FAITES VOTRE CLASSEMENT

Au cours de la dernière semaine, la planète basket s’est enflammée et le partisan/descripteur en moi fut tout simplement ravi! À défaut d’avoir eu des matchs en direct à se mettre sous la dent, on a eu droit à un substitut de premier ordre quand les premiers épisodes du documentaire The Last Dance ont été dévoilés à l’échelle planétaire. Les attentes au sujet de cette œuvre mettant en vedette Michael Jordan et les Bulls étaient énormes... probablement exagérées... et malgré tout, le résultat fut tout à fait à la hauteur. Du vrai bonbon!
 

Après avoir regardé ces émissions, impossible pour moi de ne pas relancer le fameux débat : qui sont les meilleurs joueurs de basket de tous les temps? En fait, le public est unanime pour dire que monsieur Jordan se classe premier. C’est après que ça commence à devenir drôlement intéressant. J’ai donc demandé de l’aide à mes amis du RDS.ca pour résoudre la question une fois pour toutes. Ils ont réagi très rapidement pour vous permettre, à tout un chacun, de donner votre avis sur la question via le lien suivant.

Vous avez déjà été très nombreux à vous prononcer, près de 2000 en quelques jours seulement. Une autre preuve que la communauté basket du Québec prend de l’ampleur. De plus, comme vous pouvez le voir, les résultats sont plutôt fascinants.

Commençons par établir un fait de base : il s’agit d’un exercice impossible. Simplement le fait d’établir une liste de 15 finalistes a été particulièrement ardu. Des noms comme David Robinson, Charles Barkley, Jerry West, Scottie Pippen, Oscar Robertson et John Stockton ont ultimement été exclus alors que leur pedigree est ultra solide. De plus, les comparatifs sont essentiellement impossibles d’une génération à une autre. Bonne chance pour vous faire une tête quand vous placez des spécimens comme Bill Russell et Kevin Durant côte à côte avec 50 ans d’écart.

J’ai donc surtout privilégié les aspects suivants :

  • statistiques individuelles
  • exploits collectifs
  • longévité et constance
  • ont-ils révolutionné leur époque ou marqué l’imaginaire du public?

Et ça m’a permis d’arriver à mon top-15 personnel que voici :

15) Dirk Nowitzki 21 saisons – 1 522 matchs – 14 matchs des étoiles – 1 titre

Le géant allemand s’est mérité une place de peine et de misère dans mon top-15. Et pourtant, son influence aura été significative. En faisant la transition de l’Allemagne vers les États-Unis en 1998, avec un succès franc et assez rapide, il aura essentiellement forcé les clubs américains à prendre les espoirs européens plus au sérieux pour la suite. Dirk aura passé toute sa carrière avec les Mavericks, une anomalie dans les années 2000. De plus, il est difficile de contourner le fait qu’il est à ce jour le 6e meilleur pointeur de l’histoire du circuit, tout juste derrière un certain MJ.

14) Stephen Curry 11e saison en cours – 699 matchs – 2 fois joueur le plus utile – 3 titres

Comment ai-je eu l’audace de placer Curry devant Nowitzki alors que le meneur des Warriors a disputé deux fois moins de matchs? De un, les deux titres de joueur le plus utile. De deux, le succès collectif qu’il a engendré à Golden State depuis 2015 avec cinq présences d’affilée en finale et trois championnats. Et de trois, il est déjà considéré comme le meilleur franc-tireur de l’histoire de la NBA, peu importe l’unité de mesure utilisée. Steph n’étant âgé que de 32 ans, on se reparlera dans cinq ans pour déterminer si sa position dans ce palmarès méritera (fort probablement) d’être révisée à la hausse. 

13) Julius Erving 5 saisons ABA et 11 NBA – 1 243 matchs – élu à chaque match des étoiles – 1 titre

Dr J ne reçoit pas toujours suffisamment de crédit historique selon moi. Il est primordial de ne pas oublier deux faits importants dans son cas. D’abord, il a amorcé sa carrière dans la défunte ABA où il a roulé sa bosse pendant cinq saisons. Quand on combine ses points ABA et NBA, il se classe soudainement au 8e rang de l’histoire. De plus, le bon docteur aura été le premier athlète à fouler les parquets professionnels avec la faculté de faire rêver le partisan typique. Jusqu’à son émergence, les dunks n’étaient même pas permis dans la NBA. Il a donc forcé le sport à graduer vers la forme moderne que l’on adore aujourd’hui. Il mérite beaucoup de reconnaissance pour ce simple fait à mes yeux.

12) Karl Malone 19 saisons – 1 476 matchs – 2 fois joueur le plus utile – aucun titre

Je ne suis pas le plus grand fan de Karl Malone. Il avait beau être bâti comme une armoire à glace, son style de jeu n’était ni flamboyant ni très inspirant. Mais l’ensemble de son œuvre demeure, à ce jour, impossible à nier. En 18 saisons avec le Jazz, il a raté un grand total de 10 matchs... 10 matchs en 18 ans! Kawhi Leonard en rate généralement 10 en deux mois de nos jours! Non seulement Le Mailman agissait-il comme homme de fer incontesté, mais il produisait année après année. Dans l’histoire de la ligue, un seul joueur a amassé plus de points que lui : Kareem. Un petit championnat acquis face aux Bulls aurait aidé à lui faire gravir quelques échelons. Aucun doute là-dessus.

11) Hakeem Olajuwon    18 saisons – 1 238 matchs – 2 titres – 2 fois joueur le plus utile de la finale

Olajuwon et Malone présentent des parcours très semblables à un niveau : ils ont tous les deux disputés près de 20 ans avec le même club, avant de disputer une dernière saison qu’on préférerait oublier dans un uniforme étrange. Malone avec les Lakers, Olajuwon avec les Raptors. Mais les comparaisons entre les deux s’arrêtent là. Alors que Malone se mérita un surnom tout à fait beige (le facteur) qui le représentait très bien, le sobriquet d’Hakeem était tout le contraire (The dream... le rêve). Il nous faisait effectivement rêver quand on le voyait en action. Jamais n’avait-on pu admirer de telles feintes venant d’un mastodonte de 7 pieds, 255 livres. Il a été sélectionné deux rangs devant Michael Jordan à l’encan de 1984 et les Rockets ne l’ont jamais vraiment regretté. Ça en dit long sur son héritage.

10) Shaquille O’Neal 19 saisons – 1 207 matchs – 4 titres - 3 fois joueur le plus utile de la finale

J’aurais préféré que Shaq se promène un peu moins durant sa carrière. Une légende qui porte six uniformes différents, ça me titille un peu et ça le différencie des 14 autres finalistes dans cet article. Mais est-ce ça devrait affecter le portait final que je me fais de lui? Probablement pas. Il a été le centre le plus dominant, le plus physiquement imposant de sa génération. Quand il décidait de se rendre au panier, personne ne pouvait l’arrêter et aucun anneau n’était en sécurité. Sans oublier qu’il levait son niveau de jeu d’un cran additionnel quand il atteignait la grande finale.

9) Tim Duncan  19 saisons – 1 392 matchs - 5 titres - 3 fois joueur le plus utile de la finale

Duncan est un croisement quasi-parfait entre les forces respectives de Malone et Shaq. Du Mailman, il a volé la loyauté à un club, la fiabilité et l’aspect peu flamboyant. Et de Shaq, il a pris la productivité et le succès collectif. 5 titres remportés, espacés sur 15 saisons, c’est franchement louable. Si ce n’était du brio répété de cet homme, on ne parlerait pas aujourd’hui de la dynastie des Spurs dans les mêmes termes.

8) Larry Bird  13 saisons - 897 matchs – 3 fois joueur plus utile de la ligue – 3 titres

Celui qui a été rebaptisé Larry Legend a gradué chez les pros en 1979 à un moment où la NBA souffrait intensément. La ligue se cherchait une identité et surtout, des joueurs vedettes. Lui et son grand ami Magic ont alors joué les sauveurs à plusieurs niveaux et ils méritent toute notre admiration. Bird était talentueux, confiant et voulait gagner à tout prix. Ce qui l’a fait glisser de quelques rangs dans ce palmarès, c’est sa longévité. Avec seulement 897 matchs sur son CV, on ne peut pas le faire grimper davantage. Imaginez d’abord ce qui serait arrivé si son dos était resté en santé. Imaginez ensuite de quoi auraient eu l’air ses chiffres si sa carrière avait débuté 20 ans plus tard. Avec une ligue au style de jeu moins physique et plus ouvert, sans négliger les trois points qui auraient coulé à flots, son héritage aurait été encore plus dévastateur.

7) Magic Johnson 13 saisons – 906 matchs - 3 fois joueur plus utile de la ligue – 5 titres

Magic et Larry... Larry et Magic... il aura toujours été impossible de les dissocier ces deux-là. Et c’est d’autant plus vrai et troublant quand on examine leurs arcs respectifs de carrière. Année devenu pro, le nombre de saisons, les matchs joués, le magnétisme, les problèmes de santé et le succès collectif. Tout y était. Et tout comme Bird, Magic a été un des premiers joueurs à démontrer qu’un basketteur de 6 pieds 9 pouces ne devait pas nécessairement se placer près du panier et attendre son tour. Que c’était possible pour ce type de joueur d’agir comme chef d’orchestre, de prendre charge du ballon et de dominer l’action d’une myriade de façons. Pour moi, Johnson mérite sa place tout juste devant Bird en raison de ses deux trophées additionnels remportés avec les Lakers.

6) Wilt Chamberlain 14 saisons – 1 045 matchs – 4 fois joueur plus utile de la ligue – 2 titres

Wilt Chamberlain a commencé sa carrière pro, incroyable mais vrai, avec les Harlem Globetrotters en 1958. Un an plus tard, il arrivait enfin dans la NBA. À 7 pieds 1 pouce, 255 livres, jamais n’avait-on vu une pièce d’homme pareille dans le circuit. Être grand et costaud, c’est bien beau. Mais Le Big Dipper, c’était bien plus que ça. Il sautait haut et possédait un jeu de pieds exemplaire. C’était Shaq 30 ans avant Shaq, à une époque où presque personne ne lui arrivait à la cheville. Il a marqué 100 points dans un même match en 1962. Une marque qui ne sera assurément jamais égalée. Et ses moyennes en carrière sont tout simplement hallucinantes : 30 points et 23 rebonds par rencontre!

5) Kobe Bryant  20 saisons – 1 346 matchs - 5 titres - 2 fois joueur le plus utile de la finale

Au début de ce processus, ce sont les positions 5 et 4 de ce classement qui m’embêtaient le plus. Et honnêtement, les rangs 4 à 10 de mon palmarès sont essentiellement interchangeables. L’argument utilisé pour départager un joueur d’un autre peut généralement être contré par un autre argument ou une différente statistique. Dans le cas de Kobe, on peut aisément aller dans les deux sens. Une partie de moi se dit que son décès tragique il y a quelques mois biaise possiblement notre opinion globale de lui. Qu’il « mangeait » un peu trop le ballon, détient seulement un trophée de joueur par excellence (MVP) et n’était pas toujours le meilleur leader. Mais en fin de compte, j’ai décidé de le faire passer devant Bird, Magic et Wilt pour les raisons suivantes : il a inspiré une génération de joueurs, il n’avait pas peur des moments importants, il a joué 20 saisons avec la même équipe et a remporté 5 titres en 10 ans avec l’organisation la plus mythique des 50 dernières années. Impossible à nier.

4) Bill Russell  13 saisons – 963 matchs - 5 fois joueur le plus utile de la ligue – 11 titres

J’en suis conscient... le rang que j’attribue ici à Bill Russell ne fera pas l’unanimité, loin de là. Je le constate dans vos votes sur le RDS.ca alors que vous lui avez attribué collectivement votre 10e rang (alors que Kobe était 3e). C’est normal. Bill Russell a joué de 1956 à 1969 et personne d’entre nous ne l’a vu jouer. Son style de jeu est essentiellement impossible à comparer à la majorité de ses successeurs. Mais permettez-moi de vous expliquer pourquoi il mérite le 4e rang dans ma tête. Il a remporté 11 championnats en 13 saisons avec les Celtics. Un record de titres absolu de la NBA que seul le grand Henri Richard aura réussi à accoter dans l’histoire du sport professionnel nord-américain. Seulement deux fois a-t-il dû s’avouer vaincu en séries en carrière. Du jamais vu. Une présence immuable près de l’anneau. Sa moyenne de 22,5 rebonds (!!!) par match en carrière dépasse l’entendement, quand on constate qu’il mesurait trois pouces de moins que son rival éternel, Wilt Chamberlain. Il arriva tout de même à ralentir et à vaincre le grand Wilt tout au long des années 60. Un des plus grands leaders de tous les temps.

3) Kareem Abdul-Jabbar 20 saisons – 1 560 matchs - 6 fois joueur le plus utile de la ligue – 6 titres

Dès ses années universitaires avec UCLA, avant même qu’il ne change son nom de Lew Alcindor à Kareem Abdul-Jabbar, le public avait compris que l’excellence allait suivre ce jeune homme pendant toute sa carrière. 3 titres NCAA, 6 titres pro. Un centre dominant qui répondait toujours présent. Kareem aura su refouler les critiques et garder une santé inespérée pour un basketteur de 7 pieds 2 pouces. Son sky hook est devenu une des armes les plus fatales de l’histoire du circuit. À ce jour, il se classe tout premier au chapitre des points et troisième au chapitre des rebonds et des blocs dans le livre des records de la NBA.

2) LeBron James 17e saison en cours – 1 258 matchs - 4 fois joueur le plus utile de la ligue – 3 titres

LeBron James est incontestablement l’athlète le plus unique de sa génération. Un homme de fer des temps modernes qui continue de faire partie de la crème du circuit même s’il est âgé de 35 ans, avec près de 60 000 (!!!) minutes passées sur le terrain, en combinant la saison régulière et les séries. C’est hallucinant. Vous l’avez aisément classé deuxième sur le RDS.ca, et je me dois d’être d’accord avec vous. Il n’a raté qu’une centaine de matchs en carrière, haussant son niveau de jeu année après année. Il a participé à 8 finales consécutives. Les attentes à son sujet étaient impassiblement élevées avant même son arrivée chez les pros et il aura trouvé le moyen de les fracasser quand même. S’il arrive à remporter deux autres titres avant de tirer sa révérence, il faudra probablement rouvrir le débat pour le tout premier rang détenu par...

1) Michael Jordan 15 saisons – 1 072 matchs - 4 fois joueur le plus utile de la ligue – 6 titres

Pour l’instant, ça demeure sans équivoque. MJ mérite de trôner au sommet de l’histoire de la NBA. Pour son flair, son charisme, son niveau d’athlétisme inégalé, son influence planétaire. Et j’en passe. La stat qui revient toujours au premier plan quand on le compare au King : MJ a présenté une fiche impeccable de 6-0 en grande finale. LeBron : 3-5. Sans vouloir banaliser le débat, ce sont des chiffres qu’on ne peut pas contourner. Imaginez les sommets qu’il aurait potentiellement atteints si l’état-major des Bulls n’avait pas tout bousillé après la saison 1997-1998!