Simone Boilard 2.0 - Qui est-ce?
En forme jeudi, 19 sept. 2019. 10:38 lundi, 3 mars 2025. 00:55
Simone Boilard, athlète en cyclisme sur route, est un nom maintenant connu à l’échelle internationale. Elle est une coureuse cycliste complète. Elle a tous les atouts pour performer dans sa discipline. Rare sont les athlètes comme elle. Grimpeuse, sprinteuse, rouleuse, rien n’est à son épreuve. Que ce soit en contre-la-montre individuel ou bien sur une course sur route, elle performe. En plus d’avoir toutes ces qualités, elle est intelligente et stratégique dans sa façon de compétitionner. C’est une chose d’avoir ce talent, mais Simone fait parti des grands du sport. Pourquoi? Parce qu’elle est capable de livrer quand ça compte le plus, lorsque la pression est à son comble, quand tout le monde regarde, quand tout le monde scrute. Simone, elle livre et performe. Seuls les grands peuvent le faire. Quand ça compte le plus, c’est là qu’elle se démarque. Médaillée de bronze à la course sur route et 5e au contre-la-montre des championnats du monde en 2018, Simone Boilard a écrit l’histoire.
D’aussi loin que je me souvienne, je fais du vélo. J’ai consacré tous mes étés à la compétition. Le vélo c’est ma passion, ça réuni ma famille. Ça a toujours été des moments privilégiés pour nous tous. Année après année, je me suis constamment améliorée. Jusqu’au jour où j’ai commencé à y penser. À le visualiser. À l’intégrer. Pendant plusieurs années, j’ai eu comme objectif d’être championne du monde. De porter le maillot arc-en-ciel. J’y croyais. J’avais cette image dans ma tête. C’était mon objectif.
L’histoire, vous la connaissez. À 18 ans, je suis devenue la première Canadienne d’âge junior à monter sur le podium depuis Clare Hall-Patch en 2000. C’était euphorique. Cette expérience restera à tout jamais quelque chose d’extrêmement enrichissant pour moi. J’ai appris comment réaliser un objectif. À tous les jours, c’était dans le creux de ma tête et quand j’avais des journées d’entrainement plus difficiles, je me poussais quand même. Je savais que c’était possible et ça s’est produit. Médaillée, applaudie, louangée, je suis devenue la révélation, le futur et l’enfant prodige. Quelle était la suite pour moi? J’était déjà prête à me lancer vers mon prochain objectif. Celui de devenir une cycliste professionnelle.
Ce nouveau défi de devenir professionnelle, c’était bien, c’était beau, c’était grand. C’était la suite. La suite de quelque chose de grandiose. C’était quelque chose qui n’était pas aussi concret, pas aussi déterminant et c’était réellement très différent que de devenir championne du monde. J’ai réalisé que c’était une bien grosse étape de devenir pro. Un an plus tard, je suis capable de le dire et de l’expliquer. J’ai sous-estimé l’impact que les mondiaux ont eu sur moi, mais à ce moment, je ne le savais pas encore. J’ai donc signé mon premier contrat professionnel avec l’équipe Twenty 20 http://www.teamtwenty20.com/. C’était un rêve, j’étais heureuse et motivée. Jusque-là, tout allait bien. Je me sentais choyée de côtoyer des Olympiennes avec autant d’expérience. J’étais la plus jeune de l’équipe. C’était un privilège. Malheureusement, bien malgré moi, je me suis perdue dans tout ça. Je ne savais plus quelle était ma mission.
C’était insoutenable. Mon mal de dos m’empêchait de respirer et d’être en position de vélo. Ça m’a découragé. J’ai décidé de revenir à la maison pour régler ce problème. C’était difficile. De retour à la maison, je n’avais plus de motivation. Je n’avais plus d’énergie. Je n’avais plus envie de voir mes amis. Du jour au lendemain, mon corps ne répondait plus. Je n’arrivais plus à forcer sur mon vélo. J’avais de la misère à me lever le matin pour faire ma journée. Faire de la compétition était rendu impensable. Je suis allée voir le médecin à Québec et on m’a dit de prendre un mois complet de repos. Je savais que c’était le mois le plus important de ma saison que je m’apprêtais à manquer. Celui où les résultats comptaient le plus. Voilà que d’un coup sec, tout tombait à l’eau.
J’ai commencé par prendre deux semaines de repos. C’est là que les symptômes de dépression sont apparus. En étant arrêtée, je n’avais plus l’adrénaline de la compétition ou encore les bienfaits de l’entrainement. Face à mon équipe, je me sentais lâche de les abandonner et de leur dire que je devais prendre une pause. Je voulais revenir rapidement. Après ces deux semaines, j’ai recommencé tranquillement, mais je savais que je m’en allais dans la direction opposée.
Ça me fait plaisir aujourd’hui de partager ce que j’ai vécu. J’ai décidé de me retirer de la compétition pour la saison 2019 et cette décision m’a permis de réfléchir et d’analyser ma situation. J’ai changé des aspects de ma vie que j’avais négligé. Je suis retournée à l’école près de chez moi au lieu de le faire à distance. C’était difficile de tout apprendre par moi-même. Pour la première fois de ma vie, je n’ai pas fait de compétition pendant l’été. J’ai trouvé un équilibre. Mon équilibre.
En ce moment, j’ai une petite routine d’entrainement et je marche pour aller à l’école. Je vois mes amis, j’étudie et de semaine en semaine, on monte légèrement la charge d’entrainement. J’ai eu plein de belles activités et d’aventures en famille, ça été vraiment cool! Ma famille a été là pour moi pendant tout ce processus. Alors que mon copain Nickolas Zukowsky a vécu sa plus belle saison de compétition à vie, il m’a apporté beaucoup de support. Mon équipe Twenty 20 est restée avec moi, ils vont continuer de me soutenir la saison prochaine. Ils m’appuient dans ma démarche. Ils prennent de mes nouvelles. B2dix me fournit de précieux outils également. Cette équipe autour de moi m’aide à me reconstruire. Tous ces gens ont continué d’y croire, même si moi je n’y croyais plus.
Quand je pensais à ma médaille de bronze, je voyais une opportunité de victoire manquée. Aujourd’hui, Simone 2.0 a une vision différente. Maintenant, je le vois comme un apprentissage et non comme quelque chose que je n’ai pas accompli. Cet été, j’ai eu beaucoup de victoires personnelles et j’ai grandi mentalement. La Simone 2.0 est plus mature, plus heureuse. Je sais que ce que j’ai vécu se tournera en positif. Je pourrai toujours aller me référer à cette expérience de vie. Ça va me servir. Juste de retomber dans un contexte de compétition et de performance dans le futur, vaudrait encore plus qu’une médaille. Ce serait ma plus grande fierté. La suite, je ne la connais pas, mais je sais que ça va être beau!