QUÉBEC – David Lemieux n’a pas fermé l’œil de la nuit pour y parvenir, mais malgré tous ses efforts, il n’a pas été en mesure de respecter la limite de 160 livres à la veille de son combat contre Karim Achour qui sera néanmoins présenté samedi soir au Centre Vidéotron de Québec.

Les joues creuses, le teint verdâtre et le regard vide, l’ancien champion du monde des moyens a affiché un poids de 162 livres à la pesée, vendredi midi. Et après avoir brièvement considéré la possibilité de perdre ces deux livres supplémentaires en deux heures, il y a finalement renoncé.
 

Résultats des courses : Lemieux (38-4, 33 K.-O.) ne pourra pas mettre le grappin sur les ceintures internationale et francophone des moyens du WBC d’Achour (26-4-3, 4 K.-O.) s’il l’emporte demain soir. Il verra également sa bourse amputée de 20 pour cent pour être remise au Français d’origine algérienne, qui a été dans les règles en faisant osciller le pèse-personne à 159 livres.

« J’aurais été fâché s’il n’avait pas fait tout ce qu’il fallait faire pour arriver à 160 livres, mais il avait vraiment de la difficulté à y arriver, a lâché le promoteur Camille Estephan en cherchant ses mots. Nous pensions être capables de contrôler ça de diverses façons, mais depuis le début de la dernière semaine, son poids n’était pas du tout où nous le voulions. C’est très, très dur. »

Contrairement à James De La Rosa en mars 2016, le clan Achour n’a jamais laissé entendre qu’il avait l’intention de ne pas participer au duel de samedi. Le gérant Mehdi Lafifi a mentionné que son devoir était simplement de s’assurer que les droits de son boxeur seront bien respectés.
 

« Nous connaissions les difficultés de David à faire le poids, mais nous n’avons quand même pas traversé l’Atlantique pour ne pas combattre, a dit Lafifi. [Toute cette histoire] est probablement à notre avantage parce que Karim se sent plus fort qu’il ne l’était déjà. Il aura un petit ascendant psychologique non négligeable, mais ça se jouera sur les qualités physiques et techniques. »

Plus significativement encore, tout indique que Lemieux peut maintenant oublier une revanche contre le champion unifié de la division Gennady Golovkin ou encore une lucrative rencontre au sommet avec Saul « Canelo » Alvarez, car son promoteur ne veut plus le voir souffrir à ce point.

« Je suis inquiet parce que j’ai vraiment des doutes qu’il pourra faire les prochains combats dans la division des 160 livres, a expliqué Estephan. Après avoir vu ce que j’ai vu cette semaine pour la perte de poids, j’ai peur pour sa santé et je ne veux pas compromettre sa santé. Il va falloir que nous refassions le plan de match afin qu’il monte chez les super-moyens à 168 livres. »

Depuis Golovkin

Ce n’est pas la première fois que Lemieux éprouve des problèmes à la pesée, problèmes qui remonteraient à son combat contre Golovkin. La veille de son duel d’unification présenté en octobre 2015 à New York, Lemieux avait dû se dévêtir pour respecter la limite de 160 livres.

Sa sortie suivante face à De La Rosa avait été annulée après que Lemieux eut dépassé la limite de 163 livres. Le Texan avait ensuite exigé plus que le 20 pour cent de la bourse de Lemieux auquel il avait droit et avait finalement refusé de monter dans le ring avec le boxeur québécois.

En vue de ce premier choc après sa défaite devant Golovkin, Lemieux avait fait appel aux services du préparateur physique Jean-François Gaudreau, dont l’expertise est reconnue par plusieurs boxeurs et combattants d’arts martiaux mixtes depuis longtemps. Mais Lemieux avait complètement raté la cible et Gaudreau avait ensuite été tenu pour responsable de ce fiasco.

Gaudreau avait été embauché pour que le cogneur n’ait plus à souffrir pendant ses coupes de poids d’avant-combat et l’entraîneur Marc Ramsay était revenu à ses anciennes méthodes avant le duel contre Glen Tapia en mai 2016. Pour trois combats – Tapia, Cristian Fabian Rios et Curtis Stevens – les limites de 160, 165 et 160 livres avaient ainsi été très aisément respectées.

Mais pour les deux derniers face à Marco Reyes et Billy Joe Saunders, le Québécois a dû retirer ses sous-vêtements chaque fois pour atteindre le nombre magique de 163 et 160 livres. Il semble maintenant acquis que la nouvelle limite à ne pas dépasser sera de 168 livres à l’avenir.