Octobre 2019, sur Grande Allée à Québec. Je réalise alors un projet inimaginable à mes yeux, mon 100e marathon. Impossible de vous décrire correctement tout ce que j’ai pu ressentir au plus profond de moi. Vous devinez que l’émotion a pris largement le dessus, surtout à cette fameuse ligne d’arrivée.

 Je ne remercierai jamais assez mon ami Maxim Martin pour sa présence indispensable tout au long du parcours. Son rôle effacé mais combien essentiel aura largement contribué à cette réussite que je n’aurais pu imaginer dans mes plus beaux rêves.

 Je suis revenu sur les lieux, il y a quelques jours. J’ai traversé symboliquement cette fameuse ligne. Un beau hasard m’y a conduit. Une amie, Christiane Lemay, une résidente de la vielle capitale, m’accompagnait pour cette circonstance.  Elle n’y était pas cette journée-là d’octobre 2019. Elle ne pouvait recréer dans sa tête ce qui était survenu lors de ce dimanche mais je sentais qu’elle comprenait les sentiments qui me traversaient l’esprit.

 

C'est l'unique objectif qui faut garder en tête présentement  avec toutes les annulations des courses organisées.

 

Avec la pandémie, un silence inquiétant régnait étrangement autour de moi, pratiquement personne dans cette artère pourtant si achalandée habituellement. Quel changement drastique de climat ! Aucune atmosphère comparable à ce que l’on ressent lorsque l’on complète un marathon ne pouvait m’aider à me rappeler solidement ce merveilleux souvenir.

 Vous dire combien je ne me sentais pas bien. Inquiet, je trouvais cette présence traumatisante. Comment le monde a pu changer aussi sévèrement en si peu de temps ? Je n’en croyais pas mes yeux.

 Avec l’annulation de tous les marathons ces jours derniers, je me considérais extrêmement chanceux d’avoir pu réussir à courir ce 100e. Imaginez la déception qui m’aurait envahie s’il avait fallu que je le retarde ! Je préfère ne pas y penser.

 Éberluée devant ma réaction et mes commentaires, Christiane n’arrivait pas à saisir correctement.

 

On se retrouve en 2021 ? Je ne suis pas si certain.

 

Depuis l’apparition de ce virus, vous ne trouvez pas que le comportement des humains se transforme graduellement ? Et ça va continuer. Ce qui m’inquiète est la tangente que le climat prendra au fur et à mesure que les mois et les années suivront.

 La plupart s’accorde pour dire que forcément, le monde ne sera plus jamais pareil. Alors, pourquoi la course à pied reviendrait comme avant ? Comme dans plusieurs autres milieux, j’anticipe des changements majeurs qui viendront perturber la satisfaction et le bonheur que l’on pouvait ressentir par le passé. Pourquoi la course à pied s’en sortirait sans ecchymoses ? Faut quand même ne pas rêver en couleur.

 Pour le moment, les gens espèrent et regardent vers l’avenir. Ils n’ont pas le choix. Je vais vous poser une question bien simple. Il est possible de guérir une blessure, de soulager un malaise, de guérir d’une maladie mais est-t-il possible de faire disparaître une cicatrice ?

                                                                                              

Vraiment, on ignore quand nous pourrons à nouveau poser un tel geste.

 

Oui, on peut faire semblant de ne pas la voir, faire comme si elle n’existait pas. Voilà l’attitude que l’on devra adapter dans l’avenir pour réussir à établir une relance digne d’être qualifiée de respectable.

 Revenir sur cette ligne d’arrivée m’aura au moins permis de lever les yeux vers le ciel pour dire merci.

PS: Un gros merci à Mme Marielle Chicoine pour la confection de mon masque sur la photo titre de ce texte.