné pour nous en offrir quelques juteuses. Au 2e tour, il bat difficilement Nick Kyrgios alors que la foule est débridée. Après le match, en entrevue, il nous livre sa pensée sur le fait que les spectateurs le sifflent entre sa 1re et 2e balle au service. Voici son commentaire: « C'est franchement décevant et cela prouve leur faible quotient intellectuel. Vous voulez que je perde? Encouragez-moi. Vous voulez que je gagne? Détestez-moi... ». Sacré Daniil...

 

En demie, Medvedev affronte Stefanos Tsitsipas et pète les plombs après avoir perdu son service au 2e set. Le Russe est fou furieux parce que l'arbitre Jaime Campistol ne pénalise pas le père de Stefanos, qui parle sans arrêt, offrant des conseils à son fils. Frustré parce que l'arbitre de porte pas trop attention à sa requête, Medvedev lui crie: « Regarde-moi, idiot, je te parle ». Pour finir par le traiter de : « Petit chat ». Cela fait bien rire les journalistes présents à sa conférence d'après match. 

 

Tsitsipas qui reçoit à tous les tournois des avertissements pour coaching nous raconte que lorsque son père est nerveux durant un match, il parle sans être en mesure de se contrôler. Il ne l'écoute même pas parce qu'il est concentré sur son truc, mais le laisse faire. Personnellement, je ne peux pas croire qu'Apostolos ne se rend pas compte que son comportement est inacceptable et qu'il ne décide pas de son propre chef de regarder le match de son fils dans une loge tout en haut ou dans le salon des joueurs. Il nuit à son fils et passe pour un hurluberlu. Quel père sain d'esprit veut faire cela? Ouf!

 

Voici maintenant mon coup de coeur. Il n'est pas difficile à trouver puisque c'est à Félix Auger-Aliassime que je le décerne. Le Québécois livre un combat d'une si grande intensité face à Daniil Medvedev, qu'il aurait pu le gagner. Le niveau de FAA est top-3 dans cette rencontre et nous confirme ce que l'on espérait, soit qu'il porte en lui un grand trésor et qu'il a tout ce qu'il faut pour remporter les plus grands titres un jour. 

 

Petite nouvelle en terminant, Djokovic a fait l'acquisition en juin 2020 de 80% de la biotech danoise Quant Bio Res qui développe un traitement contre le virus COVID-19. Est-ce que cela veut dire qu'on est loin d'être sorti du bois? Dans un autre ordre d'idée, le Serbe aura des décisions à prendre puisque le gouvernement de la France a fait savoir que depuis le 24 janvier les non-vaccinés sont interdits dans le pays. Pourra-t-il défendre son titre à Roland Garros?