MONTRÉAL – C’est peut-être le genre de sérénité qui vient avec 15 années d’expérience dans la Ligue canadienne. Ou peut-être simplement le fait que les déboires actuels des Alouettes sont de la petite bière comparativement à ce qu’il vivait depuis le début de la saison en Saskatchewan.

Toujours est-il que Kevin Glenn abordait la défaite avec calme après son premier match dans son nouvel uniforme, dimanche.

Autour de lui, par contre, ses coéquipiers contenaient un peu plus difficilement leurs émotions.

« Nous n'avons pas exécuté à l'attaque »

« Je m’en fous pas mal que ce soit utopique ou pas, a pesté Samuel Giguère lorsque questionné sur le réalisme des attentes qui avaient été placées sur les épaules de Glenn pour son premier départ avec les Alouettes. Quand il reste si peu de matchs à la saison et que les séries sont à l’enjeu, on n’a pas le choix de gagner, peu importe qui est à la position de quart-arrière et peu importe le nombre de pratiques qu’il a eues durant la semaine. Il faut trouver un moyen de gagner et aujourd’hui, on ne l’a pas fait. C’est très frustrant. »

« C’est sûr que c’est frustrant, a répété Luc Brodeur-Jourdain. C’est frustrant de ne pas être allé chercher les deux points aujourd’hui, de ne pas pouvoir dire qu’on est sur la bonne voie. On sent que c’est stagnant au niveau du scénario. On n’a pas accordé énormément de points aujourd’hui, notre défensive a été exceptionnelle, nos unités spéciales aussi. C’est quasiment une bande vidéo que vous pourriez repasser depuis dix semaines. »

Les Alouettes continuent d’être une équipe à deux visages. Surtaxée, leur défensive n’a accordé que 330 points depuis le début de la saison. C’est près de 100 de moins que les Argonauts de Toronto et 70 de moins que le Rouge et Noir d’Ottawa, deux clubs déjà qualifiés pour les éliminatoires.

Tiger-Cats 23 - Alouettes 11

Mais l’attaque, handicapée par l’instabilité au poste de quart-arrière, ne va nulle part. Depuis le début de la séquence de quatre revers dans laquelle s’enlise présentement l’équipe, elle ne produit qu’une moyenne de 16 points par partie.

« On s’est encore tirés dans le pied en début de match, on a pris des pénalités à des moment inopportuns. C’est pas mal toujours la même histoire chaque fois qu’on perd un match depuis le début de la saison », se désolait Jim Popp, qui montre une fiche de 2-5 dans ses nouvelles fonctions d’entraîneur-chef depuis qu’il a pris la relève de Tom Higgins.

Giguère, qui a capté quatre passes pour de modestes gains de 17 verges dimanche, cachait mal son impatience.

« Le sentiment d’urgence est là depuis les dernières semaines. Mais il faut que l’exécution soit au rendez-vous aussi et aujourd’hui, à l’attaque, elle n’était pas là. On a laissé beaucoup de jeux sur le terrain. Les receveurs, on n’a pas eu une performance à la hauteur de notre talent, ça c’est sûr. »

Pas d’excuse pour Glenn

Sans s’affoler, Glenn a convenu que le contexte de son arrivée – il n’a participé qu’à deux entraînements avec ses nouveaux coéquipiers avant d’enfiler les épaulettes dimanche – n’était pas idéal, mais a refusé de l’utiliser comme une excuse pour sa performance décevante.

« On joue tous au football depuis assez longtemps. On sait attraper, passer, courir, plaquer… en bout de ligne, on doit faire les jeux qu’on nous demande de faire », a simplifié le vétéran de 36 ans.

Glenn, qui n’avait pas joué depuis le 9 octobre dans une défaite des Roughriders aux mains des Tiger-Cats, a dit s’être senti à l’aise dans le rôle du favori au Stade Percival-Molson.

« J’ai gagné en confiance à mesure que le match progressait, mais c’était évidemment un scénario bien différent qu’un entraînement. Sur le terrain de pratique, on suit le plan, on se prépare pour ce qu’on pense que la défensive va nous offrir. Dans un match, la réalité peut être complètement différente. »

Glenn n’aura pas énormément de temps pour poursuivre sa familiarisation du livre de jeux des Alouettes, qui renoueront avec l’action vendredi contre les Argonauts à Toronto.

« La semaine sera très courte pour nous, mais le simple fait de baigner un peu plus dans notre système devrait aider considérablement », s’encourageait Jim Popp.

« C’est dur d’être dans cette situation de façon répétitive depuis le début de l’année, mais je suis conscient qu’avec un quart qui vient d’arriver, ça va être difficile. Mais c’est un vétéran et lorsqu’il va comprendre l’essence même du livre de jeu, qu’il va trouver ses repères, je pense qu’on va être en meilleure position », souhaitait Brodeur-Jourdain.

« Il faut jeter ce match aux poubelles et l’oublier, insiste Glenn. La beauté du sport, c’est qu’on a un autre match la semaine prochaine et mathématiquement, on est encore dans le coup. Alors on efface et on se concentre sur notre prochain adversaire. »

« La défense ne peut tout faire »