Gvozdyk peut-il contenir la puissance de Stevenson?
Boxe vendredi, 30 nov. 2018. 11:48 vendredi, 30 nov. 2018. 16:07QUÉBEC – La puissance d’Adonis Stevenson contre la science de la boxe d’Oleksandr Gvozdyk. La table est mise pour la dixième défense du titre des poids mi-lourds du WBC que le Québécois effectuera samedi soir au Centre Vidéotron lors du gala « Obligatoire » de Groupe Yvon Michel.
Après que Stevenson (29-1-1, 24 K.-O.) et Gvozdyk (15-0, 12 K.-O.) eurent affiché des poids de 174,2 et 174,6 livres à la pesée tenue vendredi midi, les deux boxeurs se sont adonnés à un face-à-face sans histoire, mais à la veille de l’affrontement, une question demeure : qui l’emportera?
« Le grand point d’interrogation, c’est la capacité de Gvozdyk de prendre le coup de poing de Stevenson, a analysé l’ancien entraîneur des ex-champions du monde Éric Lucas, Leonard Dorin et Lucian Bute, Stéphan Larouche. Gvozdyk est allé au tapis contre un gaucher qui n’était pas le plus grand des cogneurs – Tommy Karpency –, mais il a fini par trouver le moyen de gagner. »
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« Personne ne sait comment les gens qui affrontent Adonis vont réagir, a ajouté l’entraîneur de Sébastien Bouchard, François Duguay. Gvozdyk fait beaucoup de mouvements avec la tête, pas de grands mouvements, mais suffisamment pour faire manquer [la cible] à ses adversaires. Il va falloir qu’Adonis soit patient, mais pas trop, puisque Gvozdyk peut lancer beaucoup de coups. »
« Après avoir vécu son combat contre Badou Jack de très près, je sais comment Adonis peut être dangereux, a renchéri le cuttman de renommée mondiale Russ Anber. Gvozdyk devra penser à cette force de frappe pendant les douze rounds. Et c’est ce qui rend ce combat et tous les autres d’Adonis très intéressants. En quarante ans, je n’ai jamais vu une force de frappe de même! »
« Gvozdyk est techniquement très bien, mais il possède une bonne main droite avec beaucoup de puissance. Je le comparerais à Ismail Sillahk, a nuancé l’entraîneur des champions du monde Artur Beterbiev et Eleider Alvarez, Marc Ramsay. Si Gvozdyk est en mesure de passer quatre ou cinq rounds sans se faire mal, ses chances de victoires sont très bonnes. Va-t-il réussir? Non! »
Même s’il s’est dit particulièrement affaibli par le virus de la grippe à sa dernière sortie contre Badou Jack en mai à Toronto, Stevenson a néanmoins démontré des signes de ralentissement aux yeux de plusieurs. Mais les entraîneurs interrogés par RDS.ca réfutent ce sombre constat.
« C’est tellement facile à dire à cause qu’il est âgé de 41 ans, a lancé Anber. Adonis, c’est une voiture de sport qui n’a pas beaucoup de millage. Il n’est pas usé, parce qu’il est toujours en forme. Ça semble difficile de lui donner du mérite! C’est comme lorsqu’une équipe vient battre les Canadiens au Centre Bell. On blâme Stevenson pour son dernier duel, mais Jack a été bon! »
« Il n’a pas beaucoup de combats dans les rangs amateurs et il n’a pas été vraiment impliqué dans de grosses guerres chez les professionnels, a continué Ramsay. Adonis a évidemment des défauts, mais il a aussi de grandes qualités qui lui ont permis d’être toujours champion. George Foreman a été en mesure d’étirer sa carrière avec sa puissance et c’est ce qu’Adonis a fait. »
Médaillé de bronze du tournoi des mi-lourds des Jeux olympiques de Londres en 2012, Gvozdyk est assurément l’adversaire le mieux outillé que Stevenson aura affronté depuis le commencent de son règne en juin 2013. Il est fort peu probable qu’il s’écroule sous la pression du moment.
« Gvozdyk fait partie d’une équipe de gagnants, a expliqué Larouche. Avec [ses compatriotes] Vasiliy Lomachenko et Oleksandr Usyk, il a fait face à beaucoup de défis. Quand tu te bats pour une médaille aux Jeux olympiques chez les amateurs, c’est aussi gros qu’un championnat du monde chez les professionnels. Il a grandi dans cet environnement-là et il a eu bien du succès. »
« Une grande carrière dans les rangs amateurs ne garantit pas un championnat du monde, mais ça te permet d’être capable de gérer la pression dans les grands moments, a ajouté Anber. Chez les amateurs, tu ne choisis pas tes adversaires. Des fois, tu en affrontes des bons et il faut savoir dealer avec ça. Il ne vivra pas quelque chose de nouveau, sauf qu’il va devoir être très alerte. »
« C’est certain que l’environnement dans lequel a baigné Gvozdyk dans les rangs amateurs a été très positif, a continué Ramsay. Je crois beaucoup à ce genre de choses là, parce que j’ai souvent vu au fil du temps des boxeurs qui étaient timides dans le ring devenir des gagnants parce qu’ils en côtoyaient d’autres. Ils ne faisaient pas que les imiter un temps, ils le devenaient pour vrai! »
Pour Dicaire, « le travail a été fait »
En plus de Stevenson qui défendra sa ceinture, Marie-Ève Dicaire aura l’occasion de mettre la main sur celle des super-mi-moyennes de l’IBF, alors qu’elle se mesurera à sa détentrice Chris Namus. Les deux boxeuses ont fait osciller le pèse-personne à 152,2 et 152 lb respectivement.
« La préparation a été impeccable. C’est sûr que dans les camps d’entraînement, il y a des hauts et des bas, mais les bas me permettent d’apprécier l’état dans lequel je suis aujourd’hui, parce que je suis dangereusement en forme, a déclaré l’athlète de Saint-Eustache. Je n’aurais pas pu en faire plus. J’arrive dans ce combat-là et je vis chaque instant parce que le travail a été fait.
« Avec mon psychologue sportif, j’aime effectuer des virages à 180 degrés et regarder où j’en étais. Si je regarde l’année dernière, je boxais au Casino de Montréal et j’étais dans mon petit appartement. Cette semaine, j’étais dans un bain-tourbillon et vais boxer au Centre Vidéotron! »
Fait inhabituel, le premier combat sera présenté samedi à compter de 17 h et celui de Stevenson à 20 h pour satisfaire aux exigences de la télévision américaine. Dicaire (13-0) et Namus (24-4, 8 K.-O.) devraient quant à elles en venir aux coups aux environs de 22 h. Si jamais les duels tenus précédemment trainaient en longueur, le choc de Sébastien Bouchard serait présenté après.