Une enquête policière est déclenchée
Hockey jeudi, 10 mars 2011. 09:22 jeudi, 21 nov. 2024. 13:36
MONTRÉAL - La violente mise en échec assénée par le défenseur des Bruins de Boston, Zdeno Chara, à l'attaquant des Canadiens de Montréal, Max Pacioretty, lors du match opposant les deux équipes, mardi au Centre Bell, continue de défrayer la manchette et l'affaire prend une ampleur imprévue.
Le Service de police de la ville de Montréal a confirmé, jeudi matin, le déclenchement d'une enquête criminelle sur l'incident à la demande du directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP) du Québec, Louis Dionne.
Le président du conseil d'administration et propriétaire du Canadien, Geoff Molson, a pour sa part affirmé, dans une lettre aux partisans de l'équipe, que la décision de la Ligue nationale de hockey de ne pas imposer de sanction à Zdeno Chara est «difficile à avaler» et qu'elle a pour effet «d'ébranler la confiance que notre communauté a pour le sport que nous tenons en si haute estime».
M. Molson a ajouté que l'organisation du Canadien n'est pas d'accord avec la décision rendue par la LNH et qu'elle a «clairement» fait connaître sa position au commissaire Gary Bettman. Il a dit que celui-ci a accepté d'en faire une question prioritaire lors de la prochaine réunion des directeurs généraux de la ligue, qui se tiendra du 14 au 16 mars en Floride.
«Notre organisation croit que la sécurité des joueurs de la Ligue nationale est sérieusement compromise et que cette situation a atteint un niveau alarmant», a ajouté M. Molson dans sa lettre.
À Saint-Louis, où le club de hockey Canadien se préparait en matinée à affronter les Blues, l'entraîneur-chef Jacques Martin s'est montré insatisfait mais prudent face à l'absence de sanction à l'endroit de Zdeno Chara.
«C'est sûr qu'on n'est pas satisfait de la décision. Mais l'organisation s'occupe de la représentation. Ça relève de Pierre Gauthier et il est sur le cas», a dit l'entraîneur.
Le capitaine de l'équipe, Brian Gionta, a fait part de la déception des joueurs face à ce dénouement, un sentiment auquel a fait écho le joueur de centre David Desharnais, qui faisait la pluie et le beau temps dans la Ligue américaine aux côtés de Max Pacioretty avec les Bulldogs de Hamilton, le club-école du Canadien.
«C'est platte de voir qu'il (Max Pacioretty) est dans un état comme ça et qu'il n'y a pas de suspension. (...) Les coups à la tête, il faut faire attention et je pense qu'il faut faire en sorte que, quand le gars est blessé comme ça, je pense qu'il doit y avoir une suspension», a-t-il dit.
Par ailleurs, un groupe de partisans entend tenir une manifestation, mardi prochain, devant le Centre Bell pour dénoncer l'excès de violence dans le hockey professionnel.
Les initiateurs de la manifestation demandent notamment au club de hockey Canadien de porter le flambeau de la lutte contre les coups à la tête et au cou et de le faire publiquement.
Même le premier ministre Stephen Harper a senti le besoin, tout en demeurant prudent face à la manière dont la LNH traite le dossier, d'exprimer son malaise face à cet incident.
«Nous sommes tous préoccupés par l'augmentation de ces blessures bien sérieuses. Notre préoccupation comme gouvernement, c'est avec ces blessures à la tête qui sont de plus en plus communes dans les sports amateurs, les sports des enfants», a dit le premier ministre alors qu'il se trouvait à Toronto.
Pendant ce temps, le commissaire Bettman maintient le cap: il affirme que la blessure subie par Max Pacioretty est horrible, mais que cela fait partie du jeu.
M. Bettman a tenu ces propos jeudi à l'issue d'une table ronde au congrès américain où les discussions portaient sur la manière d'encourager les jeunes Américains à s'intéresser au hockey.
La veille, la LNH avait statué qu'aucune suspension ou amende ne serait imposée à Zdeno Chara.
Le commissaire Bettman a soutenu que la plupart des commotions cérébrales et blessures à la tête survenues cette année sont attribuables à des accidents ou des chutes plutôt que des coups. M. Bettman a cependant toujours refusé de rendre publiques les données de la Ligue à ce sujet et la décision rendue mercredi par un vice-président de la LNH, Mike Murphy, laisse croire que la commotion de Max Pacioretty sera classée comme un accident (ou une chute, puisque la tête de l'attaquant du Canadien a heurté la glace lorsqu'il s'est affaissé sur la patinoire, inconscient).
Par ailleurs, M. Bettman a répliqué à la menace d'Air Canada de retirer sa commandite si la Ligue ne fait rien pour enrayer la violence gratuite en indiquant que la LNH pourrait trouver d'autres transporteurs si Air Canada n'est plus intéressé par ce marché.
À l'opposé de la position de la Ligue nationale, le directeur général de Hockey Québec, un organisme qui chapeaute le hockey mineur dans la province, a applaudi la décision du Directeur des poursuites criminelles et pénales de demander une enquête criminelle.
«Nous sommes en accord avec ça», a indiqué Sylvain Lalonde.
«D'ailleurs, depuis quelques années, nous encourageons les arbitres, les entraîneurs, les parents qui subissent des préjudices de la part de parents ou de joueurs et les arbitres qui subissent des menaces d'entraîneurs ou de parents, de porter plainte à la police.»
Selon lui, il s'agit du seul langage qui soit véritablement compris par les irréductibles. «Toutes les mesures sont prises pour encourager les bons comportements dans les arénas. Une des mesures qui devient de plus en plus dissuasive, c'est de prendre des actions en justice. Ça fait réfléchir les gens», a dit M. Lalonde.
La porte-parole du Directeur des poursuites criminelles et pénales, Martine Bérubé, a indiqué que celui-ci avait décidé de demander une enquête simplement parce qu'il avait vu la même chose que tout le monde.
«Le directeur a pris connaissance des images et des réactions qui ont été diffusées en boucle dans les médias et s'est questionné à savoir s'il y aurait eu commission d'une infraction criminelle, d'où la demande d'enquête», a souligné Me Bérubé en entrevue.
Pour déterminer si des accusations seront portées, les procureurs de la Couronne doivent disposer d'une preuve amassée par les policiers.
«L'enquête policière va se tenir comme toute enquête policière, a expliqué Me Bérubé. On va recueillir les éléments de preuve et un rapport d'enquête sera soumis au DPCP une fois l'enquête terminée et c'est ce dernier qui évaluera s'il y a matière à poursuivre ou pas.»
Les procureurs de la Couronne ont juridiction pour traiter toute infraction criminelle commise sur le territoire québécois même si le geste a été posé lors d'une partie de la Ligue nationale de hockey.
Bien que des dossiers semblables aient été traités par le système judiciaire québécois dans le passé, notamment dans le cas de la Ligue de hockey junior majeur du Québec, il s'agit d'une première au Québec en ce qui a trait à LNH.
Max Pacioretty, qui est âgé de 22 ans, souffre d'une commotion cérébrale et d'une fracture d'une vertèbre à la suite de la mise en échec infligée par Zdeno Chara qui l'a envoyé s'écraser contre un coin de la baie vitrée. Il a obtenu jeudi son congé de l'Hôpital général de Montréal.
Le Service de police de la ville de Montréal a confirmé, jeudi matin, le déclenchement d'une enquête criminelle sur l'incident à la demande du directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP) du Québec, Louis Dionne.
Le président du conseil d'administration et propriétaire du Canadien, Geoff Molson, a pour sa part affirmé, dans une lettre aux partisans de l'équipe, que la décision de la Ligue nationale de hockey de ne pas imposer de sanction à Zdeno Chara est «difficile à avaler» et qu'elle a pour effet «d'ébranler la confiance que notre communauté a pour le sport que nous tenons en si haute estime».
M. Molson a ajouté que l'organisation du Canadien n'est pas d'accord avec la décision rendue par la LNH et qu'elle a «clairement» fait connaître sa position au commissaire Gary Bettman. Il a dit que celui-ci a accepté d'en faire une question prioritaire lors de la prochaine réunion des directeurs généraux de la ligue, qui se tiendra du 14 au 16 mars en Floride.
«Notre organisation croit que la sécurité des joueurs de la Ligue nationale est sérieusement compromise et que cette situation a atteint un niveau alarmant», a ajouté M. Molson dans sa lettre.
À Saint-Louis, où le club de hockey Canadien se préparait en matinée à affronter les Blues, l'entraîneur-chef Jacques Martin s'est montré insatisfait mais prudent face à l'absence de sanction à l'endroit de Zdeno Chara.
«C'est sûr qu'on n'est pas satisfait de la décision. Mais l'organisation s'occupe de la représentation. Ça relève de Pierre Gauthier et il est sur le cas», a dit l'entraîneur.
Le capitaine de l'équipe, Brian Gionta, a fait part de la déception des joueurs face à ce dénouement, un sentiment auquel a fait écho le joueur de centre David Desharnais, qui faisait la pluie et le beau temps dans la Ligue américaine aux côtés de Max Pacioretty avec les Bulldogs de Hamilton, le club-école du Canadien.
«C'est platte de voir qu'il (Max Pacioretty) est dans un état comme ça et qu'il n'y a pas de suspension. (...) Les coups à la tête, il faut faire attention et je pense qu'il faut faire en sorte que, quand le gars est blessé comme ça, je pense qu'il doit y avoir une suspension», a-t-il dit.
Par ailleurs, un groupe de partisans entend tenir une manifestation, mardi prochain, devant le Centre Bell pour dénoncer l'excès de violence dans le hockey professionnel.
Les initiateurs de la manifestation demandent notamment au club de hockey Canadien de porter le flambeau de la lutte contre les coups à la tête et au cou et de le faire publiquement.
Même le premier ministre Stephen Harper a senti le besoin, tout en demeurant prudent face à la manière dont la LNH traite le dossier, d'exprimer son malaise face à cet incident.
«Nous sommes tous préoccupés par l'augmentation de ces blessures bien sérieuses. Notre préoccupation comme gouvernement, c'est avec ces blessures à la tête qui sont de plus en plus communes dans les sports amateurs, les sports des enfants», a dit le premier ministre alors qu'il se trouvait à Toronto.
Pendant ce temps, le commissaire Bettman maintient le cap: il affirme que la blessure subie par Max Pacioretty est horrible, mais que cela fait partie du jeu.
M. Bettman a tenu ces propos jeudi à l'issue d'une table ronde au congrès américain où les discussions portaient sur la manière d'encourager les jeunes Américains à s'intéresser au hockey.
La veille, la LNH avait statué qu'aucune suspension ou amende ne serait imposée à Zdeno Chara.
Le commissaire Bettman a soutenu que la plupart des commotions cérébrales et blessures à la tête survenues cette année sont attribuables à des accidents ou des chutes plutôt que des coups. M. Bettman a cependant toujours refusé de rendre publiques les données de la Ligue à ce sujet et la décision rendue mercredi par un vice-président de la LNH, Mike Murphy, laisse croire que la commotion de Max Pacioretty sera classée comme un accident (ou une chute, puisque la tête de l'attaquant du Canadien a heurté la glace lorsqu'il s'est affaissé sur la patinoire, inconscient).
Par ailleurs, M. Bettman a répliqué à la menace d'Air Canada de retirer sa commandite si la Ligue ne fait rien pour enrayer la violence gratuite en indiquant que la LNH pourrait trouver d'autres transporteurs si Air Canada n'est plus intéressé par ce marché.
À l'opposé de la position de la Ligue nationale, le directeur général de Hockey Québec, un organisme qui chapeaute le hockey mineur dans la province, a applaudi la décision du Directeur des poursuites criminelles et pénales de demander une enquête criminelle.
«Nous sommes en accord avec ça», a indiqué Sylvain Lalonde.
«D'ailleurs, depuis quelques années, nous encourageons les arbitres, les entraîneurs, les parents qui subissent des préjudices de la part de parents ou de joueurs et les arbitres qui subissent des menaces d'entraîneurs ou de parents, de porter plainte à la police.»
Selon lui, il s'agit du seul langage qui soit véritablement compris par les irréductibles. «Toutes les mesures sont prises pour encourager les bons comportements dans les arénas. Une des mesures qui devient de plus en plus dissuasive, c'est de prendre des actions en justice. Ça fait réfléchir les gens», a dit M. Lalonde.
La porte-parole du Directeur des poursuites criminelles et pénales, Martine Bérubé, a indiqué que celui-ci avait décidé de demander une enquête simplement parce qu'il avait vu la même chose que tout le monde.
«Le directeur a pris connaissance des images et des réactions qui ont été diffusées en boucle dans les médias et s'est questionné à savoir s'il y aurait eu commission d'une infraction criminelle, d'où la demande d'enquête», a souligné Me Bérubé en entrevue.
Pour déterminer si des accusations seront portées, les procureurs de la Couronne doivent disposer d'une preuve amassée par les policiers.
«L'enquête policière va se tenir comme toute enquête policière, a expliqué Me Bérubé. On va recueillir les éléments de preuve et un rapport d'enquête sera soumis au DPCP une fois l'enquête terminée et c'est ce dernier qui évaluera s'il y a matière à poursuivre ou pas.»
Les procureurs de la Couronne ont juridiction pour traiter toute infraction criminelle commise sur le territoire québécois même si le geste a été posé lors d'une partie de la Ligue nationale de hockey.
Bien que des dossiers semblables aient été traités par le système judiciaire québécois dans le passé, notamment dans le cas de la Ligue de hockey junior majeur du Québec, il s'agit d'une première au Québec en ce qui a trait à LNH.
Max Pacioretty, qui est âgé de 22 ans, souffre d'une commotion cérébrale et d'une fracture d'une vertèbre à la suite de la mise en échec infligée par Zdeno Chara qui l'a envoyé s'écraser contre un coin de la baie vitrée. Il a obtenu jeudi son congé de l'Hôpital général de Montréal.