CITTÀ SANT'ANGELO, Italie – Tout va mal dans le Giro pour Chris Froome, le Britannique quadruple vainqueur du Tour qui se situe après neuf étapes à près de deux minutes et demie de son compatriote Simon Yates, porteur du maillot rose de meneur.

Tout va bien, en revanche, pour Yates, qui s'est reposé lundi du côté de Pescara sur la côte adriatique, tout comme pour Thibaut Pinot (4e), en embuscade au classement derrière le vainqueur sortant, le Néerlandais Tom Dumoulin.

Froome est-il déjà condamné?

À l'exploit, répondent les réalistes. Le Britannique a enchaîné les contrariétés depuis la première journée du Giro qui avait commencé pour lui de la pire des façons, par une chute à l'entraînement dans les rues de Jérusalem. À moins de croire au miracle, la situation paraît très compromise pour le meneur de l'équipe Sky, qui n'est encore jamais apparu à son meilleur niveau depuis le début de la saison.

Ses deux chutes sont-elles dues à un défaut de concentration, à une préoccupation liée à la procédure en cours pour le contrôle antidopage « anormal » de la Vuelta? Consciemment ou non, le Britannique est-il toujours dans la course? Ses adversaires, prudents, répondent par l'affirmative. À l'instar des sites de paris qui le proposent toujours parmi les favoris (mais derrière Dumoulin, Yates et Pinot). Son directeur sportif Nicolas Portal se veut optimiste : « On va continuer à se battre ».

Quel est son état d'esprit?

Le Britannique a cherché à calmer le jeu, lundi, alors que la presse italienne commence à s'interroger sur un possible abandon : « J'ai commencé la course dans l'idée de faire le Giro et le Tour. Il n'a jamais été dans mes intentions d'arriver au top de ma forme dès le début du Giro. On l'a vu dans le passé, les coureurs qui ont fait ça n'ont plus rien dans les jambes au mois de juillet. »

Selon Froome, le problème est venu de ses chutes, avant le contre-la-montre d'ouverture puis dans la 8e étape menant à Montevergine. « C'est comme ça, c'est la nature du cyclisme », a-t-il soupiré en assurant « apprécier vraiment » la course.

Le vainqueur en titre du Tour et de la Vuelta ne peut que constater la supériorité actuelle de l'équipe Mitchelton à travers les deux premiers du classement, Simon Yates et le Colombien Esteban Chaves. « C'est super de voir un autre Britannique avoir le maillot du meneur. Je suis vraiment heureux pour Simon », a déclaré Froome. « Ce qu'il a été capable de faire jusqu'à présent est un vrai exploit et il semble bien faire face à la pression. »

La riposte est-elle au programme? « Je vais essayer de lui donner du fil à retordre dans la seconde moitié de la course », a affirmé la tête d'affiche du Giro, qui partage les mêmes intérêts avec champion d'Italie Fabio Aru, lui aussi débordé dans les premiers rendez-vous.

Beppe Saronni, le patron de l'équipe du Sarde (Emirats), l'a reconnu : « Les deux ont le même objectif : essayer de remonter la pente. C'est une opportunité à exploiter. » En ajoutant sous forme d'avertissement : « Yates et Chaves sont les grands dominateurs de ce début de Giro. Mais tout peut changer dans la troisième semaine. »