C’est non sans un pincement au cœur que le receveur Russell Martin a officialisé la semaine dernière qu’il prenait sa retraite du baseball professionnel.

Il demeure néanmoins qu’il quitte avec le sentiment d’avoir mené une belle carrière et d’avoir su extraire le maximum de ce qu’il pouvait, avec le talent et la détermination qu’il possédait.

« Honnêtement, je me sens plus léger (depuis que l’annonce a été rendue publique). Ça fait plus que deux saisons que je ne joue pas. J’avais ce tracas qui me tournait dans la tête. Quand est-ce que je vais l’annoncer? Comment est-ce que je vais le faire? Je ne suis pas la personne qui aime être sous les projecteurs. Finalement, c’est fait, je peux passer à autre chose et passer du temps avec la famille. Ça fait du bien d’être capable de dire ‘Je passe à un autre chapitre de ma vie’. »

« Ça faisait un moment que cette décision avait été prise, mais j’ai attendu un peu avant de la rendre officielle. La pandémie a joué un rôle là-dedans. Après tout, je n’avais pas joué de match depuis 2019, ou quelque chose comme ça. Je me sentais encore bien physiquement alors je me laissais une porte entrouverte au cas où l’envie me reprendrait. Mais j’approche les 40 ans... Il est temps d’accrocher mes crampons et de passer à autre chose. »

Après la saison 2019, certaines formations avaient démontré de l’intérêt à s’entendre avec Martin. Puis en 2020, lorsque les Dodgers sont entrés en séries, on l’avait appelé pour lui demander s’il était intéressé à être un receveur d’urgence, de voyager avec le club et possiblement mettre la main sur une bague de la Série mondiale. 

« Mais au plan physique et par rapport à la situation liée à la COVID-19, je ne me sentais pas prêt à embarquer dans cette aventure à ce moment précis, en pleines séries », a-t-il résumé.

En 1693 rencontres dans la MLB, Martin aura réussi à se positionner comme receveur régulier de grandes équipes telles que les Yankees de New York et les Dodgers. Il aura également fait vibrer les partisans des Blue Jays de Toronto, de 2015 à 2018. Il a accédé aux éliminatoires avec quatre clubs différents et reçu une invitation à prendre part au Match des étoiles avec trois d’entre elles.

« Je ne peux pas dire que je m’attendais à (atteindre un tel niveau). Mon rêve initial était de me rendre dans les Majeures. Chaque niveau, tu ne sais pas comment la compétition sera un échelon plus haut. La compétition est tellement forte dans les meilleures ligues au monde, que ce soit au niveau scolaire ou professionnel. Chaque fois, tu dois être capable de te démarquer, d’aider ton club à gagner, tout en ayant la chance de rester en santé. Tu dois aussi profiter d’un peu de chance, que ce soit une blessure ou un départ à la retraite par exemple. Il n’y a pas tant de positions libres dans la MLB. Pour moi (à Toronto), lorsque Dioner Navarro s’est blessé, ç’a été ma porte d’entrée. N’eut été de ça, mon parcours aurait pu être totalement différent », a-t-il observé avec sagesse.

Il a su réaliser une impressionnante transition avec le temps, lui qui à la base n’évoluait pas spécifiquement à la position de receveur, du moins pour un long moment. Il misait avant tout sur sa grande polyvalence, et sa passion pour son sport dans son ensemble, pas seulement un créneau bien précis.

« À savoir quand s’est fait cette transition, c’est une bonne question! Quand j’étais jeune, j’ai joué à pratiquement toutes les positions. Je m’amusais et je pratiquais partout. Je n’étais pas juste au arrêt-court, un champ centre ou un lanceur. En même temps, je n’arrivais pas de nulle part parce que j’avais touché à la position de receveur aussi dans ma jeunesse. J’étais fan de plusieurs types de joueurs; j’avais mes préférés comme voltigeurs, sur la butte, derrière le marbre. Mais après ma première saison dans les mineures, en 2002, c’est surtout là que ça s’est passé », s’est-il souvenu.

Et quelle est la source de fierté de Russell Martin à la conclusion de cette carrière de joueur bien remplie?

« C’est une bonne question. Je crois que c’est d’avoir joué en séries avec mes quatre équipes, et d’avoir eu du succès avec autant de lanceurs différents. Je ne reçois pas très bien les compliments, mais quand j’entends un lanceur me dire que j’étais son préféré avec qui travailler, ça me fait chaud au coeur. Plusieurs de mes anciens coéquipiers me le disent. C’est de là que je retire le plus de fierté. »