Stan Wawrinka repointe le bout de sa raquette : le Suisse, qui atteint à Roland-Garros la deuxième semaine en Grand Chelem pour la première fois depuis deux ans, poursuit sa lente renaissance après une grave blessure, armé d'une patience sans faille pour retrouver le niveau de son sacre parisien de 2015. 

À quand le retour de « Stan the Man »? Ce Wawrinka capable de battre n'importe qui, n'importe quand, de faire preuve d'un mental d'acier en toutes circonstances? Ce joueur en mesure de bousculer la hiérarchie pour s'imposer en Grand Chelem? 

« Je suis loin de penser à ça aujourd'hui. Est-ce que je pense que je peux le faire? Peut-être, qui sait? Gagner un Grand Chelem est un long parcours », pose-t-il, prudent. 

Depuis le début du tournoi parisien, le Suisse s'approche pourtant du sommet de sa forme à pas de géant. Entre une entrée en matière timide (un set de perdu contre le modeste Slovaque Kovalik) et un deuxième tour survolé contre le Chilien Christian Garin pourtant vainqueur de deux tournois sur terre, il y avait déjà de prometteurs motifs d'espoir. 

Mais sa performance au troisième tour, étalé entre vendredi et samedi, contre le Bulgare Grigor Dimitrov, sonne comme un sérieux avertissement pour ses futurs adversaires, à commencer par le prochain, Stefanos Tsitsipas, no 6 mondial, qui sait qu'un joueur dangereux l'attend dimanche en huitièmes. 

Poussé dans ses retranchements, Wawrinka a répondu présent physiquement et surtout mentalement pour faire la différence dans les moments cruciaux de chaque manche (7-6 (5), 7-6 (4), 7-6 (8)). Avec le même regard et la même détermination qu'à ses plus belles heures. 

« Mon meilleur tennis »

De cette progression, Stan en a conscience. Lui qui avouait en début de tournoi qu'il était difficile de dire où il se situait, assure quelques jours plus tard qu'il se sent au plus fort depuis l'opération à son genou gauche à l'été 2017.

« Sur les six derniers mois, je joue en ce moment mon meilleur tennis », dit-il.

À 34 ans, Wawrinka revient pourtant de très loin. À l'été 2017, après ses trois années au sommet (victoires aux Internationaux d'Australie 2014, Roland-Garros 2015 et les Internationaux des États-Unis 2016), il doit se contraindre à une lourde double-opération au genou gauche. Quelques semaines plus tard, l'entraîneur qui l'a mené à ses trois sacres en Grand Chelem, Magnus Norman, met fin brutalement à leur collaboration. Une première tentative de retour avorte, en février 2018 à Marseille, où la douleur se réveille et l'oblige à abandonner. Il dégringole jusqu'à la 263e place mondiale au mois de juin.

C'est à ce moment que Magnus Norman fait son retour dans le staff du natif de Lausanne.

« À ce moment-là, Stan était dans une situation difficile, il voulait en sortir à tout prix. Et il savait que ça demanderait beaucoup de travail, qu'il aurait besoin de patience pour ressortir de ce trou », racontait l'entraîneur suédois à la presse suisse vendredi. 

« Patience »

« La patience, le travail sur le long terme, le fait de ne pas être trop pressé, de garder sa ligne de conduite, de savoir que ce qu’on fait, ça paie à un moment donné », confirme le joueur de tennis au fulgurant revers à une main, remonté en un an au 28e rang mondial. « Ça été comme ça tout au long de ma carrière. »

Ces mots prennent leur sens lorsqu'ils viennent d'un joueur vainqueur de son premier titre du Grand Chelem en tant que quasi trentenaire (28 ans et 11 mois). D'un joueur qui porte, tatouée sur son bras, une inscription plutôt inspirante : « Déjà essayé. Déjà échoué. Peu importe. Essaie encore. Échoue encore. Échoue mieux ».

Être de retour en deuxième semaine de Grand Chelem pour la première fois depuis sa finale de 2017 à Roland-Garros, perdue contre Rafael Nadal, ce n'est en revanche pas tout à fait l'objectif de Wawrinka.

« Ce n'est pas ce genre de résultat qui me satisfait complètement dans ma vision de la fin de ma carrière. J'ai envie de plus. »