C’est peut-être mardi le 36e anniversaire de naissance de Roger Federer, mais ce sont véritablement les amateurs qui auront reçu le plus beau des cadeaux avec une première visite du Suisse à Montréal depuis 2011.

Avant même son premier match, qui aura lieu face à Vasek Pospisil ou Peter Polansky, deux favoris locaux, les foules se massent simplement pour l’observer s’entraîner. Qui sait, ce pourrait bien être cette semaine la dernière occasion d’admirer ici le talent du Maître, en chair et en os.

Si Federer a conquis presque tous les tournois du circuit, le trophée de l’édition québécoise de la Coupe Rogers est l’un des rares qui lui échappent toujours (il l’a cependant gagné deux fois à Toronto). Sa présence était encore incertaine jusqu’à tout récemment.

« Je pense que je me suis décidé il y a peut-être six jours. Je voulais laisser ouvertes les chances de venir ici à la dernière minute, voir comment je me sentais après les vacances. En reprenant l’entraînement, j’ai vu que j’étais en forme, que ça m’a pris peu de temps pour retrouver le rythme. C’est toujours un souhait pour moi de jouer plus dans la deuxième partie de la saison. Aussi, c’était très positif lors des six premiers mois de l’année : je n’ai pas eu de blessure, j’ai été en bonne santé et je n’ai pas trop lâché d’énergie même si j’ai beaucoup joué. »

Malgré une série d'insuccès au Stade Uniprix, ça ne veut pas dire pour autant que Federer n’y entretient pas de bons souvenirs. Au contraire.

« Le plus important, c’est que quand je suis venu à Montréal en 2009, mes filles avaient deux semaines. C’était notre premier voyage ensemble, on venait de faire leur passeport. Je me souviens qu’on avait passé un agréable moment. J’apprenais à être père. C’était fou, mais dans le bon sens. Pour moi, Montréal ce sera toujours spécial parce que c’était mon premier tournoi depuis que je suis devenu papa. Cette année je suis de retour, mais sans la famille, alors c’est plus tranquille.

« Ce que je constate ici, c’est que la ville a de la personnalité. Le site n’est pas tout à fait symétrique, et ça le rend unique, car ailleurs, tout est un peu pareil. Les foules sont toujours bonnes, c’est plein. On sent une bonne énergie dans la ville. »

Federer tentera donc de combler ce manque à son palmarès même si la Coupe Rogers n’est pas nécessairement son tournoi de prédilection et qu'il n'a pas joué depuis Wimbledon en juillet.

« Je n’ai pas toujours joué à mon meilleur ici, mais j’ai joué quelques matchs très serrés contre (Jo-Wilfried) Tsonga, Novak (Djokovic) et je crois (Andy) Roddick aussi. Ça me fait encore plus envie de bien faire ici et de gagner à Montréal pour la première fois. Au Canada, c’est toujours un peu plus compliqué pour moi qu’à Cincinnati, car je n’ai pas eu de tournoi avant et forcément il manque un peu de matchs pour faire la transition du gazon au dur. Le dur, c’est toujours difficile sur le corps. Ça bouge très rapidement, c’est brusque, c’est quand même brutal. »

Plusieurs rêvent d’une finale Federer-Nadal et espèrent assister à un classique. Avec les désistements de joueurs redoutables, les probabilités sont fortes.

 « Tu regardes le tableau, et si tout se passe super bien, on peut se retrouver en finale. Peut-être que ça peut avoir l'air plus simple cette année parce qu’il n’y a pas Novak, Andy, Stan et Marin, mais il reste encore de sacrés joueurs très tôt dans le tournoi. On verra ce que ça donne quand j’entrerai sur le terrain. Je me réjouis d'être là et en bonne santé. Je ne peux que contrôler ma section de tableau et pas Rafa. Je ne l'ai pas vu jouer depuis Wimbledon et je n’ai aucune idée de son niveau. S'il est en forme, il sera très difficile à battre. J’espère être en finale, préférablement contre lui. Mais je ne pense pas aussi loin, il faut que je pense match après match. »

Une année prodigieuse

Federer, cette force intarissable.

Après s'être difficilement résolu à mettre un terme à sa saison 2016 de façon prématurée, sa résurgence est telle qu’il a mis la main sur deux titres du Grand Chelem en plus d’avoir remporté le tournoi de Halle et deux Masters 1000, soit Miami et Indian Wells.

« Je suis vraiment satisfait de la façon que la saison se déroule, ça ne pourrait pas mieux aller jusqu’à présent. J’espère que pour la fin de saison, il y a encore de belles choses qui vont venir. Sinon, ce n’est pas très grave parce que pour le reste, ç’a été le rêve complet. Je suis très content. »

Même s’il avait déjà vécu la consécration aux Internationaux d’Australie par le passé, sa dernière conquête en janvier avait une saveur particulière.

« En Australie, c’est quelque chose que je n’avais jamais vécu de cette façon-là dans ma carrière, car c’est venu comme une énorme surprise de gagner là-bas. Les matchs étaient presque tous en cinq sets, la finale contre Rafa notamment. »

Puis, sur l’herbe du All England Club, l'actuelle 3e raquette mondiale a ajouté un autre record à sa fiche, surpassant Pete Sampras et William Renshaw.

« Wimbledon, c’est mon tournoi no 1 dans ma carrière. De gagner une huitième fois, d’avoir ce record et d’entrer dans la légende de mon tournoi favori, ça signifie beaucoup pour moi et mon entourage. »

Si Federer a déclaré que désormais, à son âge, il accordait davantage d’importance aux titres Grand Chelem qu’à la possibilité de retrouver le sommet du classement ATP, reste que le trône semble de plus en plus accessible. Rafael Nadal pourrait avoir cet honneur en premier s’il atteint la demi-finale à Montréal, au détriment d’Andy Murray qui est sur la touche, mais Federer ne traîne pas loin derrière, d’autant plus que de nombreux points sont à sa portée puisqu’il n’était pas en action à cette même période l’an passé.

« La place de no 1 n’a pas l’air trop loin, mais cette semaine le focus est plutôt sur Rafa, à savoir s’il peut faire la demi-finale pour atteindre la place de no 1. Ce serait quand même assez incroyable. Je serais content pour lui, mais en même temps je serais content que Murray la conserve parce qu’il a beaucoup donné et qu’il a joué du tennis incroyable au cours de la dernière année. Les deux le méritent. On verra dans les prochaines semaines ou les prochains mois si j’aurai une meilleure chance de redevenir no 1 mondial. D’être ici déjà dans le tableau, ça me permet de gagner des points. »